Bloquer Bayrou, Macron et le système (IO.fr-3/09/25)

Vu sur les réseaux sociaux d’Indignons-nous : bloquons tout et de la France insoumise.

Cela fait maintenant plus d’une semaine que François Bayrou a annoncé en direct qu’il se soumettrait, avec son gouvernement, à un vote de confiance à l’Assemblée nationale, confiance qui selon toute probabilité lui sera refusée et verra sa chute.

Par Gabriel Caruana

Cela fait maintenant plus d’une semaine que François Bayrou a annoncé en direct qu’il se soumettrait, avec son gouvernement, à un vote de confiance à l’Assemblée nationale, confiance qui selon toute probabilité lui sera refusée et verra sa chute.

Cette décision, guidée par les plus hauts sommets de l’ Etat, n’a qu’un but : « débrancher un fusible pour ne pas changer le boîtier électrique » , selon l’expression d’un militant dans une assemblée syndicale. Car le « boîtier électrique » à préserver, c’est le président de la République, détesté dans la population (67 % des Français souhaitent sa démission selon un sondage), lui qui a permis en 10 ans aux 500 plus grandes fortunes du pays de doubler leur patrimoine pendant que le taux de pauvreté atteint un niveau record avec plus de 10 millions de personnes concernées.

Le « boîtier électrique » , ce sont les institutions de la Ve République qui avec tous leurs artifices, permettent de bafouer et piétiner la volonté de rupture exprimée par une majorité.

L’ampleur prise par la date du 10 septembre, avec l’objectif de « tout bloquer », effraie

L’ampleur prise dans la population par la date du 10 septembre, avec l’objectif de « tout bloquer » suite à l’annonce du budget en juillet, effraie. En choisissant le 8 septembre comme date du vote de confiance, il fallait tenter de le désamorcer mais la crise politique crée une profonde inquiétude. « Patrons cherchent stabilité désespérément », titre l’éditorialiste des Échos, Cécile Cornudet, le 29 août 2025 en pleine université d’été du Medef. Elle souligne : « Et dire que le patronat se félicitait plutôt cette fois d’un Premier ministre ayant le courage de s’attaquer à la dette. Oui mais pas comme cela. »

Il est vrai que la crise est profonde, au sein même du parti de Bruno Retailleau, pilier du gouvernement Bayrou, certains parlementaires hésitent à voter la confiance. « Aucun des députés LR n’a envie de se retrouver avec un tampon “a voté la confiance” sur ses affiches de campagne » en cas de dissolution, rapporte Le Figaro du 2 septembre. Valérie Pécresse, membre du même parti, se déclare favorable à une élection présidentielle anticipée en cas de rejet du vote de confiance (BFMTV, 1er septembre).

Gérald Darmanin, lors de sa rentrée politique à Tourcoing, appelle les socialistes et Les Républicains à se tendre la main « pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire nos institutions ». Et c’est bien vers le Parti socialiste (PS), qui a permis au gouvernement Bayrou de faire voter son budget 2025 d’austérité, que tous les yeux se tournent.

« Nous n’échapperons pas à l’effort budgétaire » (Bernard Cazeneuve) 

Bernard Cazeneuve et Edouard Philippe ont ouvert le bal le 30 août dans un débat où, selon Le Point du même jour, ils seraient tombés d’accord sur le maintien du gouvernement Bayrou, ce qui n’empêche pas Cazeneuve de se placer pour la suite : « Nous n’échapperons pas à l’effort budgétaire. (…) Il faut trouver un compromis qui permettra à la France de ne pas décrocher avant l’élection présidentielle. Je souhaite que toutes les forces de gouvernement fassent des propositions, et poussent le Premier ministre à aller plus loin encore (…). »

« Ne pas échapper à l’effort budgétaire », c’est-à-dire imposer un nouveau budget de guerre contre la population, dans le même temps où les dépenses militaires explosent et les livraisons d’armes pour le génocide à Gaza continuent, c’est ce que martèle aussi le très libéral quotidien l’Opinion (2 septembre) qui consacre quatre pages à cette exigence patronale : « Réduction du déficit, il n’y a pas d’alternative ». Et c’est la même musique qui parcourt les universités du PS qui présente un « contre-budget » avec 23 milliards d’euros d’économies qui ne pourront être réalisées autrement qu’en tapant sur les services publics, les hôpitaux, l’école, la Sécurité sociale, le pouvoir d’achat des fonctionnaires…

Les députés du Parti socialiste ont été élus sur le programme du Nouveau Front populaire. Nulle trace dans ce « contre-budget » du passage au Smic à 1600 € nets, des 10 % d’augmentation du point d’indice des fonctionnaires ou des APL, du blocage des prix des biens de première nécessité, du sauvetage de l’hôpital public, de l’abrogation de la réforme des retraites pour ne citer que quelques-unes des mesures d’urgence qui ont dégagé une majorité dans le pays.

Mais ce que refusent toutes celles et ceux qui, chaque jour plus nombreux, rejoignent le mouvement du 10 septembre, c’est cette remise en cause permanente de la démocratie, que ce soit à coups de 49.3 ou de trahison du mandat. C’est ce qu’a exprimé aussi Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de la France insoumise (LFI) : « Nous n’accorderons pas de confiance à un gouvernement qui ne porte pas un programme de rupture, sur lequel les socialistes ont été élus. (…) Nous ne voulons pas participer à un bricolage qui permet d’une manière ou d’une autre, de continuer une politique macroniste. »

Ce refus de toutes les carambouilles anime les assemblées citoyennes qui se multiplient dans le pays et regroupent de quelques dizaines à plusieurs milliers, et dans lesquelles les décisions ne sont pas prises d’en haut ni de l’extérieur, mais après des discussions où la parole de chacun est écoutée.

Chacun est convaincu que pour gagner, il faut frapper ensemble, à la même date, et bloquer, voilà pourquoi aujourd’hui tous les efforts se concentrent sur la date du 10 septembre pour que cette force s’exprime et puisse s’organiser pour la victoire.

C’est ce qu’expriment les prises de position toujours plus nombreuses de syndicats, d’unions départementales, de fédérations syndicales, de déclarations intersyndicales qui ont décidé d’appeler à la grève le 10 septembre, aux actions de blocage. Et tous les militants syndicaux, les permanences syndicales se voient interpeller ces derniers jours par les salariés, syndiqués ou non, qui leur disent : « Le 10 septembre, nous serons en grève. »

C’est une réalité incontournable qui fait que, à ce jour personne ne s’intéresse à la date du 18 septembre posée par toutes les confédérations syndicales, dont la CFDT, qui a invité Bayrou à ses universités d’été dans l’Essonne.

Pourquoi ne pas appeler tous ensemble, le 10 septembre ?

Et pour cause, tout le monde se demande pourquoi. à la fin d’un comité confédéral national (CCN) mouvementé, la confédération CGT décidait d’appeler au 10 septembre. Dès fin août, la confédération Force ouvrière (FO) avait déposé un préavis de grève à compter du 1er septembre.

Alors, pourquoi, pourquoi ne pas appeler tous ensemble le 10 ? Pourquoi ne pas y aller tous ensemble jusqu’à satisfaction ? L’expérience, encore confirmée il n’y a pas si longtemps démontre sans contestation possible que les journées d’action « saute-mouton » , quand bien même appelées dans l’unité, ne servent que de répit à l’adversaire. Les travailleurs, la population laborieuse n’aspirent pas vraiment à simplement manifester son mécontentement, c’est une chose acquise. Ils s’engagent, ils veulent gagner. Pourquoi les grandes centrales n’y répondraient-elles pas dans l’unité dès le 10 puisqu’en plus, les revendications sont exactement les mêmes ? À moins qu’il ne s’agisse de s’enfoncer encore dans cette chimère d’être garant de la « stabilité » qui est bien loin des prérogatives syndicales et qui n’est pas autre chose qu’une vraie posture politique demandée par Macron et Bayrou, et bien défendue par la CFDT. Mais nous ne sommes que le 2 septembre, il est peut-être encore temps.

Bloquer Bayrou, Macron et le système, c’est le 10 septembre que ça commence, et les suites appartiendront à celles et ceux qui se mobilisent pour sa réussite.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/09/03/bloquer-bayrou-macron-et-le-systeme/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/bloquer-bayrou-macron-et-le-systeme-io-fr-3-09-25/

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