
Héros des océans pour les uns, réactionnaire pour d’autres, Paul Watson divise. Son invitation à la Fête de l’Humanité relance le débat sur ses alliances controversées et ses propos malthusiens. Reporterre l’a interrogé.
Entretien réalisé par Alexandre-Reza KOKABI.
Le capitaine Paul Watson est-il un camarade ? Figure iconique de la lutte contre la chasse aux baleines, fondateur de Sea Shepherd et ancien compagnon de route de Greenpeace, Paul Watson est annoncé à la Fête de l’Humanité, qui se tient du 12 au 14 septembre. Sa venue a déclenché une vague d’indignation : plusieurs collectifs écologistes, dont Youth for Climate Paris, ont réclamé sa déprogrammation, dénonçant l’invitation d’un « écofasciste » — terme désignant les formes d’écologie d’extrême droite, où la protection de l’environnement sert de prétexte et de justification à des politiques racistes et autoritaires.
Depuis près d’un demi-siècle, le militant canadien incarne une écologie de confrontation, faite d’abordages spectaculaires et de sabordages de navires baleiniers. Arrêté en juillet 2024 au Groenland à la demande du Japon, soupçonné d’être coresponsable de dommages et blessures lors d’une campagne contre un baleinier nippon en 2010, il a passé cinq mois en détention avant que Copenhague ne rejette son extradition. L’épisode a cristallisé la violence croissante qui s’abat sur les militants écologistes et déclenché une forte mobilisation.
Mais derrière l’image héroïque de l’« écoguerrier », du « pirate des océans » ou du « berger des mers », c’est une autre facette du personnage, moins connue, qui suscite la défiance d’une partie du mouvement écologiste. Celle d’un homme aux déclarations malthusiennes, accusé de diatribes anti-immigration, de mépris des pratiques autochtones, de sexisme et de proximité avec des personnalités d’extrême droite. Après avoir exploré ses prises de position, Reporterre est allé à sa rencontre début septembre.
« Mes positions ont toujours été claires »
À peine notre proposition envoyée, jeudi 21 août à 14 h 40, qu’il s’emparait de son téléphone. Trois minutes plus tard, la réponse tombait : il acceptait l’entretien, tout en annonçant la couleur. « Mes positions ont toujours été claires. J’ai combattu le racisme toute ma vie, mais il faut toujours s’attendre à des accusations non fondées. J’ai beaucoup d’ennemis. »
Paul Watson, âgé de 74 ans, nous a donc reçus, pieds nus, sur la péniche où il vit, amarrée à Paris. Tout de blanc vêtu — chemise entrouverte et pantalon ample assortis à sa chevelure et à son bouc immaculés. À l’intérieur, l’habitacle sentait le bois ciré et tanguait doucement au passage des bateaux-mouches, dont les silhouettes glissaient derrière les hublots. Sur ses étagères, un livre d’Edward Abbey côtoyait un jeu Risk, des médailles, un drapeau palestinien et une miniature du char à son effigie, libéré de ses chaînes, réalisé pour le carnaval de Nice en 2025.

C’est dans ce décor qu’il nous a exposé le cœur de sa vision, son idée fixe : le biocentrisme. « La Terre est un vaisseau spatial qui voyage dans la Voie lactée », illustre-t-il. Comme tout bon vaisseau, elle dispose d’un système de survie qui fournit nourriture, air respirable, température adéquate. Mais ce système ne tient que grâce à son « équipage d’ingénieurs » : bactéries, arbres, phytoplancton…
« Ce sont eux qui maintiennent le système de survie en état de marche », dit-il. Les humains, eux, « ne sont que des passagers. Mais en nous amusant à faire de la politique ou en nous divertissant, nous assassinons les ingénieurs ». Et Watson de conclure l’image : « Si l’équipage disparaît, le système de survie tombe en panne, et tous les êtres vivants meurent. »
Cette conviction s’enracine dans un moment fondateur, qu’il a maintes fois conté. Watson l’a vécu en 1975 au large de la Californie, lors de la première campagne baleinière de Greenpeace. Une baleine mortellement harponnée par les Soviétiques aurait pu écraser son Zodiac. Elle l’aurait, selon lui, épargné. « Je pouvais voir mon reflet dans son œil. À cet instant, j’ai compris qu’elle savait pourquoi nous étions là. Elle aurait pu me tuer, mais elle ne l’a pas fait. Dans son regard, j’ai vu de la compréhension… et de la pitié. » Ce jour-là, il a fait « un serment d’allégeance aux victimes de l’humanité ».
Depuis, toute sa pensée s’est structurée autour de ce prisme : ce qui compte, c’est la survie du vaisseau, et donc la protection de son équipage non humain. Les inégalités entre les passagers humains lui apparaissent comme « secondaires » — même s’il affirme soutenir les peuples opprimés. Secondaires aussi, leurs responsabilités différenciées dans la crise écologique — même s’il ne les nie pas pour autant. Les débats sociaux ou politiques ne l’intéressent que dans la mesure où ils interfèrent avec la survie des espèces.
Obsession démographique
Depuis les années 1980, Paul Watson s’accroche à une idée qu’il présente comme une évidence écologique, mais que beaucoup jugent dangereuse : l’humanité est trop nombreuse. En 2007, il écrivait qu’il fallait « réduire radicalement et intelligemment la population humaine à moins de 1 milliard ».
Dix-huit ans plus tard, il ne se dédit pas. « Cette planète ne peut pas supporter huit milliards d’êtres humains qui mangent des animaux [il est végétalien] », nous dit-il. Lorsqu’on l’interroge sur l’extrême responsabilité d’une minorité de riches face au reste de l’humanité — les 10 % des humains les plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions de CO2 de l’humanité, selon Oxfam —, il élude. « Quelqu’un devra s’atteler à la réduction du nombre d’humains, sinon ce sont les lois de l’écologie qui feront s’effondrer la population », prévient-il.

Son discours n’a guère changé, non plus, sur les moyens d’y parvenir. Il suggère, pour « guérir » la biosphère du « virus humain » qu’avoir un enfant devrait être soumis à une forme de licence, une sorte de questionnaire préalable. « Aux États-Unis, il faut un permis pour posséder une arme, pour conduire une voiture, pour piloter un avion. Presque tout… sauf pour avoir des enfants. Alors, on a des pédophiles qui ont des enfants, des dealers, des alcooliques, des toxicomanes. Est-ce que tout le monde, quelle que soit sa personnalité ou sa psychologie, devrait avoir le droit d’avoir un enfant ? Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles on a tant de problèmes aujourd’hui. »
Il déplore que des activistes écologistes ne veuillent pas avoir d’enfants, alors que ce sont « probablement ceux qui devraient le plus en avoir, parce qu’ils sont conscients du problème ». À la question : « Qui déciderait de qui pourrait procréer ? », le pirate botte en touche : « Ça, c’est de la politique, je ne fais pas de politique. »
Ambiguïté sur l’immigration
Sur la question migratoire, Paul Watson marche sur une ligne particulièrement trouble. Il s’est affiché aux côtés de Dave Foreman, qui faisait de l’immigration un facteur direct de « surpopulation » accélérant la dégradation de l’environnement nord-américain et plaidait pour sa limitation drastique aux États-Unis. Lui-même a repris cette rhétorique en 2006 sur la chaîne publique canadienne CBC, accusant l’immigration d’être « seule responsable de l’augmentation de la population américaine », tout en insistant sur le taux de natalité plus élevé des familles immigrées.
Vingt ans plus tard, il se défend de toute xénophobie. Ses propos seraient selon lui « simplement factuels » et auraient été « sortis de leur contexte ». « Ma position n’a pas changé, elle est la même que celle de César Chavez », assure-t-il, en référence au leader syndical paysan latino-américain dont il se réclame. Comme César Chavez, dit-il, il dénonce le « dumping social orchestré par l’agro-industrie », qui repose sur l’exploitation de travailleurs immigrés dans des conditions proches de l’esclavage.
« Je ne crois ni aux frontières ni aux nationalités »
« Je ne crois ni aux frontières ni aux nationalités. Tout être humain devrait avoir le droit de voyager et de travailler partout sur cette planète », poursuit-il. Tout en appelant, puisque le monde fonctionne ainsi, à restreindre les flux migratoires. « Une immigration illimitée, c’est l’assurance d’une main-d’œuvre exploitée dans les champs, les hôtels, les restaurants. »
Ses déclarations, ajoute-t-il, relèvent moins d’un refus des personnes migrantes que d’un plaidoyer pour leurs droits : « Je veux qu’ils aient des salaires décents, avec des avantages sociaux. Pas des vies sacrifiées pour enrichir les multinationales. »
Dans le même souffle, il avertit : « Il y aura des vagues et des vagues de migrants venant d’Afrique, d’Amérique centrale. C’est une réalité liée au changement climatique et aux régimes répressifs. Il faut un système responsable pour réguler ça. » Un système qui, selon lui, devrait dignement accueillir ces personnes, mais dans une logique « pratique » : « On pourrait installer 1 million de personnes dans des zones inhabitées, capables de les faire vivre. Si les gouvernements ne le font pas, c’est uniquement par racisme, pas par manque de place. »
Brigitte Bardot, Christian Estrosi : des alliés très à droite
Cette matrice biocentriste lui permet aussi de justifier ses choix d’alliances, qui lui valent certaines des critiques les plus virulentes. Puisque la survie du « vaisseau Terre » prime sur tout le reste, Watson revendique de ne pas s’encombrer des clivages politiques ou des controverses idéologiques. « Politiquement, il n’existe pas de gauche ni de droite, parce que les conséquences d’une catastrophe écologique affectent tout le monde », résume-t-il.
Cette indifférence assumée lui permet de multiplier les appuis. Mais elle l’expose aussi à des accusations de complaisance, voire de caution implicite, envers des figures aux positions ouvertement réactionnaires. « Ma posture est apolitique : je parle à quiconque peut aider les baleines », tranche-t-il. Qu’il s’agisse d’élus comme Christian Estrosi, avec qui il a fêté le carnaval de Nice, de son compagnonnage avec Dave Foreman, fondateur d’Earth First ! et chantre d’une écologie conservatrice et anti-immigration, ou encore de son amitié indéfectible avec Brigitte Bardot. « Elle a sauvé des milliers de bébés phoques, et pour cela, je lui serai éternellement reconnaissant. »

C’est en 1977 que Watson l’emmène sur la banquise canadienne, où elle prend la pose pour médiatiser la chasse aux phoques. Depuis, leur complicité affective et militante n’a jamais faibli. Ils ont mené ensemble plusieurs campagnes et, en 2011, la Fondation Brigitte Bardot a largement financé l’acquisition d’un trimaran high-tech, rebaptisé en son honneur.
Interrogé sur cette fidélité à une personnalité plusieurs fois condamnée pour incitation à la haine raciale, Watson affirme d’abord « ne pas partager les opinions de Brigitte Bardot qui n’ont rien à voir avec la défense des animaux » et se défend en reprenant une formule déjà utilisée dans son livre Entretien avec un pirate (2012) : « Je ne me préoccupe pas des opinions politiques de mes alliés tant qu’ils sont écologiquement corrects. » Et lorsqu’il est interrogé sur les propos les plus choquants de Bardot, Watson les relativise.
En mars 2019, l’ancienne actrice adressait au préfet de La Réunion une lettre dans laquelle elle dénonçait la pratique prétendument courante de l’utilisation de chats ou de chiens comme appâts pour la pêche aux requins, ainsi que les « décapitations de chèvres et de boucs lors de fêtes indiennes tamoules », accusant les habitants d’avoir « gardé leurs gènes de sauvages », parlant d’une « population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales » et concluant : « J’ai honte de cette île, de la sauvagerie qui y règne encore. » Ces propos lui ont valu une nouvelle condamnation. Watson, après nous avoir écoutés en rappeler le contenu, balaie pourtant d’un revers : « Ce qu’elle a dit n’était pas raciste. »
Peuples autochtones : des liens à double tranchant
Paul Watson revendique une dette ancienne envers les peuples autochtones. « La plupart de leurs cultures sont biocentriques par essence », explique-t-il, rappelant avoir partagé l’un de leurs combats dès 1973, lors du siège de Wounded Knee aux côtés des Lakotas. Ces derniers lui ont donné un nom indien, Grey Wolf Clearwater, tandis que les Mohawks lui ont offert le pavillon des Cinq Nations iroquoises, que Paul Watson continue de hisser fièrement sur ses navires. De l’Amazonie, où il soutint les Kayapos contre le barrage de Xingu, à l’Australie aux côtés d’Aborigènes, il revendique un compagnonnage de longue date.
Mais cette proximité affichée se heurte à un autre pan de son histoire : ses positions tranchées contre certaines pratiques coutumières. « Je suis opposé à la mise à mort de la faune marine, surtout des espèces menacées, par quiconque, à tout moment, en tout lieu et pour n’importe quelle raison », affirme-t-il sans détour. En 2017, il a stigmatisé publiquement un adolescent inuit qui avait tué une baleine dans le cadre d’un rituel, déclenchant un harcèlement massif contre le jeune homme, contraint de quitter son école. Watson, lui, assume : « Ce n’est pas le fait qu’il ait tué une baleine de 200 ans. C’est qu’il s’en soit vanté sur les réseaux sociaux, et avec un fusil. Ça n’a rien de traditionnel. Je n’ai aucun regret. »

Ses opposants dénoncent une écologie universaliste qui nie les droits culturels des peuples autochtones. Watson, lui, revendique cette hiérarchie : « Mes clients, ce sont les baleines, les phoques, les requins. » Mais il nuance : « La pêche de subsistance, je n’ai aucun problème avec ça. Le problème ce sont les immenses chalutiers industriels. »
Ses prises de position sur la chasse aux phoques lui ont également valu de vives critiques. En 2008, quatre chasseurs ont perdu la vie dans un accident en mer, dans le golfe du Saint-Laurent. Leur embarcation, L’Acadien II, avait chaviré alors qu’elle était remorquée par un brise-glace de la garde côtière canadienne. Dans un communiqué, Watson déclarait qu’ils étaient des « tueurs de bébés cruels » (« sadistic baby killers ») pour avoir commis la chasse la plus barbare qu’il ait connue — celle des bébés phoques —, et estimait que leur disparition, « bien qu’une tragédie », reste « moins grave que le massacre des phoques ».
L’indignation est immédiate : pour ses adversaires, Watson hiérarchise sans détour la vie animale sur la vie humaine. Interrogé aujourd’hui, il ne cille pas : « C’était la faute de la garde côtière canadienne. Et tuer 400 000 phoques par an, ça, c’est une tragédie bien plus grande que la mort de quatre hommes. »
L’efficacité avant tout
Dans son arsenal militant, tous les moyens lui paraissent bons : y compris utiliser les codes d’une société sexiste au service de la cause.
Dans Earthforce (1993), son manuel de « guerre écologique », Paul Watson allait jusqu’à formaliser ce qu’il appelait une « stratégie du charme féminin » : utiliser la séduction et l’image des femmes pour servir la cause. « Le charme féminin est une force qui doit être mise à notre profit et qui comprend la séduction, la tentation et la manipulation des désirs sexuels », écrivait-il alors.
Plus de trente ans après, il ne changerait pas une ligne. « Cette stratégie — que je n’ai pas inventée — fonctionne », affirme-t-il aujourd’hui. Il cite un souvenir de 1978 : « Un ministre kényan refusait de nous recevoir… Nous avons envoyé une femme de notre équipage, très attirante, et immédiatement il a accepté le rendez-vous. Nous avons obtenu toutes les informations nécessaires. »

À ses yeux, ce n’est pas « sa » stratégie, mais une évidence : les médias, notamment, accorderaient davantage de couverture à son amie Pamela Anderson qu’à un marin barbu. Et tant que les femmes « sont d’accord — parfois c’est leur idée », cette instrumentalisation ne lui paraît pas sexiste. Pour lui, l’efficacité médiatique justifie l’assignation des femmes à ce rôle, si cela permet de sauver des vies animales.
Il n’a d’ailleurs pas de problème à avouer que pour lui, il y a des différences inhérentes entre les hommes et les femmes. « J’ai toujours, dit-il, préféré mes équipages féminins. Elles sont plus loyales et se plaignent moins. »
L’écologie avant le reste
À ceux qui cherchent à relier les combats écologistes aux luttes contre le racisme, le sexisme ou les héritages coloniaux, Watson oppose une fin de non-recevoir. Pour lui, chaque cause doit suivre son chemin, sans « diluer » les autres. « Ce sont toutes des luttes importantes, mais elles sont indépendantes de la question primordiale, qui est l’écologie. C’est elle qui détermine si nous survivrons ou non sur cette planète. »
Il cite l’exemple du mouvement Earth First !, qu’il juge avoir perdu sa force en s’ouvrant à d’autres combats. « On a commencé à entendre : “les droits des femmes d’abord”, “les droits des homosexuels d’abord”… Résultat : le mouvement a perdu son objectif initial. » Cette vision s’est incarnée dans sa manière d’organiser Sea Shepherd. Pas de débats sur les objectifs, uniquement sur les tactiques.
À un jeune militant, Alex Pacheco, qui voulait s’attaquer à la question des animaux de laboratoire, il avait répondu : « Fais-le toi-même. Crée ton organisation. » L’homme en question fondera… People for the Ethical Treatment of Animals (Peta).
Watson revendique néanmoins des « bénéfices indirects » de ses actions pour les communautés locales. À Mayotte, par exemple, Sea Shepherd a financé des patrouilles contre le braconnage de tortues en recrutant des habitants précarisés, parfois sans-papiers. Mais ce soutien reste, à ses yeux, secondaire. « Notre motivation, c’est l’environnement. Si cela aide aussi les communautés locales, tant mieux. »
« Ma fille est à moitié chinoise »
Après deux heures d’entretien, alors que nous l’invitions à poser devant l’objectif, Paul Watson a tenu à ajouter une précision. « Deux ou trois choses encore. J’ignore si c’est pertinent, mais quand il s’agit de racisme… Ma fille est à moitié chinoise. Et ma femme est “islamic”. Pas que j’approuve, parce que je n’aime aucune religion. Je n’aime pas les chrétiens, ni les juifs, ni les musulmans, ni les scientologues, ni personne. Mais c’est son choix, ça lui appartient. »
Avant de nous laisser repartir, le pirate a soulevé le couvercle de la grande malle qui lui sert de table basse. À l’intérieur, un trésor de près de 7 000 lettres reçues en prison, qu’il jure avoir toutes lues. Des mots de soutien, des dessins d’enfants qu’il rêve aujourd’hui de publier dans un recueil. Comme si, derrière la cuirasse de l’« écoguerrier » bien campé sur ses idées, existait aussi l’espoir que nous le racontions autrement — à travers ces lettres d’enfants, ces marques d’affection qui accompagnent la rudesse de ses combats.

À la Fête de l’Humanité, une invitation assumée
Contactée par Reporterre, l’organisation de la Fête de l’Humanité assume pleinement la programmation de Paul Watson. « Nous avons invité Paul Watson dans la suite de la lutte victorieuse pour sa libération après son emprisonnement injuste. Son combat pour la préservation de la planète et des baleines est le nôtre », explique Sébastien Crépel, codirecteur de la rédaction de L’Humanité.
Les critiques formulées par des collectifs écologistes n’ont pas fait reculer le festival humaniste. « À la Fête de l’Humanité, nous invitons chaque année des personnalités dont nous n’épousons pas toutes les idées. Nous n’avons pas peur du débat. Si nous devions déprogrammer tous les intervenants avec lesquels nous avons des désaccords, avec qui viendrait-on débattre ? »
« Nous n’esquiverons aucune des positions qui lui sont reprochées »
Sébastien Crépel trace néanmoins une ligne rouge : « Les représentants des idées de haine et d’intolérance propres à l’extrême droite n’ont pas leur place. Avec Paul Watson, nous avons d’importantes divergences sur ses positions présentes et passées. Mais il ne peut pas être qualifié de fasciste ou d’écofasciste. Son rejet du racisme et des positions de l’extrême droite est très clairement affirmé dans l’entretien qu’il nous donne [publié le 4 septembre]. »
La contradiction, promet-il, sera apportée lors de l’intervention de Paul Watson : « Nous n’esquiverons aucune des positions qui lui sont reprochées concernant la réduction de la population mondiale, la question de l’immigration illégale aux États-Unis, ou encore son amitié avec Brigitte Bardot. Ses réponses convaincront ou non, mais au moins le débat aura lieu. »
En clair, la participation de Paul Watson est bel et bien maintenue. « L’écofascisme, je ne sais même pas de quoi il s’agit, déclarait le capitaine, dans sa péniche. Et généralement, ces personnes ne viennent jamais me critiquer en face. Peut-être que ça arrivera ce mois-ci ? » s’interrogeait-il, à voix haute. Avant de conclure : « Je ne sais pas, et ça importe peu. »
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Source: https://reporterre.net/Paul-Watson-un-pirate-en-eaux-troubles
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