Novasco : de nouveau lâchés par leur actionnaire, les ex-Ascometal demandent une nationalisation temporaire du groupe (H.fr-23/07/25)

« Depuis un an, l’État les regarde faire. C’est une position laxiste. Greybull a croqué tout l’investissement de l’État et maintenant, plus rien », s’indigne Silvana Silvani, sénatrice communiste de la Meurthe-et-Moselle.
© PHOTOPQR/LE REPUBLICAIN LORRAIN/Hugo AZMANI

L’ex-Ascometal est à nouveau en grande difficulté, un an après sa reprise par le fonds d’investissement britannique Greybull. Le groupe fait l’objet d’une procédure de conciliation, qui pourrait aboutir à un redressement ou une liquidation judiciaire. Au total, 750 emplois sont menacés.

Par Mathilde TEXIER.

L’usine sidérurgique d’Hagondange (Moselle) est occupée depuis le 22 juillet. « Tout sera bloqué au minimum jusqu’à la fin de la semaine », relate Gazi Yildiz, délégué syndical CGT. Les sites de Custines (Meurthe-et-Moselle) et de Saint-Étienne (Loire) ont eux aussi débrayé mercredi 23 juillet. En pleine procédure de conciliation pour trouver un avenir à l’entreprise, les salariés de Novasco (ex-Ascometal) tentent de peser pour sauver les 750 emplois menacés.

Il y a un an, la société a été reprise par le fonds d’investissement britannique Greybull Capital. Le nouvel actionnaire s’était engagé à injecter 90 millions d’euros dans le groupe. L’État devait fournir de son côté 85 millions d’euros. À ce jour, l’État a « apporté 75 millions d’euros, les dix millions restants devraient arriver en octobre. Mais Greybull n’a investi que 1,5 million d’euros », déplore Gazi Yildiz.

« Depuis un an, l’État les regarde faire. C’est une position laxiste. Greybull a croqué tout l’investissement de l’État et maintenant, plus rien », s’indigne Silvana Silvani, sénatrice communiste de la Meurthe-et-Moselle. Des discussions ont eu lieu mercredi entre le Comité interministériel de restructuration industrielle et les possibles repreneurs. « Neuf sociétés ont eu accès aux données de l’entreprise. Mais cela ne signifie pas forcément qu’ils sont intéressés », regrette Gazi Yildiz.

« Notre trésorerie ne nous permettra pas de tenir au-delà de fin août »

Inquiets de ne voir aucun repreneur arriver avant la fin prochaine de la procédure de conciliation, les salariés revendiquent une nationalisation temporaire, le temps de trouver un repreneur industriel. « En cas de redressement ou de liquidation judiciaire, notre trésorerie ne nous permettra pas de tenir au-delà de fin août », relate Gazi Yildiz.

La faute notamment à un accident grave en novembre dernier, ayant provoqué un arrêt de plusieurs semaines, mais aussi à un marché de l’automobile se portant mal. « À Hagondange, nous travaillons essentiellement pour l’industrie automobile. Pour qu’une aciérie soit rentable, il faut qu’elle ait suffisamment de charge de travail », détaille le délégué syndical. Chaque mois, les pertes sont estimées entre 3 et 5 millions d’euros.

Un projet de création d’une ligne de production de lingots d’acier, voués à la fabrication d’obus, avait été porté par Greybull. Cette « voie lingots » était destinée à permettre la rentabilité de l’aciérie, en absorbant les coûts fixes. Le projet ne s’est jamais concrétisé, faute d’investissements suffisants.

« Notre aciérie est électrique, donc décarbonée. La fermer irait à l’encontre des politiques environnementales », fait remarquer Gazi Yildiz. Une fermeture de Novasco aurait effectivement des impacts à de nombreux égards. « Novasco détient 20 % du marché de l’automobile européen », rappelle le délégué syndical.

À l’échelle locale, « 3 000 à 3 500 emplois indirects pourraient être supprimés selon une estimation de notre direction », alerte le délégué. Une crainte partagée par la sénatrice : « Pour l’ensemble des sites, le groupe injecte environ 15 millions d’euros dans l’économie locale chaque mois. »

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/industrie/novasco-de-nouveau-laches-par-leur-actionnaire-les-ex-ascometal-demandent-une-nationalisation-temporaire-du-groupe

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