Plusieurs dirigeants européens (Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, Friedrich Merz) se sont joints à Volodymyr Zelensky, pour une rencontre organisée à la Maison Blanche, lundi 18 août, en présence de Donald Trump. Le moyen d’affirmer leur position, alors que le président des États-Unis sortait, trois jours plus tôt, d’un sommet avec Vladimir Poutine.
Par Tom Demars-Granja
Avant que ne débutent les discussions avec les Européens, leur hôte, Donald Trump se serait enthousiasmé auprès de son homologue français, Emmanuel Macron. Lors d’un échange capté à son insu par un micro, le président des États-Unis affirme que Vladimir Poutine « veut conclure un accord pour moi ». La suite de sa confidence : « Vous comprenez ? Aussi dingue que ça paraisse. »
Quelques minutes plus tard s’est enclenchée la rencontre entre les deux chefs d’État, en compagnie du secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, du premier ministre britannique, Keir Starmer, de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, du président finlandais, Alexander Stubb, du chancelier allemand, Friedrich Merz et du président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky.
« Nous avons eu une très bonne conversation »
La réunion en question, organisée à la hâte au sein de la Maison Blanche, lundi 18 août, avait pour but d’impulser (du côté des Européens) une feuille de route qui ne reprendrait pas les exigences du dirigeant russe, Vladimir Poutine. L’annonce de sa rencontre avec Donald Trump, vendredi 15 août, avait de quoi donner des sueurs froides, tant les deux dirigeants affichaient jusque-là leur vision rapprochée du conflit en cours en Ukraine.
L’enchaînement des deux sommets laisse pourtant une impression d’accélération au niveau diplomatique, aussi fragile soit-elle. « Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c’était vraiment la meilleure », s’est réjoui Volodymyr Zelensky, alors que les présidents ukrainien et états-unien se sont retrouvés en privé, tandis que les dirigeants européens se rassemblaient dans une salle voisine.
Donald Trump a, de son côté, annoncé vouloir « commencer les préparatifs » d’une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine – qui rejetait jusqu’ici une telle réunion, considérant son homologue comme illégitime. Le président russe a finalement convenu de cette future rencontre, qui devrait se produire dans les deux semaines à venir, lors d’un entretien téléphonique avec le locataire de la Maison Blanche, a fait savoir Friedrich Merz.
« Nous nous attendons à une rencontre trilatérale », a par la suite ajouté le chef d’État ukrainien, auprès de la presse. Donald Trump a précisé, sur son réseau Truth social, qu’il souhaite l’organisation d’une seconde rencontre entre les dirigeants russe et ukrainien à laquelle il prendrait part. Reste à savoir si une « simple » rencontre – même inédite – pourra réellement mettre un terme à un conflit long de trois ans.
« Plus qu’une hypothèse, c’est même la volonté collective »
Les Européens se sont engouffrés dans ce revirement en plaidant pour que la rencontre ait lieu sur leur territoire. Emmanuel Macron milite ainsi pour qu’elle se tienne à Genève. « Plus qu’une hypothèse, c’est même la volonté collective, a-t-il surenchéri, lors d’un entretien diffusé mardi 19 août sur LCI. Ce sera un pays neutre, et donc peut-être la Suisse, je plaide pour Genève, ou un autre pays. La dernière fois qu’il y a eu des discussions bilatérales, c’était à Istanbul. » Le président de la France en a profité pour annoncer la tenue, dès ce mardi à midi, d’une nouvelle réunion avec le Royaume-Uni et « les 30 pays qui travaillent sur des garanties de sécurité pour les tenir au courant de ce qui a été décidé ».
« Dans la foulée, on lance le travail concret avec les Américains et donc, dès demain, nos conseillers diplomatiques, ministres, chefs d’état-major lancent le travail pour voir qui est prêt à faire quoi, avait-il déjà prévenu un soir plus tôt. L’Ukraine fera les concessions qu’elle estime justes et bonnes. » Volodymyr Zelensky annonçait au même moment que d’éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l’Ukraine seraient « une question que nous laisserons entre moi et Poutine ».
Les alliés occidentaux de Kiev vont aussi formaliser, « d’ici dix jours », les garanties de sécurité pour Kiev, afin de prévenir toute nouvelle attaque russe sur ce pays en cas d’accord de paix avec Moscou, a déclaré le président ukrainien. « Il y aura de plus en plus de détails, car tout sera couché sur papier et officialisé (…) d’ici une semaine à dix jours », a-t-il indiqué. Donald Trump s’est aussi montré ouvert à un engagement des États-Unis dans le cadre de ces garanties de sécurité accordées à l’Ukraine.
Le Financial Times révélait que Kiev a annoncé à la Maison Blanche vouloir s’engager à acquérir des armes états-uniennes pour un montant de 100 milliards de dollars (soit près de 86 milliards d’euros). Le tout financé par les Européens. Un partenariat de 50 milliards de dollars serait ainsi sur la table pour que l’Ukraine produise des drones états-uniens. À la fin, c’est par les affaires que l’Ukraine aura réussi à attirer l’attention du pays dirigé par un ancien magnat de l’immobilier. Le risque d’un énième retournement reste, lui, entier.
il faut préciser les taxes en sus: 10% pour le trésor us imposées par Donald!