
Par Elias PESCHIER.
Il y a quelques jours, une nouvelle étude sur la nouvelle géographie des inégalités est tombée. Le constat est implacable : Paris est devenue la capitale des grandes fortunes, où l’accumulation de richesses atteint des proportions inédites. Pendant que les classes populaires voient leur patrimoine s’effondrer, une poignée de familles installe dynasties et empires au cœur de la capitale.
Les chiffres sont accablants : entre 1998 et 2021, le patrimoine des 10 % de Français les plus pauvres a chuté de 54 %. Celui des 10 % les plus riches a explosé de 94 % dans le même temps. Depuis 1996, le patrimoine total des 500 personnes les plus fortunées a été multiplié par 14, notamment à Paris. Pourtant, face à ce constat, François Bayrou et le gouvernement refusent obstinément de taxer les ultra-riches, préférant faire payer la crise aux classes moyennes et populaires. Notre article.
Des fortunes qui explosent
Cet été, la famille Dumas (Hermès) a détrôné Bernard Arnault (LVMH) comme première fortune française. 163 milliards d’euros de patrimoine, soit davantage que le budget de l’Éducation nationale. Ces exemples ne sont pas isolés. Depuis 1996, le patrimoine des 500 premières fortunes professionnelles françaises a été multiplié par 14. Dans le même temps, la richesse produite par la France n’a fait que doubler. Résultat : la part de ces « 500 » dans le patrimoine financier total des ménages est passée de 2 % à 18 %. Une captation massive des richesses par une poignée d’individus.
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Les riches accumulent toujours plus, les plus pauvres continuent de perdre de l’argent
Selon l’Insee, entre 1998 et 2021, le patrimoine moyen des 10 % les plus pauvres a chuté de 54 %, tandis que celui des 10 % les plus riches a bondi de 94 %.
Et désormais, ce n’est même plus une question de réussite personnelle : on hérite. Dans le classement Challenges, 44 % des grandes fortunes sont des héritiers ; dans le top 100, c’est 60 %. Autrement dit : à Paris, on ne réussit pas, on naît riche.
Paris, capitale des ultra-riches
La capitale concentre tout. Plus de 43 000 foyers parisiens paient l’impôt sur la fortune immobilière, soit 24 % de tous les assujettis en France. Avec leurs voisins de Neuilly, Versailles ou Saint-Germain, ils détiennent 58 % du patrimoine immobilier taxable.
L’immobilier joue un rôle central : en vingt ans, le prix du mètre carré a doublé à Paris, dépassant 9 500 € en moyenne, avec des pointes à 13 000, voire 14 000 euros dans certains arrondissements.
Résultat, 70 % des acheteurs sont des CSP+, les ouvriers et employés ne représentent plus que 5 %. Ces « dynasties urbaines » fonctionnent en vase clos : on naît dans les beaux quartiers, on hérite de biens valorisés, on bénéficie de donations, et on reste dans le même micro-quartier. Pendant ce temps, dans le 19ᵉ arrondissement, la moitié des logements sont sociaux. Deux mondes parallèles.
À cela s’ajoute une nouvelle élite : la haute fonction publique, les sièges sociaux des grandes entreprises (79 % des 120 premières sont en Île-de-France), et l’écosystème des start-up. Sur 24 licornes françaises (une entreprise dont la valorisation est supérieure à 1 milliard de dollars, ndlr), 19 sont à Paris. Le reste de la France est marginalisé, Paris concentre l’argent, les emplois dirigeants et les plus gros salaires.
La taxe Zucman : simple, juste, efficace
Face à cette concentration indécente, des solutions existent. L’économiste Gabriel Zucman propose une taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Rien de révolutionnaire : une contribution minimale pour ceux qui possèdent des fortunes colossales.
En France, cette taxe rapporterait environ 20 milliards d’euros par an. De quoi financer les hôpitaux, les écoles, et accélérer la bifurcation écologique.
François Bayrou a dit non. Plutôt que de prélever une petite part des fortunes extravagantes, il choisit d’imposer des sacrifices aux classes moyennes et populaires : augmentation des franchises médicales, coupes dans les retraites, suppression de jours fériés, réduction des remboursements pour les malades chroniques. En clair, Bayrou préfère prendre dans les poches de ceux qui n’ont rien plutôt que de demander un effort à ceux qui ont tout.
Une question de choix
L’étude le montre : Paris est devenue une machine à concentrer les richesses pour une minorité. Ce n’est pas une fatalité. La roue de la fortune pourrait tourner autrement, si la volonté politique existait de redistribuer les richesses et d’investir dans les services publics.
François Bayrou a fait son choix : protéger les grandes fortunes. Aux citoyennes et citoyens de faire le leur : exiger la justice fiscale.
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Source: https://linsoumission.fr/2025/09/04/en-23-ans-94-patrimoine-riches-pauvres/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/en-23-ans-94-pour-le-patrimoine-des-10-les-plus-riches-54-pour-celui-des-10-les-plus-pauvres-li-fr-4-09-25/