
Ce week-end, Mathilde Hignet, députée LFI d’Ille-et-Vilaine, a annoncé suspendre temporairement son mandat de septembre à janvier 2026 pour cause de maternité. Son siège restera vacant, son suppléant n’étant pas autorisé à la remplacer. À cette occasion, elle défend une réforme constitutionnelle pour permettre le remplacement des parlementaires en cas d’absence pour raison de maternité ou de maladie longue durée, et plaide pour une Assemblée plus adaptée aux réalités familiales.
Entretien réalisé par Eloïse GOSSELIN.
Pourquoi proposer une réforme constitutionnelle sur le remplacement des parlementaires ?
J’ai annoncé que je m’arrêterai en septembre 2025 pour prendre ce qui s’apparente à un congé maternité. Depuis mon élection en 2022, je travaille sur la question du remplacement des parlementaires en cas d’accueil d’un enfant ou d’arrêt maladie longue durée. Car je me suis rendue compte qu’actuellement, un suppléant ne peut intervenir qu’en cas de prise de fonction gouvernementale ou de décès du député. Il ne peut ni siéger ni participer aux débats.
Lorsqu’un parlementaire est temporairement absent, il n’y a plus de voix pour représenter les électeurs et électrices, en commission ou en séance. Aujourd’hui, seule une délégation de vote est possible pour les scrutins publics. Pour les votes à main levée, les débats ou le travail en commission, le siège reste vide. Donc pour la réélection du bureau de l’Assemblée prévue début octobre, aucune délégation n’est autorisée.
En quoi consiste votre proposition de loi constitutionnelle ?
Le texte propose de modifier l’article 25 de la Constitution. Aujourd’hui, cet article ne prévoit le remplacement que dans deux cas : entrée au gouvernement ou décès. Je propose d’y ajouter : « en cas d’accueil d’un enfant ou de maladie longue durée ».
Il ne s’agit pas d’instaurer un congé maternité – puisque l’élue conserve son indemnité mensuelle même absente de l’Assemblée N.D.L.R – mais plutôt d’éviter une rupture de représentativité des électeurs. D’ailleurs si un remplacement était possible, on pourrait envisager de transférer une partie de cette indemnité au suppléant.
Quelles solutions pour adapter le fonctionnement de l’Assemblée aux réalités parentales des parlementaires ?
Avec des collègues comme Véronique Riotton (Ensemble !), nous constatons un large consensus autour de cette proposition. Mais modifier la Constitution reste complexe, surtout quand il s’agit des droits des femmes, comme l’a montré l’exemple de l’IVG. L’Assemblée demeure structurée par une Constitution pensée par et pour les hommes : seules 36 % des députés sont des femmes, un recul depuis 2017. L’institution reste peu adaptée à la parentalité. Rien n’interdit ni n’autorise la présence d’un enfant ou l’allaitement en séance. Avec une collègue, nous avons demandé la création d’un espace d’allaitement et l’accès au périmètre sacré avec son bébé, pour éviter les allers-retours entre l’hémicycle et le bureau – ce que j’ai moi-même vécu après la naissance de mon premier enfant.
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