A69 : affrontements entre opposants et gendarmes sur le chantier de l’autoroute (CLPress-6/7/25)

Une nouvelle journée de tension a marqué samedi 5 juillet près du château de Scopont, dans le Tarn, sur le chantier controversé de l’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres. Plus de 1 000 manifestants opposés se sont rassemblés, défiant l’interdiction préfectorale et opérant sous une forte surveillance policière.

Les autorités avaient déployé un dispositif imposant : environ 1 500 gendarmes, gendarmes mobiles et forces de l’ordre encadraient le chantier pour prévenir tout débordement. Des contrôles préventifs avaient conduit à la saisie de 257 armes ou objets susceptibles de devenir des armes par destination, dont catapultes, boules de pétanque et haches.

Dès le milieu d’après-midi, les tensions ont commencé à monter : vers 17h30, des groupes masqués ont dressé des barricades sur une route nationale en lançant pierres et projectiles sur les forces de l’ordre. Les ripostes n’ont pas tardé : gaz lacrymogènes, grenades et canon à eau ont été utilisés pour disperser les manifestants et protéger les ouvrages du chantier.

En fin de soirée, un retour au calme progressif a été constaté après l’évacuation graduelle de la zone. Une poignée de manifestants est restée présente autour du chantier, tandis que les forces de l’ordre maintenaient leur présence.

D’une longueur de 53 km, l’A69 est officiellement qualifiée d’« utilité publique » depuis juillet 2018. Atosca, en charge de la concession et du péage, était en pleine construction début 2023, avec 45 % des terrassements achevés. Le chantier avait démarré en mars 2023, visé par une annulation judiciaire en février 2025 pour non-respect des espèces protégées ; la cour d’appel de Toulouse a néanmoins autorisé sa reprise fin mai.

En parallèle, le Sénat a voté en mai une loi affirmant l’« intérêt public majeur » du projet, mais l’Assemblée a rejeté ce texte début juin, entraînant un renvoi en commission mixte. Il s’agit d’un chantier de 53 km traversant forêts, zones agricoles et milieux sensibles, pour un coût élevé et des bénéficiaires potentiels (transporteurs, industries locales).

Depuis 2022, le projet suscite une forte opposition citoyenne et écologiste, avec des mobilisations variées : marches, ZAD, occupations d’arbres, grèves de la faim, actions symboliques et légales. En octobre 2023, la ZAD de la Crémade a été évacuée par la gendarmerie, mobilisant plusieurs milliers de manifestants.

Les opposants dénoncent un impact écologique majeur (disparition de forêts, zones humides, terres agricoles) et un coût jugé injustifié, soulignant qu’une simple amélioration de la RN126 aurait pu être suffisante.

Le gouvernement a soutenu la reprise du chantier. Le ministre des Transports Philippe Tabarot a accusé l’« ultra-gauche » de préparer « des manifestations violentes, non festives », et Jean‑Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a dénoncé des opposants « encagoulés, fichés S, apportant armes et boules de pétanque ». Le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien aux forces de l’ordre, affirmant que « force doit rester à la loi ».

Ce rassemblement nommé « Turboteuf » constitue le quatrième grand temps fort des opposants. L’ambiance oscillait entre moments festifs et fortes tensions : barricades, affrontements, gaz lacrymogènes et canon à eau ont rythmé la journée.

Alors que la reprise du chantier est validée juridiquement et soutenue politiquement, les opposants maintiennent leur mobilisation dans l’attente d’une décision définitive attendue en 2026. Le climat reste tendu, et le fossé entre les enjeux économiques, techniques et environnementaux s’approfondit à mesure que la construction avance.

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Source: https://www.youtube.com/watch?v=sNf72ViAQqI

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