TÉMOIGNAGE. « Cette maison, c’était notre rêve » : ce couple a tout perdu dans l’incendie de l’Aude (OF.fr-12/08/25)

Fabienne Pennequin, avec l’expert de l’assurance | HENRI FRASQUE / OUEST-FRANCE

35 maisons ont été détruites par le mégafeu des Corbières, dans l’Aude. « Ouest-France » a recueilli le témoignage d’une habitante de Coustouge, Fabienne, qui a perdu la sienne dans l’incendie.

Par Henri FRASQUE.

De la belle et grande maison de Fabienne et Marc Pennequin, à l’entrée du village de Coustouge, 116 habitants dans l’Aude, il ne reste rien. Enfin, plus grand-chose : des pans de murs noircis, et une cheminée encore debout. Tout le reste n’est que cendres, gravats et souvenirs. Le mardi 5 août 2025, peu après 18 h, le mégafeu qui a ravagé 17 000 ha dans le massif des Corbières, tué une personne, et blessé 25 autres, a carbonisé en quelques minutes le petit paradis du couple de quinquagénaires Nordistes, venus de Seclin (Nord).

« Cette maison, c’était notre rêve », nous raconte Fabienne, quelques jours après l’avoir rencontrée le 7 août, dans les décombres de sa maison, alors qu’elle accueillait l’expert mandaté par sa compagnie d’assurances pour constater les dégâts. « Nos trois garçons y ont grandi, y ont vécu leur adolescence. Ça a été notre première maison familiale. » Une ruine achetée sur un coup de cœur en 2011, que les Pennequin ont eux-mêmes retapée de fond en comble.

« J’aurais grillé dans la maison »

Mardi soir, Marc aperçoit au loin la fumée de l’incendie parti de Ribaute, à près de 20 km de là. « Avant de partir, il me dit : « écoute, fais quand même une valise ». Je la prépare sans trop y croire. Si j’avais été toute seule, j’aurais grillé dans la maison. » Son mari revient en urgence : « Il faut qu’on parte ! » En quelques instants, un mur de flammes se rapproche de la maison. « C’était incroyable. Le feu vrombissait comme un moteur d’avion. »

Fabienne refuse d’abandonner ses nombreux animaux, et surtout pas son vieux cheval Gabian, ni les poneys Réglisse, Minus et Loukoum. « Deux jeunes pompiers en civil, un jeune homme et une jeune fille, nous ont dit qu’il fallait partir tout de suite. Mais on ne voulait pas laisser les animaux. Le jeune homme a couru à travers champ pour ouvrir aux chevaux, et la jeune femme nous a aidés à mettre les autres animaux dans la voiture. » Poules, canards et oies sont entassés pêle-mêle dans le véhicule, qui démarre en trombe.

Pendant le reste de cette nuit de cauchemar, les Pennequin tentent à plusieurs reprises de revenir vers leur village. « Mais à chaque fois, on en était empêchés par les flammes. » Son amie Christine, propriétaire de Loukoum, parvient à rejoindre leur maison. « Toute la nuit, elle a veillé sur les chevaux, avec la maison qui s’écroulait à côté et les flammèches qui risquaient d’enflammer les pins. » À 7 h du matin, après une nuit blanche, ils découvrent le champ de ruines.

Les ruines de la maison des Pennequin à Coustouge | COLLECTION PARTICULIÈRE

« On ne pourra pas le remplacer »

En dehors des quelques effets personnels jetés à la hâte dans la valise, d’un disque dur de leurs passeports et de leurs moyens de paiement, le couple a absolument tout perdu. Passionné de musique, Marc a vu disparaître son immense collection de disques, de CD et de cassettes. Ce qui leur manquera le plus : « Les photos de nos parents, celles de nos enfants, petits, le cahier que le grand-père avait écrit. Ça, on ne pourra pas le remplacer. »

Le chat Cacharel, brûlé au 3e degré | COLLECTION PARTICULIÈRE

À l’exception d’une tortue, tous les animaux ont été sauvés. Le coq Monroe et le chat Cacharel, souffrant de brûlures, ont été soignés par des vétérinaires. Les Pennequin, qui louent plusieurs biens, ont trouvé refuge dans une de leurs maisons en travaux.

Le quotidien de Fabienne depuis l’incendie ? « Courir pour les animaux, remplir de la paperasse, répondre à des messages. Toute la famille a besoin d’être rassurée. » Depuis le 5 août, elle dort à peine. « Je suis à 2 000 à l’heure, je tiens sur les nerfs, et je sais qu’à un moment, je vais tomber. Mais j’ai encore trop de choses à gérer. » Marc, très affecté, n’est pas revenu voir les ruines de sa maison. Pour l’instant, le couple n’a « aucune idée » de la valeur de leur patrimoine ainsi disparu dans l’incendie.

Ce qui leur fait du bien : l’aide de leurs trois fils, le soutien de leur famille, l’assureur « qui assure », le geste d’un centre équestre, qui a accueilli gracieusement leurs chers chevaux, ceux de connaissances ou d’inconnus qui leur proposent spontanément de l’aide, ou un hébergement. Et le courage des pompiers. « Je suis stupéfaite par leur humilité. Alors qu’ils nous ont sauvé la vie. »

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Source: https://www.ouest-france.fr/faits-divers/incendie/fabienne-et-marc-ont-tout-perdu-dans-lincendie-de-laude-cette-maison-cetait-notre-reve-dd80bf46-7782-11f0-86b5-962552fd955f

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/temoignage-cette-maison-cetait-notre-reve-ce-couple-a-tout-perdu-dans-lincendie-de-laude-of-fr-12-08-25/

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