Budget 2026 : la gauche et les syndicats sonnent la révolte contre l’austérité brutale de François Bayrou (H.fr-16/07/25)

Les partis de gauche et les syndicats se mobilisent face au budget d’austérité sans précédent voulue par le gouvernement Bayrou, qui menace les acquis sociaux et les services publics. © Bastien André / Hans Lucas via AFP

Les syndicats prévoient une grande mobilisation à l’automne contre le budget du premier ministre. Cet été, les progressistes entendent faire la lumière sur les graves dangers de ce projet et pourraient le censurer.

Par Gaël De SANTIS & Naïm SAKHI.

La bataille d’idées cet été. La censure et la mobilisation à l’automne. La gauche est prête à combattre le budget ultra-austéritaire de François Bayrou, qui entend procéder à une économie sans précédent de 44 milliards d’euros. Les communistes appellent donc à la mobilisation.

Une pétition a déjà été lancée contre la suppression de deux jours fériés. Au-delà, « nous voulons marcher sur nos deux jambes : révéler l’ampleur du scandale en faisant une opération vérité sur ce que représentera un tel budget pour les Français et contribuer à mettre en évidence les alternatives à ce coup de massue », expose Ian Brossat, porte-parole du PCF.

Pour la gauche, la censure du gouvernement Bayrou comme seul horizon

Parmi les alternatives, la réorientation des aides publiques aux entreprises, dont le montant a été évalué à 211 milliards d’euros par la commission d’enquête sénatoriale conduite par Fabien Gay. « Une autre politique économique est possible », affirme également Mathilde Panot. La cheffe de file des députés LFI rappelle que, « l’automne dernier, 75 milliards d’euros de recettes avaient été adoptés grâce aux amendements » défendus par la gauche.

Un mot est lancé, censure. La question ne fait « pas un pli, estime Ian Brossat. Le premier ministre n’a aucune légitimité pour mener cette politique de classe et de casse. Il organise sa propre censure ». Inquiet des conséquences pour les services publics, le PS présentera pour sa part des grands principes à la rentrée.

« On est dans une posture de discussion, mais sur des bases sérieuses », explique Arthur Delaporte. Le porte-parole des députés socialistes déplore que « le premier ministre évacue la responsabilité des gouvernements Macron depuis 2017 dans la mise en œuvre d’une politique injuste qui favorise les plus riches et les entreprises », avec une perte de recettes mesurée à 65 milliards d’euros par an.

Si l’exécutif ne change pas de philosophie et s’entête à ne pas taxer les ultrariches ou à vouloir des coupes claires, la censure sera « la seule perspective », assure l’élu PS. La France insoumise souhaite pour sa part faire tomber le gouvernement au plus vite.

« On comprend mieux pourquoi le gouvernement a tenu à arrêter la session parlementaire plus tôt (le 11 juillet – N.D.L.R.). Cela nous prive de la possibilité de présenter immédiatement une motion de censure pour arrêter la saignée », dénonce Mathilde Panot.

« 2026 risque d’être une année noire »

Si la copie n’est pas revue, l’opposition sera aussi « résolue » du côté du groupe Écologiste et social. La censure est sur la table, mais « ce qui préoccupe les gens est de savoir comment il peut y avoir d’autres solutions. Nous devrons expliquer ce qu’est le plan Bayrou et ce qu’il pourrait y avoir à la place », souligne le député Génération.s Tristan Lahais.

Dans les centrales syndicales, un front du refus aux projets austéritaires de François Bayrou semble également se dessiner. « Pour les salariés, les retraités et les privés d’emplois, 2026 risque d’être une année noire, déplore Sandrine Mourey, secrétaire confédérale de la CGT. L’OFCE assure que les déficits viennent d’un manque de recettes, depuis 2017, provoqués par les cadeaux faits aux plus riches par les gouvernements d’Emmanuel Macron, et non de prétendues dépenses excessives des fonctions publiques ou de la protection sociale. »

La suppression de jours fériés : le feu aux poudres de la colère sociale

Dans la foulée des annonces du premier ministre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, avait prévenu : « Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la mobilisation. » Les syndicats pourront ainsi mettre à profit les trois mois avant l’examen des projets de loi budgétaires pour sensibiliser les salariés sur les dangers des coupes drastiques à venir.

La suppression annoncée de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, pourrait ainsi cristalliser les colères. Comme lors de la forte mobilisation du 5 décembre 2024, dans la fonction publique, où la piste des trois jours de carence pour les fonctionnaires en cas d’arrêt maladie, avait permis de remplir les cortèges.

Reste à connaître les contours de la rentrée sociale. « Nous recherchons un cadre unitaire, le plus large possible », prévient Sandrine Mourey, qui assure que « la CGT va se déployer cet été pour tracter, informer, distribuer, rencontrer les salariés ». Dans la même visée, Solidaires se lancera dans une grande campagne « pas d’économie sur la vie », dès la rentrée.

« Avec ces annonces, la situation des plus précaires sera aggravée. Le premier ministre assure que la fiscalité en France est la plus lourde d’Europe. C’est une chance, car la qualité des prestations sociales est moins coûteuse et plus efficiente comparée aux États qui ont fait le choix d’une privatisation des retraites ou des systèmes de santé », souligne Murielle Guilbert. La codéléguée générale à Solidaires, ouverte à une démarche unitaire, espère parvenir à une stratégie de mobilisation allant au-delà d’une seule journée d’action.

Vers une convergence syndicale contre les coupes dans les services publics

De son côté, la FSU rappelle que « la fonction publique est la première visée, avec l’annonce de la suppression de 3 000 emplois, plus 1 000 à 1 500 dans les opérateurs de l’État et le retour de coupes claires systématiques et aveugles avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois à partir de 2027 ».

Dans un communiqué, la fédération syndicale annonce s’engager « pleinement pour construire, avec les autres organisations, les mobilisations indispensables pour gagner d’autres choix budgétaires, sociaux et écologiques. »

Chez Force ouvrière, le ton est également ferme. « La rigueur et l’austérité c’est non. La facture du quoi qu’il en coûte ne doit pas peser sur les travailleurs », écrit son secrétaire général, Frédéric Souillot, qui entend « riposter à la hauteur des attaques. »

Reste à savoir ce que fera la CFDT, qui avait espéré obtenir un accord avec le patronat, lors du « conclave » sur les retraites. Dans un communiqué, la centrale réformiste affiche une quadruple opposition : à l’année blanche, aux mesures d’économie dans la fonction publique, à une nouvelle réforme du Code du travail et une révision de l’assurance-chômage. Soit les fondements du pacte austéritaire voulu par l’exécutif.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/arthur-delaporte/budget-2026-la-gauche-et-les-syndicats-sonnent-la-revolte-contre-lausterite-brutale-de-francois-bayrou

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/budget-2026-la-gauche-et-les-syndicats-sonnent-la-revolte-contre-lausterite-brutale-de-francois-bayrou-h-fr-16-07-25/

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