« C’est une trahison » : dans cette école de Concarneau, les parents sous le choc de la fermeture (OF.fr-23/06/25)

Les parents d’élèves de l’école de Kerandon se sentent « trahis » par la municipalité après l’annonce de la fermeture. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Les parents d’élèves de l’école de Kerandon, à Concarneau (Finistère), sont sidérés par l’annonce de la fermeture de l’établissement dans un an. Ils l’ont appris dans la presse, alors qu’ils demandaient depuis deux ans des informations à la mairie.

Par Charlotte HEYMELOT.

L’après-midi aurait dû être belle. Une joyeuse journée de kermesse, à l’école de Kerandon, à Concarneau (Finistère), que l’association des parents d’élèves préparait de longue date. Mais la fête a été gâchée, samedi 21 juin 2025.

Le matin même, la municipalité a annoncé la fermeture de l’école, dans un an. « On l’a appris par la presse », raconte Aïcha, venue chercher ses enfants lundi après-midi. Choquée, la mère de famille ne décolère pas. « Ça fait deux ans qu’on avait été informés par des sources sûres que l’école allait fermer. On a demandé à de nombreuses reprises ce qu’il en était à la mairie, ils ont toujours nié. »

« Ils ont voulu nous faire taire »

Jusqu’en mars dernier, où le maire en personne serait venu à un conseil d’école pour « mettre fin aux rumeurs ». « Il nous a dit qu’il ne fallait pas écouter tous les on-dit, et nous a fait passer pour des menteuses », assure Adeline, elle aussi déléguée des parents d’élèves.

« De l’argent, il y en avait bien pour le stade de foot. Mais quelle est la volonté de la Ville pour sa jeunesse ? », s’agace Aurore, une autre membre de l’association des parents d’élèves, qui rappelle que Kerandon n’est pas la seule école concarnoise en mauvais état.

« Kerandon stigmatisé »

Outre la « violence » avec laquelle ils ont appris la fermeture, les parents déplorent aussi l’absence de proposition alternative. « On aurait pu mettre d’autres préfabriqués, le temps de faire des travaux », propose Aïcha. « Ou même déménager les enfants dans d’autres écoles, mais de manière provisoire », suggère Adeline.

« En fait, ils ont opté pour la facilité : tout raser, et fermer l’école », pointe Raphaël. L’absence totale de concertation est vécue « comme une trahison », qui va selon eux pénaliser de nombreux parents. « Comment vont faire ceux qui n’ont pas le permis ou pas de voiture ? » Les enfants, eux, « vont devoir quitter leurs copains », et cette école chère au cœur de tous ceux qui y sont passés.

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« Ici, les équipes s’adaptent à chaque enfant. Elles sont hyper investies et dévouées, on ne retrouve pas ça partout », assurent, unanimes, les parents interrogés. En perdant son école, c’est le quartier tout entier qui va être impacté. « Déjà qu’il est stigmatisé… Quand on s’est installés il y a trois ans, on nous l’avait déconseillé, raconte Raphaël. On a dû déménager au centre-ville pour d’autres raisons, mais on a tenu à laisser nos enfants à l’école ici. »

L’argument de la baisse d’effectifs avancé par la municipalité (70 enfants actuellement, NDLR) est, lui aussi, balayé. « S’il y a moins d’enfants, c’est parce que les parents s’inquiètent de l’incertitude, et de l’état de l’école », estime Aurore. Comme elle, d’autres parents craignent les répercussions immédiates de l’annonce. Et se préparent au pire. « Ils sont capables de la fermer dès septembre… »

Entre colère et tristesse, plusieurs projettent de mener des actions de protestation. « Peut-être qu’on ne pourra pas la sauver, mais au moins, on aura essayé. »

« Cette école, c’est la vie de Kerandon »

« Aujourd’hui, je pleure pour l’école de Kerandon. J’avais 24 ans lorsque je suis venue vivre dans ce quartier. Mon fils est allé dans cette école à l’âge de 4 ans, et il y est resté jusqu’au CM2 suivi de ses sœurs et de son frère. On y a trouvé un très bon directeur, de très bons maîtres et maîtresses.

C’était l’école du quartier. Que c’était agréable d’entendre les rires et les cris des enfants. Mes enfants aimaient y aller retrouver leurs copains leurs copines.

Quelques années plus tard, il y avait déjà moins d’élèves mais ça restait notre école et on l’aimait. Puis mes deux petites filles ont pris la relève : elles sont encore dans cette école qu’elles aiment. Cette école, c’est la vie de Kerandon. Tout ne peut pas se terminer comme ça : c’est trop dur et trop triste. »

Ce témoignage a été publié sur les réseaux sociaux par une « mamie discrète », qui tenait à exprimer « sa colère et sa tristesse ».

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/cest-une-trahison-dans-cette-ecole-de-concarneau-les-parents-sous-le-choc-de-la-fermeture-d306548c-5044-11f0-8eae-d079c596ca40

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/cest-une-trahison-dans-cette-ecole-de-concarneau-les-parents-sous-le-choc-de-la-fermeture-of-fr-23-06-25/



















































































Comment, en trois mois, la municipalité a-t-elle pu entériner une fermeture définitive ? « Ils le savaient déjà, accuse Adeline. Mais ils ont voulu nous faire taire, pour nous empêcher de nous défendre. » Mise en avant par la mairie pour justifier la fermeture, la vétusté de l’école est reconnue de tous.

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« Bien sûr que ce n’est plus possible et qu’il faut des travaux, il n’y a aucun débat là-dessus, confirme Raphaël, papa de deux élèves. Mais ces problèmes ne sont pas nouveaux, ils sont connus de très longue date. » De concert, les parents dénoncent une absence d’investissement, et des choix politiques.

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