
En raison d’un arrêté effectif depuis le 1er septembre 2025, les médicaments génériques sont désormais vendus plus cher aux pharmaciens, sans que cette hausse ne soit répercutée sur les clients. Ce changement inquiète la profession. Dans le pays de Morlaix (Finistère), certains prévoient de faire grève, jeudi 18 septembre 2025, tandis que d’autres aimeraient que d’autres pistes soient explorées.
Par Sarah HUMBERT.
Ils font le même métier, dans la même zone géographique et sont confrontés aux mêmes difficultés. Pourtant, ils ne voient pas tout à fait les choses de la même façon. Lundi 15 septembre 2025, la députée Sandrine Le Feur a échangé avec deux docteurs en pharmacie, Marilyne Henry qui a repris la pharmacie centrale à Morlaix (Finistère), fin 2024 et Jean-Marie Pennec, installé à Plouigneau, est syndiqué à la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France).
Un fort impact sur le chiffre d’affaires
Le 18 septembre 2025, Jean-Marie Pennec fera grève, comme « 98 % des pharmaciens, d’après les intentions de grève », explique-t-il. Il s’inquiète, notamment, d’un arrêté qui diminue le plafond des remises des génériques à 30 % contre 40 % auparavant. Maryline Henry vulgarise : « Lorsque nous achetons des génériques aux laboratoires, nous avons une remise dessus. » Le tout est fixé par l’État : le montant de la remise, le prix d’achat mais aussi le prix de revente au sein des officines, ne laissant aucune marge à ces dernières. « On va acheter les génériques plus cher, sans pouvoir les vendre plus cher », dit le pharmacien.
Avec la diminution de cette remise, les pharmacies vont enregistrer une baisse de rentabilité non négligeable, de l’ordre de « 40 % de l’excédent brut d’exploitation, ou encore plus d’un tiers de la marge de l’officine », souligne-t-il. Il donne un autre élément : « 85 à 90 % du chiffre d’affaires d’une pharmacie reposent sur la vente de médicament. »
Pour Maryline Henry, « il s’agit d’argent public, cela ne me choque pas que l’État fixe les prix. » Elle se dit plutôt « fataliste », face à cette mesure, mais souhaite que d’autres pistes soient explorées, pour aller dans le sens de « l’économie et la rentabilité des officines ». Le 18 septembre, contrairement à son confrère, elle ouvrira. « J’estime qu’on ne peut pas faire grève », explique-t-elle simplement.
30 000 postes menacés
Elle pense par exemple que limiter le gaspillage, en donnant le juste nombre de comprimés, serait un levier intéressant, ou encore développer les compétences complémentaires demandées aux officines, comme la vaccination, pourrait aider.
Cependant, tout comme son confrère, face à ces changements et à la conjoncture actuelle, depuis début 2025, environ une officine ferme tous les jours en France, elle craint que de nombreuses pharmacies ne se retrouvent à la peine. Elle a déjà prévu, à court terme, de ne pas remplacer une pharmacienne qui va quitter son officine. Jean-Marie Pennec pointe qu’avec cet arrêté : « 30 000 postes sont menacés et 4000 à 6 000 pharmacies pourraient fermer rapidement ».
Une lettre pour alerter la députée
Les deux pharmaciens n’ont pas d’explication claire sur les raisons de cet arrêté. « C’est le flou », confirment-ils. En France, les médicaments sont vendus moins cher qu’ailleurs. Les fabricants ont-ils fait pression pour les vendre plus cher à la France ? Ou encore, cette hausse va-t-elle permettre de limiter les pénuries sur certains produits ? Ils n’ont pas de réponses franches.
La députée Sandrine Le Feur, elle, pose des questions pour mieux comprendre le sujet. « J’ai été alertée par une lettre de l’ordre des médecins », indique-t-elle. Lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui devrait avoir lieu en octobre 2025, si le nouveau Gouvernement est rapidement constitué, la députée sera en mesure de « trouver des compromis ». Elle espère que l’article 49.3 ne sera pas utilisé, afin que les débats puissent se tenir.
La circonscription de Morlaix n’est pas épargnée
D’après Jean-Marie Pennec, en 2008 dans la 4e circonscription du Finistère, on comptait « 47 pharmacies », indique-t-il. Aujourd’hui, seulement 29, d’après le professionnel de santé.
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