
L’union syndicale Solidaires prendra part aux mobilisations des 10 et 18 septembre. « La grève doit être visible, et pas seulement dans les professions clés comme les transports ou les éboueurs », prévient Murielle Guilbert, la co-déléguée générale.
Entretien réalisé par Naïm SAKHI.
Une rentrée de hautes luttes pour Solidaires. L’union syndicale forte de 110 000 adhérents lance sa campagne de rentrée « pas d’économie sur nos vies ». Déclinée en trois axes (salaires, santé, transport), cette initiative se veut une riposte aux projets budgétaires de François Bayrou. Impliquée dans la mobilisation de l’intersyndicale du 18 septembre, Solidaires sera aussi partie prenante de la journée du 10 septembre.
Pourquoi avoir lancé une campagne « Pas d’économie sur nos vies » ?
Murielle Guilbert, co-déléguée générale de Solidaires
Cette campagne a été pensée comme une riposte aux annonces de 44 milliards d’euros d’austérité voulus par François Bayrou. Nous souhaitons ainsi expliquer très concrètement aux travailleurs et travailleuses ce que signifient dans leurs vies les coupes budgétaires à venir, avec des exemples concrets.
La question des salaires revient de manière récurrente, alors que depuis 2000, le coût de la vie a augmenté de 52 %. Nous exigeons que le Smic soit porté à 2000 euros net, l’indexation des salaires sur l’inflation et une hausse de 400 euros l’ensemble des rémunérations. Le droit aux transports est aussi mis en avant dans notre campagne, alors que les dépenses en mobilités représentent près de 14 % de la consommation des ménages.
Enfin, il s’agit surtout de déconstruire un mensonge : la dette n’est pas le fruit d’un excès de dépenses, mais d’un manque de recette, provoqué par les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux plus fortunés. Avec du matériel syndical varié, nous souhaitons construire une campagne de terrain, articulé en lien avec nos syndicats pour appuyer des mobilisations locales ou dans les lieux de travail.
Un de vos trois axes de campagne concerne les arrêts maladies. Craignez-vous une offensive libérale dans la durée ?
C’est un risque. D’ailleurs, la volonté de l’exécutif de passer en force et par décrets sur le doublement des franchises médicales le démontre. Et, dans le même temps, le Rassemblement national promet d’instaurer un troisième jour de carence pour les agents de la fonction publique. Cette offensive n’arrêtera qu’avec un rapport de force, afin de sortir des discours de culpabilisation des travailleurs et des malades.
C’est bien la question de l’organisation du travail par le patronat qui se pose. La souffrance au travail, même psychologique, conduit à des souffrances physiques. D’où le recours aux arrêts maladie qui augmentent. Il faut combattre la perte de sens au travail. Pour Solidaires, la prise en charge à 100 % des dépenses de santé et des congés maladies doit être la norme. Nous avons des pistes de financement, à commencer par revenir sur les exonérations de cotisation patronales. Plus largement, pour notre union syndicale, l’ensemble des 211 milliards d’aides aux entreprises doivent être conditionnées à des normes sociales et environnementales.
Comment Solidaires s’inscrit dans les dynamiques citoyennes du 10 septembre et de l’intersyndicale du 18 septembre ?
Qu’importe la situation politique après le vote de confiance du 8 septembre, nous devrons construire un rapport de force social pour stopper les politiques néolibérales. Solidaires est grandement impliquée dans l’initiative du 10 septembre et appelle à la grève. Le mouvement « Bloquons tout » est né en plein été, sur les réseaux sociaux. Cela démontre la colère, le ras-le-bol des plus précaires d’être toujours ceux qui payent la facture.
Chez les travailleurs, les mesures austéritaires de François Bayrou sont vécues comme la provocation de trop, la cerise sur le gâteau. Nous travaillons à ce que cette colère s’exprime par la grève ou d’autres formes d’action pour construire un rapport de force. À Solidaires, nous pensons que le mouvement de 2023 contre la réforme des retraites a péché par le peu de recours à la grève.
Malgré les mobilisations de rues, les taux de grévistes n’ont pas été au rendez-vous. La grève doit être visible, et pas seulement dans les professions clés comme les transports ou les éboueurs, pour faire infléchir le patronat. Nous nous réunirons le 11 septembre à Solidaires pour construire les suites du mouvement.
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