Pour être opéré, il faut payer-Billet d’humeur du Dr Christophe Prudhomme (FB-7/07/25)

Une jeune femme est victime lors d’un effort sur son lieu de travail d’une douleur brutale à l’arrière du pied avec une impossibilité de marcher. Elle est adressée par son employeur aux urgences de l’hôpital public le plus proche. Le diagnostic tombe : rupture du tendon d’Achille. Lors de l’interrogatoire le médecin relève un traitement récent par des antibiotiques pour une infection urinaire. Il lui indique que cette classe d’antibiotiques, les fluoroquinolones, a comme effet secondaire une fragilisation des tendons avec un risque de lésion du tendon d’Achille, ce que malheureusement le médecin prescripteur ne lui a pas signalé.

Après une longue attente, sa jambe est immobilisée avec un plâtre et un rendez-vous lui est donné avec un orthopédiste de l’hôpital pour décider du traitement le plus approprié, à savoir une immobilisation ou une intervention chirurgicale. Le médecin lui indique qu’au regard de son âge et de ses activités, une intervention sera vraisemblablement nécessaire. Quand elle note la date de la consultation fixée 10 jours plus tard, elle marque son étonnement et demande s’il n’est pas possible de l’avancer. La réponse qui lui est donnée est de s’orienter vers des cliniques privées dont les adresses luis sont indiquées. Dès son retour au domicile, elle obtient un rendez-vous en 48 h avec un chirurgien qui lui propose de l’opérer le lendemain.

Après l’examen médical s’enclenche la discussion sur le devis qui lui est proposé pour cette intervention. Il lui est annoncé un dépassement d ’honoraires pour le chirurgien de 1 000 euros et de 500 euros pour l’anesthésiste. Elle explique alors qu’elle ne gagne qu’à peine 2 000 euros par mois et qu’il lui est impossible pour elle d’avancer cette somme à la veille des vacances.

La première anomalie est qu’aujourd’hui l’hôpital ne soit plus en capacité d’opérer les patients dans des délais raisonnables, du fait notamment de la fuite des chirurgiens vers le secteur privé. Mais ce qui est scandaleux est le non-respect des règles de déontologie par les médecins pratiquant des dépassements d’honoraires. En effet, ils sont censés respecter le tact et de la mesure pour la fixation de leurs honoraires, à savoir les adapter au cas par cas en fonction des capacités financières des patients. Or aujourd’hui, ce n’est très souvent plus le cas et les tarifs sont les mêmes pour tout le monde.

La morale de l’histoire est que la santé ne peut devenir une activité commerciale avec un patient qui se voit obligé de négocier le prix d’un service dans une situation de faiblesse, face à des médecins qui ont le pouvoir de décider de traiter ou non le patient. Au-delà de l’exigence de la fin des dépassements d’honoraires qui ne peut passer que par un autre mode de rémunération des médecins par l’Assurance maladie, il est nécessaire de rappeler avec force l’obligation du respect du code de déontologie par les praticiens. Si ce n’est pas le cas, il faut que les patients portent plainte au niveau du conseil de l’ordre pour exiger des sanctions.

Dr Christophe Prudhomme

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Source: https://www.facebook.com/christopheprudhomme93/posts/pfbid0jmyNJz4XdEVvXjCXuUv5dGBgRdSFGpfiSXBk4qRWaR42K6dP97CJwZgrPyeRsGvMl?locale=fr_FR

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