A l’hôpital de Laval (Mayenne) la mobilisation déterminée arrache le retrait du plan d’économies ! (io.fr-9/07/25)

Le directeur de l’ARS Jérôme Jumel prend la parole devant un rassemblement de 300 hospitaliers sur le parking de l’hôpital, le mercredi 2 juillet. (correspondant)

La mobilisation contre le plan d’économies a débuté le 13 juin par une grève spontanée et massive en psychiatrie. Elle s’est ensuite étendue à tout l’hôpital. La population est venue en renfort. Le directeur de l’ARS et le ministre ont été contraints de reculer.

Par le Correspondant IO

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La mobilisation contre le plan d’économies (appelé Pasi1) a débuté le 13 juin par une grève spontanée et massive en psychiatrie. La mobilisation s’est ensuite étendue à tout l’hôpital. La population est venue en renfort. Le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) et le ministre ont été contraints de faire machine arrière.

Le 27 juin les hospitaliers ont commencé à occuper l’hôpital et le parking devant l’entrée, avec des tentes, des barnums et les tracteurs des agriculteurs. À 300, ils ont envahi, avec les syndicats FO et CGT, le conseil de surveillance pour interdire de valider le plan d’économie. Succès total. Le directeur, l’ARS, le ministère commençaient à reculer.

Le personnel tenait bon sur son exigence : « Le directeur de l’ARS doit venir à Laval annoncer qu’il répond à nos revendications. »

Le ministre a tenté de faire baisser la pression, le 25 juin, en rencontrant le maire de Laval dans les salons feutrés du ministère, mais la mobilisation s’est poursuivie. Lundi 30 juin, pour la soirée festive de lutte, les personnels et la population étaient 500 sur le parking à se rassembler pour obtenir satisfaction.

Mercredi 2 juillet, 300 hospitaliers, avec les drapeaux syndicaux, attendaient le directeur de l’ARS sur le parking. À la fin de la négociation avec les représentants syndicaux CGT et FO, ceux-ci ont demandé à Jérôme Jumel de venir faire ses annonces devant le personnel. Pour l’accueillir, les agents se sont mis à scander : « On veut des bras, des lits, pour l’hôpital public ! ». Jérôme Jumel, impressionné par la détermination, est apparu presque humble quand il a pris le micro.

Jérôme Jumel : « Le plan de performance… »

Les hospitaliers l’interrompent : « On n’entend rien ! »

Jérôme Jumel : « Le Pasi, en l’état n’est plus d’actualité. Les 59 postes à supprimer ne sont pas un objectif. ».

Applaudissements modérés et polis.

Jérôme Jumel : « Nous allons avoir des échanges, et rebâtir un plan pour regagner de l’activité, qui n’aura pas le nom de Pasi. »

Des hospitaliers indignés : « Ils sont bons, quand même ! »

Jérôme Jumel : « Il nous faut des urgences qui ouvrent plus souvent. Le ministre va venir vendredi pour confirmer tout cela. Je souhaite qu’il ait le meilleur accueil. ».

Les hospitaliers : « Comptez sur nous ! »

Les hospitaliers, ne lâchant pas l’affaire : « Et les mises en stage ? Les mises en stages !2 »

Jérôme Jumel : « Il y aura 102 mises en stage en 2025. ».

Applaudissements très nourris.

Les hospitaliers : « Et les médecins, les psychiatres, on les embauche comment ? » ; « On veut des urgences ouvertes tous les jours ! »

Les 300 hospitaliers reprennent en chœur : « On veut des bras, des lits, pour l’hôpital public ! »

Le 2 juillet au soir, l’intersyndicale FO-CGT de l’hôpital de Laval déclare : « La mobilisation paie ! Dans de tels moments, il n’y a pas d’autres alternatives. Nous sommes particulièrement touchés et remerciant de l’implication des usagers, des collègues des autres hôpitaux et structures (parfois d’autres départements, d’autres régions), des artistes, des pompiers, des ambulanciers, des agriculteurs… Le combat n’est pas fini, nous l’avons simplement commencé à Laval pour qu’il se diffuse partout ».

Vendredi 4 juillet, 350 hospitaliers attendaient le ministre de pied ferme devant l’hôpital. Une rencontre à huis clos avec les représentants syndicaux avait été envisagée, mais les hospitaliers avec leurs représentants syndicaux FO et CGT ont décliné et demandé que la rencontre et les annonces se fassent devant tout le monde, sur le parking. Finalement, le ministre confirmera toutes les annonces de l’ARS, et ajoutera débloquer 8 millions pour l’hôpital de la ville de Mayenne, et 6 millions celui de Château-Gontier.

Chacun comprend que ces mesures sont arrachées contre la circulaire Bayrou du 23 avril demandant de serrer la vis aux hôpitaux, contre les 40 milliards d’économie que Macron-Bayrou annoncent pour le budget 2026.

Qu’est-ce qui a permis ce résultat ? Le ministre Neuder, le 4 juillet, devant 350 hospitaliers, a dit ce qui lui faisait peur et l’amenait à reculer : « Quand on est soignants, ce n’est pas pour manifester sur un parking, c’est pour soigner les gens. » Le ministre aurait certainement préféré une journée d’action sans suite et sans frais, plutôt que cette occupation déterminée de l’hôpital, jusqu’à satisfaction.

Le ministre, comme le gouvernement, préfère sans doute les conclaves feutrés, à Matignon, à l’Élysée, dans les ministères, loin du personnel hospitaliers qui ne veut pas lâcher ses revendications.

Les cinq unions départementales FO des Pays de la Loire, avec les groupements départementaux santé, organisent le 16 septembre prochain une manifestation devant l’ARS pour gagner le retrait de tous les plans de « performance ».

Les syndicats FO et CGT de l’hôpital de Laval soutiennent cet appel en affirmant : « Ce que nous avons fait à Laval, faisons-le dans chaque hôpital, dans chaque structure ! »

« FIN DU PASI3 : UNE GRANDE VICTOIRE LOCALE POUR L’INTERSYNDICALE FO-CGT, LE DEBUT DU COMBAT FACE A LA VOLONTE DU GOUVERNEMENT D’ACCENTUER LA PRESSION SUR LES HOPITAUX»

Communiqué de l’intersyndicale FO et CGT du centre hospitalier (CH) de Laval (2 juillet)

C’est fait ! Mélange de satisfaction, de soulagement, et de détermination suite à un mois de juin intense de mobilisations et de tractations.Depuis début juin, l’intersyndicale FO-CGT déploie toute son énergie pour faire avorter le plan social qui nous était promis. Mais aussi pour dénoncer la volonté de faire passer les économies au premier plan, avant l’accès aux soins, qui plus est dans un territoire particulièrement sinistré en la matière.Pour rappel, dès le 4 juin, nous avons rencontré le maire de Laval (également président du conseil de surveillance du CH Laval) pour le convaincre de refuser le Pasi.
Le 12 juin, ce sont les trois députés du département qui se déplaçaient dans nos locaux pour que nous les alertions et les invitions à réagir.Ils ont tenu leur rôle, relayant la situation directement au ministre de la Santé, et débloquant une aide exceptionnelle de 10 millions d’euros.

Le 13 juin, nous avons soutenu la mobilisation des professionnels de psychiatrie, dénonçant la volonté de fermer un second service d’hospitalisation, pour des raisons purement économiques.Le 17 juin, nous avons organisé une grande assemblée générale du personnel, et décidé ensemble des actions à mettre en place.Le 26 juin, nous avons veillé et campé devant notre hôpital, le protégeant symboliquement de ceux qui voudraient (encore) lui nuire.Le 27 juin, nous nous sommes mobilisés massivement, et avons empêché la tenue d’un conseil de surveillance où le Pasi devait être débattu. Nous avons pris possession du bureau du directeur de l’hôpital, l’invitant à contacter directement le directeur général de l’ARS pour qu’il renonce au plan social. Déjà, un premier recul était obtenu.Le 30 juin, opération “Coup de voix !” avec chorales, fanfare, œuvres, témoignages rappelant notre attachement, notre détresse, les valeurs qui nous lient à cet hôpital.

Aujourd’hui, accueil militant du directeur général de l’ARS… qui annonce à l’intersyndicale puis à l’ensemble des personnes mobilisées LA FIN DU PLAN SOCIAL !Nous avons sauvé le service de psychiatrie, nous avons sauvé les postes menacés, nous avons sauvé les collègues précaires qui seront finalement bien mis en stage, Nous avons contribué à l’obtention de 10 millions d’euros pour “soulager” la trésorerie de l’hôpital. La mobilisation paie ! Dans de tels moments, il n’y a pas d’autres alternatives.Les pétitions et toutes autres propositions passives sont vaines…En cumulé, ce sont près de 2 300 personnes qui se sont mobilisées depuis le 10 juin.Nous sommes fiers de nos collègues, particulièrement mobilisés, qui se sont impliqués comme jamais et ont ravivé le sentiment d’appartenir à une véritable communauté hospitalière.Nous sommes particulièrement touchés et remerciant de l’implication des usagers, des collègues des autres hôpitaux et structures (parfois d’autres départements, d’autres régions), des artistes, des pompiers, des ambulanciers, des agriculteurs… ainsi que de tous les autres.

Le combat n’est pas fini, nous l’avons simplement commencé à Laval pour qu’il se diffuse partout ! Tous les hôpitaux et toutes les structures médico-sociales vont être impactés par la volonté du gouvernement de réduire significativement les dépenses publiques dans la santé. Tous les hôpitaux peinent à garantir un accès aux soins digne et de qualité, par manque de personnel, notamment de médecin. Cette réalité est particulièrement criante en Mayenne et à l’hôpital de Laval.Nous le martelons, il nous faut DES MOYENS, DES BRAS, DES LITS !Ce que nous avons fait à Laval, faisons-le dans chaque hôpital, dans chaque structure !L’intersyndicale FO-CGT soutien l’appel à nous mobiliser plus largement, dans toute la région, et à nous rejoindre devant l’ARS des Pays de la Loire à Nantes, le 16 septembre prochain, et même jusque Paris s’il le faut !

Nous rappelons que le ministre de la Santé vient jusqu’à nous ce vendredi, le 4 juillet, et invitons chacun à se mobiliser pour lui montrer notre attachement à l’hôpital public. RDV à 12 h 45 devant l’hôpital de Laval !

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/07/09/a-lhopital-de-laval-mayenne-la-mobilisation-determinee-arrache-le-retrait-du-plan-deconomies/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/a-lhopital-de-laval-mayenne-la-mobilisation-determinee-arrache-le-retrait-du-plan-deconomies-io-fr-9-07-25/

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