Par Charles Hoareau
Comment ne pas être révolté par le discours guerrier plein d’emphase digne d’une époque que l’on espérait révolue, de Macron hier soir ? A l’instar des bouchers de 1914 dont Clémenceau qu’il a d’ailleurs cité, celui qui n’est pas capable de sanctionner le génocidaire de Tel-Aviv, a désigné le nouvel ennemi de la France, la Russie ! Et d’enchainer des considérations d’un autre temps, celui des guerres passées qui ont marqué le monde comme cet énorme « pour être libre dans ce monde, il faut être craint, il faut être puissant » !! Donc les pays qui n’ont pas l’arme nucléaire, un budget d’armement colossal ne sont pas libres selon lui ?
La liberté ne pourrait donc exister que dans la menace et non dans le libre choix des peuples à disposer d’eux-mêmes dans des relations internationales mutuellement avantageuses ? C’est exactement la logique que nous dénonçons depuis des années, celle qui a prévalu pendant des siècles au nom de l’adage « si tu veux la paix, prépare la guerre » et qui a valu aux peuples du monde tant de guerres meurtrières et destructrices parfois de nations entières. C’est celle de l’impérialisme que dénonce le même Macron parlant des autres et de la Russie en particulier, en faisant semblant de ne pas voir celui de la France qu’il veut situer au 1er plan des nations guerrières.
Et quand il fait un rapide tour du monde des guerres il n’a bien sûr pas un mot pour l’impérialisme de la France en Afrique qui continue à semer pauvreté, spoliations, refus de souverainetés et guerres.
Et de quelle liberté parle le belliciste ? En premier de « liberté de notre modèle économique » et quel modèle !! Dans un pays qui, parce qu’il ne voit que par le sacro-saint capitalisme, ne cesse depuis des décennies et particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du commis du capital de détruire les droits sociaux, de donner toujours plus aux plus riches pour enlever aux plus pauvres, celui qui s’est attaqué à l’APL, à l’assurance chômage, à la retraite tout en supprimant les impôts sur les plus fortunés et multipliant leurs privilèges, c’est ce « modèle » économique que nous devrions défendre ?
Comme si cela était un modèle enviable !
En continuant sur les mots creux, le chef de l’état a évoqué « un moment de bascule » où « l’histoire se fait » Bascule vers quoi ? Vers de nouvelles guerres ? La guerre serait donc la condition indispensable à ce que l’histoire se fasse ? Comme si celle-ci ne se faisait qu’en temps de guerre alors qu’en réalité elle se fait tous les jours et qu’il ne tient qu’à nous d’imposer qu’elle se fasse dans la paix. Suivant cette logique il annonce un doublement du budget de surarmement en commençant par annoncer l’augmentation du salaire des militaires, lui qui bloque celui des médecins et des enseignants montrant bien ici sa logique et sa conception du développement du pays.
Dans sa désignation des menaces qui pèseraient sur la France, il n’oublie pas bien sûr de désigner à nouveau l’ennemi intérieur, à savoir les musulmans qui bien sûr menaceraient la paix de la France à l’Afrique en passant par le Moyen Orient : il y a là réaffirmé, l’argument pour de nouvelles guerres et privations de libertés, fondamentales celles-là, celle de pouvoir s’exprimer et vivre dignement et en paix de son travail et selon ses conceptions philosophiques et religieuses.
Sur le droit à la paix, pas un mot justement.
Son discours fait mesurer à quel point tous les reculs du camp progressiste sur cette question de la paix et de l’économie de guerre, toutes les acceptations de ventes ou de livraisons d’armes, tous les discours sur le mal nécessaire des interventions militaires, tous ces reculs ont ouvert la voie à une militarisation toujours plus grande de notre économie. Quand un parlement vote à l’unanimité pour l’envoi d’armes en Ukraine, il fait plus qu’engager notre pays dans un engrenage dangereux dans un point du globe, il justifie l’emploi de la guerre, en tous points. Quand il n’y a pas d’appel à manifester massivement contre le budget militaire et ses 413 milliards qui atteignait déjà un niveau historique, quand on accepte de fait que la France soit 2ème vendeur d’armes, quand il n’y a pas de grand mouvement pour s’engager dans BDS, on légitime les actes et l’économie de guerre.
Nous ne disons pas cela par rancœur mais parce que ce sont des faits dont on doit ensemble tirer les leçons. Dès l’entrée de l’armée russe en Ukraine, nous avons tiré la sonnette d’alarme. Selon la même logique qui fait traiter « d’antisémites » ou « d’islamo-gauchistes » les défenseurs du peuple palestinien, les défenseurs de la paix furent traités de « pro-Poutine ». Demain ils seront qualifiés de « pro-Chinois » ou « pro-africains » quand les intérêts impérialistes français exigeront de mener la bataille idéologique pour convaincre du bien-fondé des guerres pour sauver leur « modèle économique ».
Le chef de l’état donne rendez-vous à l’automne pour la mise en œuvre de ses choix guerriers, relevons le défi. Nous pouvons empêcher la guerre et donner un coup d’arrêt à l’économie de surarmement.
Notre pétition pour la paix va atteindre les 5000 signatures. Au vu de nos forces, c’est déjà très appréciable mais loin d’être suffisant pour peser il nous faut donc amplifier les efforts pour qu’une marée de signataires dise à l’Elysée : « non à vos guerres impérialistes » .
Par ailleurs, puisque rendez-vous à l’automne il y a, il faut dès à présent mobiliser massivement pour la manif nationale du 11 novembre, anniversaire de la 1ère et plus grande boucherie impérialiste du 20ème siècle en ce qui concerne notre pays.
Il est temps, plus que temps, que les forces qui se réclament du camp de la paix, répondent à notre courrier du 1er juin dernier appelant à faire de cette journée une grande mobilisation unitaire pour la paix.
Espérons que le discours de Macron hier aura fini par les convaincre. En ce qui nous concerne, nous n’économiserons pas nos efforts en ce sens.
La paix est le seul avenir possible pour l’humanité.
Source : https://rougemidi.org/spip.php?article10352
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/plus-que-jamais-non-a-leurs-guerres-rouge-midi-14-07-25/