
Les syndicats de pharmaciens annoncent une série de grèves en signe de protestation face à l’arrêté officialisant la réduction des remises sur les médicaments génériques. Ils dénoncent une menace directe pour l’accès aux soins de proximité.
Par Léa DARNAY.
La colère monte dans les officines. « La trahison est actée », s’agite l’intersyndicale des pharmaciens dans un communiqué publié le 6 août. En cause : un arrêté paru au Journal officiel le mercredi 4 août, officialisant la mesure de plafonnement des remises accordées sur les médicaments génériques et biosimilaires.
À compter du 1er septembre 2025, ces remises seront limitées à 30 % pour les premiers et 15 % pour les seconds. Des baisses progressives sont également prévues, atteignant un plafond de 20 % d’ici 2027. Ce plafonnement marque la fin d’une pratique historique : jusqu’à présent, les remises pouvaient atteindre jusqu’à 40 % du prix, hors taxes fabricant.
Déjà, début juillet, les pharmaciens s’étaient mobilisés dans plusieurs villes de France pour dénoncer cette mesure en gestation. Désormais actée, elle pousse l’intersyndicale – composée de la FSPF, l’UNPF, l’USPO, l’UDGPO et Federgy – à passer à l’action.
Un message d’alerte
Une fermeture des officines ponctuelle est envisagée dès la rentrée. Si certaines pharmacies pouvaient cesser leur activité dès le 16 août, selon l’AFP, une grève plus large est prévue pour le 18 septembre, suivie de fermetures répétées « tous les samedis à compter du 27 septembre ».
L’objectif de cette mobilisation : adresser un signal fort au gouvernement et montrer concrètement les conséquences d’une journée sans officine. « Cette fermeture prochaine vise à illustrer, auprès du grand public et des décideurs politiques, l’impact que représenterait la disparition des pharmacies de proximité », précise l’USPO dans un communiqué.
L’intersyndicale met en garde contre les effets dévastateurs de cette réforme sur les 4 millions de patients accueillis chaque jour en officine : « Des milliers de pharmacies fermées, encore plus d’emplois supprimés, des communes dévitalisées, des distances accrues et des délais rallongés pour obtenir des médicaments indispensables, voire l’impossibilité d’être soigné localement ».
600 millions d’euros de pertes annuelles estimées
Selon l’Union nationale des pharmacies de France, la réforme ferait perdre au réseau officinal 600 millions d’euros par an. « Environ 30 % des officines se trouvent déjà dans une situation de trésorerie très tendue », a alerté Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, sur BFM-RMC. À travers cette mobilisation, les pharmaciens affirment refuser de « trahir notre vocation et renier nos patients ». Une pétition intitulée « Non aux déserts pharmaceutiques ! », lancée par l’USPO, a déjà recueilli 59 200 signatures au 1er août.
Dans une déclaration publiée ce mercredi 6 août, l’USPO annonce qu’elle prépare « une double procédure juridique contre l’État » : une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devant le Conseil constitutionnel et un recours pour inaction en matière d’accès aux soins devant le tribunal administratif.
L’USPO espère démontrer « le caractère inconstitutionnel de cet arrêté issu de la loi de financement de la Sécurité sociale 2025 (LFSS 2025), adopté sans étude d’impact, sans justification sanitaire ni économique, et dont les conséquences mettent en péril l’accès aux soins dans de nombreux territoires ».
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/reduction-des-remises-sur-les-medicaments-generiques-lintersyndicale-des-pharmacies-appelle-a-la-greve-des-la-rentree-h-fr-7-08-25/