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L’usine fondée en 1969 dans le Pas-de-Calais sera mise à l’arrêt l’an prochain, selon les syndicats. La direction promet de reclasser les salariés dans la gigafactory de batteries électriques voisine ou dans d’autres sites du groupe. La CGT n’y croit pas et va se battre.
Par Stéphane GUERARD.
Jour noir pour les salariés de Stellantis. Alors que le groupe automobile vient d’enregistrer une nette baisse de ses ventes en Europe au mois de juin (-16,1 % soit 30 000 ventes de moins), le constructeur vient d’annoncer la mise à l’arrêt, « courant 2026 » selon la CGT et la CFE-CGC, de son usine de Douvrin, dans le Pas-de-Calais.
La mauvaise nouvelle a été communiquée lors d’une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE) du groupe. « La production du moteur hybride avait déjà été délocalisée en Hongrie l’année dernière. Ils veulent arrêter le moteur DVR diesel – 400 unités jour jusqu’à présent – dès le 1er novembre, puis les 3 cylindres EB au 1er trimestre 2026. Ils ne disent pas qu’ils ferment l’usine. Mais dans la réalité, on ne produira plus rien », réagit Régis Scheenaerts, délégué CGT à Douvrin.
« C’est écœurant et les salariés sont en colère. Ça faisait longtemps que l’on demandait à la direction de nous dire ce qu’il en était des rumeurs de fermeture. Et là, ils l’annoncent juste avant les vacances », reprend le représentant du personnel. 740 travaillent dans l’usine, dont 400 en CDI, 200 intérimaires et une centaine de personnes en sous-traitance.
« Favoriser les transitions »
La direction se fait fort de leur proposer des reclassements. « La production locale de moteurs thermiques va progressivement s’arrêter pour favoriser les transferts vers d’autres activités. Dans ce contexte, nous savons offrir un poste à tout le monde dans le groupe, a assuré un porte-parole du constructeur, rappelant que Stellantis a fait le choix d’implanter à proximité immédiate la première gigafactory ACC », qui produit des batteries pour l’automobile, « dont Stellantis est l’actionnaire principal, en favorisant les transitions d’un site vers l’autre ».
Selon la communication, 330 ex-salariés de Douvrin ont trouvé un travail chez ACC. Dans un contexte de stagnation des ventes des véhicules électriques (15,6 % de part de marché en Europe), les syndicats mettent en doute la montée en puissance d’ACC et sa capacité à proposer suffisamment de postes. « ACC devait déjà réembaucher 400 salariés de Stellantis. Mais ils en ont déjà refusé une centaine. Ils font ce qu’ils veulent malgré les engagements pris », reprend Régis Scheenaerts.
La direction compte aussi sur d’autres sites pour proposer des postes de reclassement. « Certains vont peut-être accepter d’aller à Hordain (Nord), mais là aussi l’activité bat de l’aile : ils préparent la fin du développement de l’hydrogène et la production de fourgon pourrait partir en Turquie. Et qui pourra aller à Caen, Rennes ou Mulhouse ? » demande Régis Scheenaerts.
Dans un communiqué, la CFE-CGC réclame un « accompagnement exemplaire et renforcé » pour les quelque
350 salariés encore concernés, en plus de ceux déjà transférés vers ACC. La CGT rappelle, elle, ses demandes de garanties pour les reclassements et l’indemnisation.
« Ils refusent notre demande de prime de licenciement extra-légale de 50 000 pour tous les salariés, y compris les intérimaires et sous-traitants. Au lieu de ça, ils veulent nous faire partir avec des cacahouètes. Mais le groupe a réalisé 5,5 milliards d’euros de bénéfices en 2024 ! Tout ça est vécu comme une insulte par les anciens qui ont beaucoup donné à la boîte », déplore la CGT.
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