« Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la mobilisation » : les syndicats dénoncent la mise à mort des droits sociaux par Bayrou (H.fr-16/07/25)

François Bayrou lors de son discours sur sa feuille de route budgétaire pour 2026, le 15 juillet 2025.
© Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM

Le premier ministre François Bayrou a dévoilé, mardi 15 juillet, son plan pour économiser 43,8 milliards d’euros sur le budget 2026. En réaction, les syndicats dénoncent les attaques contre la puissance publique et les droits sociaux. Sophie Binet appelle, sur RTL, à la mobilisation d’ici la rentrée.

Par Tom DEMARS-GRANJA.

Ce mardi 15 juillet sera retenu comme le moment où François Bayrou, premier ministre, a sacrifié les plus pauvres, les malades, les retraités, les salariés, les fonctionnaires, au profit d’un plan d’austérité, visant à économiser 43,8 milliards d’euros sans mettre à contribution grosses fortunes et grandes entreprises. Le locataire de Matignon s’attaque ainsi à la puissance publique sous couvert d’« année blanche » : État (– 4,8 milliards d’euros), opérateurs publics (– 5,2 milliards), collectivités (– 5,3 milliards) et Sécurité sociale (– 5,5 milliards d’euros).

Notre système de santé verra quant à lui l’augmentation de 10 milliards d’euros des dépenses prévues l’année prochaine réduite de moitié. Comme les prestations sociales, les retraités pourraient subir un gel de leurs pensions en plus de la suppression de leur exemption fiscale. Le premier ministre entend aussi s’attaquer à l’assurance chômage et au code du travail tout en supprimant deux jours fériés, le 8 mai et le lundi de Pâques…

« Nous allons tous perdre concrètement des centaines d’euros, voire plus, car les prix vont augmenter de 1,7 % et toutes les prestations ne vont pas suivre », alerte la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

Aucune coupe annoncée pour les aides publiques versées aux entreprises

Invitée à réagir aux annonces de François Bayrou au micro de RTL, mercredi 16 juillet, elle estime que son plan d’austérité est une « honte », dont l’objectif est de faire « passer à la caisse les travailleurs et les travailleuses, sans que les plus riches ni les grandes entreprises ne soient mis à contribution ».

De fait, aucune coupe n’a été annoncée pour ce qui représente le premier budget de l’État : les aides publiques versées aux entreprises. Le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux sociétés – menée par Fabien Gay, sénateur communiste et directeur de l’Humanité – démontre que ces dernières ont atteint les 211 milliards d’euros en 2023.

Les ultrariches, eux, s’en sortent encore indemnes. Et ce, alors que la « taxe Zucman » – qui préconise l’instauration d’un impôt plancher de 2 % sur les foyers à plus de 100 millions d’euros de patrimoine – pourrait pourtant rapporter entre 15 et 25 milliards par an au budget de l’État. Soit bien plus que le seul milliard que devrait rapporter la contribution pour les plus hauts revenus en 2025, qui a été prorogée en 2026.

« Le premier ministre dit en avant la production, en réalité c’est en avant la récession, fustige Sophie Binet. Ça fait un an que nous alertons sur les centaines de milliers de licenciements, sans que François Bayrou ne lève le petit doigt pour les empêcher. » La secrétaire générale de la CGT a profité de son passage sur RTL pour illustrer l’étendue des dégâts : « Pour quelqu’un qui touche l’allocation adulte handicapé, cela représenterait jusqu’à 200 euros de revenu en moins. »

« Le gouvernement nous a volé deux ans de vie »

« C’est peut-être juste l’épaisseur du trait pour Bercy, ajoute-t-elle. Mais pour la majorité des Françaises et des Français, quelques euros font la différence pour boucler les fins de mois. » Même son de cloche pour la suppression du 8-Mai et du lundi de Pâques : « Le gouvernement nous a volé deux ans de vie, maintenant il veut nous voler deux jours de travail gratuits, ce qui équivaut à trois mois sur toute une carrière. C’est inacceptable de nous demander de travailler gratuitement. Nous avons nos jours de repos, ils sont mérités, nous les avons acquis de haute lutte. »

« Les agents publics sont mis à contribution depuis un moment, c’est la troisième année blanche consécutive, ça devient très compliqué, pointe de son côté Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, interrogée par le Monde. C’est le retour du rabot, mais on ne se pose toujours pas la question des politiques publiques à mettre en œuvre. » La CFDT fustige plus largement « cette vision paresseuse et passéiste », qui est, selon elle, à l’origine de « conséquences très concrètes pour les travailleurs et les travailleuses qui perdent leur travail ou qui peinent à s’insérer professionnellement ».

Il en va de même pour l’Union syndicale Solidaires qui a condamné les choix de François Bayrou dans un communiqué. « Le démantèlement des services publics va se poursuivre : 3 000 suppressions de postes et un tiers des départs non remplacés dans la fonction publique, mais aussi la poursuite du gel des rémunérations, énumère le syndicat. Les conséquences sont connues, le service rendu aux usager·es continuera à se dégrader comme les conditions de travail des agent·es de la Fonction publique. »

L’Union syndicale Solidaires estime ainsi que « ce budget et les différents projets annoncés constituent une véritable offensive contre les plus pauvres, les travailleurs et travailleuses, les retraité·es, et les chômeur·ses ». De même, en s’attaquant aux plus précaires, en délaissant la lutte contre le dérèglement climatique et en balayant l’urgence sociale, Matignon « renforce » une extrême droite plus légitimée par la macronie que jamais.

« Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la mobilisation, conclut Sophie Binet sur RTL. La CGT va tout faire pour empêcher ces régressions sociales, pour empêcher qu’elles entrent en vigueur. » C’est pourquoi la secrétaire générale de la CGT appelle « l’ensemble des travailleurs et des travailleuses qui sont choqués par ces annonces à se syndiquer, à s’organiser dans leurs entreprises pour qu’ensemble, nous puissions nous mobiliser à la rentrée ».

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/budget/ce-qui-est-a-lordre-du-jour-cest-la-mobilisation-face-a-lausterite-de-francois-bayrou-les-syndicats-denoncent-la-mise-a-mort-des-droits-soci

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