Alors qu’un accident mortel avait déjà eu lieu il y a à peine plus d’un mois, un nouvel agent des Directions Interdépartementales des Routes a perdu la vie ce 24 juin 2025. Après une entrevue avec les services du ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, la CGT dénonce le manque de moyens et la dégradation de la sécurité des agents
Par Marius JOLY.
À peine plus d’un mois après un accident mortel en Seine-et-Marne, un nouvel agent de la sécurité des routes a trouvé la mort, le 24 juin lors d’une intervention sur la RN 154 à La Chapelle-du-Bois-des-Faulx dans l’Eure. Ce nouvel accident du travail marque le huitième décès comptabilisé en cinq ans uniquement chez les agents des Directions Interdépartementales des Routes (DIR).
Aux alentours de 20 heures, les agents de la DIR du Nord-Ouest sont intervenus sur la RN 154 pour sécuriser la zone après la panne d’une voiture. En pleine intervention, une fourgonnette qui doublait un poids lourd a percuté un agent de 24 ans, décédé sur le coup.
Selon les chiffres de la Fédération Nationale de l’Equipement-Environnement CGT, treize accidents se sont produits ces quinze derniers jours sur l’ensemble du réseau des DIR. Face à des situations d’intervention toujours plus risquées, 560 agents avaient décidé d’exercer leur droit de retrait après l’accident du 14 mai dernier. Dans un communiqué, la CGT a de nouveau appelé les agents de la sécurité des routes à exercer ce droit, malgré les réticences des différentes Directions Interdépartementales.
« L’accident d’hier est symptomatique des dysfonctionnements »
Pour Ivan Candé, secrétaire général de la FNEE-CGT, le manque de moyen est au centre de ces accidents à répétition. « L’accident d’hier est symptomatique des dysfonctionnements. Il y a eu deux problèmes à gérer : l’accident d’un camion d’un côté de la chaussée et ensuite la panne d’un véhicule. Normalement, on doit envoyer deux équipes différentes pour assurer la sécurité. Ici ce sont les mêmes agents qui ont dû intervenir aux deux endroits, » s’agace le représentant syndical.
En près de 20 ans d’existence, les DIR ont vu leurs effectifs réduits de 15 % au fil des coupes budgétaires. « Dès la création des services en 2007, les besoins étaient de 10 000 agents pour assurer la sécurité. On ne nous a affecté que 9 000 postes, se souvient Michael Roux, militant CGT et agent de la DIR Méditerranée. On était déjà sous-doté et les chiffres n’ont fait que diminuer. »
Ce mercredi 25 juin, la FNEE-CGT rencontrait le directeur de cabinet de François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, pour alerter sur cet accident et demander des garanties. Une entrevue qui s’est soldée par « un dialogue de sourds » décrit Michael Roux. « Le gouvernement s’obstine à déployer un plan de prévention qu’on juge inefficace. On demande une augmentation des moyens et des effectifs et là nous n’avons pas de réponse », continue le militant. Dans un communiqué, le ministre des Transports Philippe Tabarot insiste sur « la mise en place de dispositifs de signalisation plus visibles et adaptés, afin de mieux protéger ces femmes et ces hommes qui œuvrent chaque jour pour la sécurité de tous » et appelle à une prise de conscience collective.
Selon les chiffres compilés par L’Humanité, ces vingt dernières années, 21 000 salariés sont morts à cause du travail, et 13,5 millions de personnes ont été blessées. Un fléau qui n’en finit pas de faire des dégâts.
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