Les Français ont de quoi être en colère ! (LGS-3/09/25)

Par Patrick CHAMPAGNAC.

Le Ministère de l’Économie et des Finances l’admet aujourd’hui : il n’y a eu aucun suivi des 211 milliards d’euros d’argent public versés sans condition et sans contrepartie chaque année aux entreprises . Il n’y a eu aucun contrôle, aucun suivi de résultat, aucune traçabilité de l’utilisation de ces sommes astronomiques. C’est l’un des plus grands scandales d’État !

Pourquoi a-t-on laissé faire ? Pourquoi aucun contre-pouvoir a pu arrêter cette machine infernale ? Comment en est-on arrivé là ? Il faut répondre à ces questions. Elles doivent être posées. Elles concernent tous les français eux qui ont été accusés par le premier ministre d’être responsable du déficit abyssal de la France et de la crise économique, accusés d’avoir vécu au-dessus de leurs moyens par une classe politique qui n’a jamais travaillé dans la vraie vie mais qui vit depuis des dizaines d’années sous les lambris dorés de la République. Les Français veulent savoir à quoi a servi l’argent de leurs impôts. Ces questions doivent être posées parce qu’elles concernent l’intérêt général. Or ces questions ne sont apparues qu’assez récemment. Pourquoi ? Pour quelles raisons ?

À aucun moments sous la présidence d’Emmanuel Macron, les gouvernements successifs n’ont cru bon de rectifier le tir. Bien au contraire, tous ont fermé les yeux, tous ont joué la diversion, jusqu’à s’atteler avec le patronat et certains médias pour créer des écrans de fumée autour de ce scandale d’État en désignant toujours les mêmes boucs-émissaires, les retraités, les immigrés, les Français au chômage, les Français au RSA, les précaires, les fraudeurs de la Sécu, les  » gens de rien » , tous désignés à la vindicte médiatique, accusés de creuser le déficit public, des femmes, des hommes qu’il faut dénoncer, traquer, chaque jour, sans répit , surveiller pour punir … Quelle indignité !

Sur les 211 milliards d’euros d’aides publics versées sans condition chaque année aux entreprises, le gouvernement n’a jamais contrôlé une seule entreprise pour savoir où allait cet argent public, ni à quoi il avait servi, ni si il avait été utilisé pour créer des emplois.

En revanche, chacun a pu constater que les salaires n’ont pas augmenté et que les effectifs et les emplois ont fondu comme neige au soleil. Ces aides publiques pharaoniques n’ont pas empêché ces entreprises de licencier, ni de se délocaliser ou de vendre certaines de leurs productions à des capitaux étrangers

L’exemple de Sanofi est révélateur. Le groupe côté en bourse au CAC40 a touché d’énormes aides publiques de l’État en crédit recherche et cela ne l’a pas arrêté de supprimer des emplois. 3000 en France entre 2019 et 2023, et autant avant, 1200 en 2024 dans la Recherche et Développement. En avril 2025, Sanofi voulait encore supprimer 385 postes de plus en France mais ce dernier plan social a été annulé sur décision de justice par le Tribunal administratif. Pourtant Sanofi se porte très bien. Au troisième trimestre 2020, il annonçait un chiffre d’affaires de 9,48 milliards euros, en hausse de 5,7 %, et un résultat net qui croit de 9,4 %. Les résultats pour l’année complète devaient suivre cette tendance, comme les années suivantes, justifiant à chaque fois de nouveaux dividendes records pour les actionnaires. En 2024, le Canard enchaîné relève les 5,4 milliards d’euros de bénéfices du groupe en 2023, et note que le nouveau ministre de l’économie a réclamé « un bilan exhaustif » concernant les subventions d’argents publics que le groupe Sanofi a reçu au cours des dix dernières années, « notamment les 250 millions versés pour développer un vaccin français contre le covid qui n’a jamais vu le jour ». Sanofi est un exemple, mais combien d’autres grandes entreprises du CAC 40 ont profité du système ? TotalEnergie, LVMH, Auchan qui a annoncé le 5 novembre 2024 son intention de se séparer de 2384 de ses 54000 salariés employés en France après avoir bénéficié entre 2013 et 2023 de 636 millions d’euros d’aides fiscales et de 1,3 milliards d’euros d’allégements de cotisations sociales, Carrefour qui a bénéficié de 2,3 milliards d’euros d’exonérations au titre du CICE et qui a reversé 2,8 milliards à ses actionnaires, Michelin qui en novembre 2024 annonce 1525 suppressions d’emploi après avoir reçu 70 millions d’euros d’aides publiques en deux ans et qui a versé en même temps 1, 4 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, ArcelorMittal qui après avoir touché près de 300 millions d’euros de L’État en 2023 prévoit la suppression de 600 emplois tout en distribuant chaque année à ses actionnaires entre 200 et 300 millions d’euros de dividendes, Lactalis, StMicroelectronics qui envisage de supprimer 1000 emplois après avoir reçu en 2023 487 millions d’euros d’aides publiques tout en reversant plus de 200 millions d’Euros à ses actionnaires etc, etc.
(Chiffres tirés du rapport de la Commission d’enquête sénatoriale sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprise remis le 7 juillet 2025 )

Patrick CHAMPAGNAC

Source originale : https://www.facebook.com/patrick.champagnac.7

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Source: https://www.legrandsoir.info/les-francais-ont-de-quoi-etre-en-colere.html

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-francais-ont-de-quoi-etre-en-colere-lgs-3-09-25/

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