Avant je voyais un terroriste en fou furieux semant la mort parmi les civils. Or j’ai appris qu’un terroriste peut être une dame en chaise roulante avec un panneau où sont inscrits des mots interdits.
👁🗨 Le terme “terroriste” frise carrément le grand guignol
Par Caitlin Johnstone, le 8 septembre 2025
La police britannique a arrêté près de 900 personnes au cours du week-end pour avoir manifesté leur soutien au groupe pacifiste Palestine Action. En vertu de la législation britannique, il est illégal d’exprimer une opinion favorable à ce groupe, car le gouvernement britannique l’a classé parmi les organisations terroristes, au même titre que l’État islamique ou Al-Qaïda.
De son côté, l’administration Trump justifie l’assassinat de Vénézuéliens à bord d’un bateau en les qualifiant de “narcoterroristes”, une étiquette fourre-tout qui amalgame trafiquants de drogue, kamikazes et auteurs de fusillades de masse.
Le terme “terroriste” devient chaque jour un peu plus grotesque.
“Avant, je pensais qu’un terroriste ressemblait à un fou furieux tuant un grand nombre de civils. Maintenant, je sais qu’un terroriste ressemble en réalité à une femme en fauteuil roulant tenant un panneau sur lequel sont inscrits des mots interdits”.
Au Royaume-Uni, un terroriste est quelqu’un qui brandit une pancarte en carton sur laquelle est écrit “Je soutiens Palestine Action”.
Aux États-Unis, un terroriste est un Vénézuélien soupçonné de trafic de drogue.
En Israël, un terroriste est quelqu’un qui résiste à l’occupation.
On nous dit que le Yémen est un repaire de terroristes parce qu’il tente de s’opposer à l’holocauste du XXIe siècle.
On nous dit que les terroristes pullulent au Liban parce qu’ils s’opposent à un État d’apartheid génocidaire.
On nous dit enfin que l’Iran grouille de terroristes parce que son gouvernement résiste aux manœuvres impérialistes de changement de régime.
On nous a dit qu’Al-Qaïda est une organisation terroriste parce qu’elle a perpétré les attentats du 11 septembre, mais lorsqu’elle a aidé l’Occident à se débarrasser d’Assad, elle a été soudainement été convertie au statut d’alliée.
Les militants ouïghours étaient autrefois considérés comme des terroristes, mais on les a rayés de la liste lorsqu’ils ont été jugés utiles à la lutte contre Pékin et Damas.
Il a fallu envahir l’Irak parce que Saddam était censé fournir des armes de destruction massive aux terroristes, mais après l’invasion, aucune de ces armes n’a été détectée, et l’Irak a alors été soudainement frappé par une épidémie d’attentats-suicides.
Il a fallu envahir l’Afghanistan parce que les talibans auraient servi de refuge aux terroristes, mais après 20 ans d’occupation militaire, l’empire a eu besoin de déployer sa machine de guerre sous d’autres cieux, et les talibans ont pu reprendre le contrôle du pays.
En 2010, le vice-président de l’époque, Joe Biden, a qualifié Julian Assange de “terroriste high-tech” pour avoir révélé les crimes de guerre des États-Unis avec WikiLeaks.
Le terrorisme a servi de prétexte pour adopter le Patriot Act aux États-Unis et le Terrorism Act au Royaume-Uni, ainsi que d’innombrables autres mesures autoritaires dans le monde occidental que les dirigeants de l’empire cherchent à imposer depuis des années.
“Les Américains de droite se sont subitement mis à prétendre que « narcoterroristes » est un terme approprié et que tuer des trafiquants de drogue revient à tuer des terroristes, simplement parce que le président leur a imposé cette idée. C’est du pur double langage orwellien, digne de 1984”.
En réalité, le terme “terroriste” ne désigne que ceux que l’empire veut éliminer ou emprisonner, ou encore ces groupes dont la classification comme terroristes peut justifier la promotion d’agendas géostratégiques préétablis.
La propagande sert à ancrer des événements tels que le 11 septembre dans la conscience occidentale comme des exemples de terrorisme à éviter à tout prix, Et cette étiquette “terrorisme” peut être appliquée à tous les opposants aux projets de l’empire occidental.
Une fois admise l’idée que rien ne peut limiter la répression étatique contre le terrorisme, il suffit à l’État de qualifier quelqu’un de terroriste pour faire fi de toutes les règles censées l’en empêcher. Le génocide en cours à Gaza, justifié par la nécessité d’éliminer des terroristes, en est une illustration criante.
Lorsque les puissants de l’empire, assoiffés de pouvoir, se voient accorder des pouvoirs illimités pour lutter contre le terrorisme, l’univers tout entier fourmille soudain de terroristes potentiels.
Plus cet empire est méprisé, plus le nombre de “terroristes” augmente. Car pour l’empire, est terroriste toute personne dont l’action dérange.
Si ça continue, nous serons bientôt tous des “terroristes”.
Source : https://ssofidelis.substack.com/p/le-terme-terroriste-frise-carrement
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/le-terme-terroriste-frise-carrement-le-grand-guignol-sofs-08-09-25/