
À la sortie de son rendez-vous, lundi 15 septembre, avec le premier ministre dans le cadre des « consultations » organisées par ce dernier, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a estimé n’avoir obtenu aucune réponse, si ce n’est « inquiétante », sur les exigences défendues par son syndicat. Estimant que la plupart des mesures du budget Bayrou sont « encore dans les cartons », elle en appelle à une mobilisation massive le 18 septembre.
Par Julia HAMLAOUI.
Promettant un « changement de méthode » et des « ruptures » – pour la énième fois depuis l’arrivée au pouvoir de la Macronie – Sébastien Lecornu multiplie depuis sa nomination à Matignon les « consultations ». Ce lundi matin, c’est la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui était reçue par le premier ministre. « C’est la 5e fois en 2 ans que la CGT vient ici pour porter les exigences sociales des travailleurs et des travailleuses. Depuis deux ans la situation sociale s’est considérablement dégradée. Il suffit de consulter la liste des plans de licenciements que j’apporte chaque fois au premier ministre » et qui a été « multipliée par trois depuis Gabriel Attal », a lancé la syndicaliste, devant la presse, à l’issue de la rencontre.
Elle était venue avec une série d’exigences : abrogation de la réforme des retraites, abandon du « musée des horreurs » du budget Bayrou, des moyens pour les services publics, et des mesures pour protéger l’industrie. « On n’a pas besoin d’un premier ministre pour prendre des notes mais pour apporter des réponses aux besoins », a insisté la cégétiste.
Abandon de la suppression des 2 jours fériés : « le problème c’est tout le reste »
Durant le week-end, Sébastien Lecornu a tenté une manœuvre dans l’espoir d’arracher la non-censure d’une partie de la gauche et de dégonfler la mobilisation sociale amorcée le 10 septembre appelée à se poursuivre le 18 septembre avec la grève lancée par l’intersyndicale. Mais l’abandon de la suppression des 2 fériés – une carte qu’avait déjà tenté de jouer François Bayrou en amont du vote de confiance -, la création de « Maisons France santé » ou les vagues promesses du premier ministre sur la justice fiscale, si elles irritent les libéraux de son camp, sont loin de convaincre la gauche et les syndicats. « J’ai dit au premier ministre : ”C’est bien vous avez abandonné la suppression des deux jours fériés, mais le problème c’est tout le reste” », a ainsi déclaré Sophie Binet, lundi midi.
Année blanche, doublement des franchises médicales, réforme de l’assurance chômage, suppressions de 3 000 postes de fonctionnaires, réforme de l’audiovisuel public, loi Duplomb, « chasse aux travailleurs étrangers menée par Bruno Retailleau »… « C’est toujours dans les cartons, il faut donc se mobiliser le 18 septembre prochain », a ajouté la numéro un de la CGT qui dit avoir interrogé le premier ministre sur chacun de ces sujets sans obtenir de réponse… À part sur la réforme des retraites sur laquelle la « réponse est plutôt inquiétante ».
« Il faut que les patrons retrouvent la voie de la décence »
« La suspension de la réforme des retraites est impérative », a également estimé, samedi 13 septembre, la secrétaire générale de la CFDT. « Nous l’avions demandé avant le début des discussions en début d’année, nos conditions n’ont pas changé et le débat doit avoir lieu au Parlement », a précisé Marylise Léon après sa rencontre de la veille avec le premier ministre qui a exclu de rouvrir le conclave sur les retraites tout en assurant miser sur « le dialogue avec les partenaires sociaux » pour trouver « d’autres sources de financement ».
Plus tôt dans la matinée de lundi, Sophie Binet avait aussi invité le patronat a arrêté de « pleurnicher » alors que le président du Medef, Patrick Martin, a menacé dimanche d’une « grande mobilisation patronale » contre la taxe Zucman notamment. « Je pense qu’il faut que les patrons retrouvent la voie de la décence, ça n’est plus possible qu’ils passent leur temps à pleurnicher alors que les dividendes atteignent des records en France, alors que les résultats du CAC 40 sont florissants », a dénoncé sur TF1 la cégétiste.
« Il y a 211 milliards d’aides qui sont consenties chaque année sans condition ni contrepartie aux entreprises. Ça n’est plus possible que pour les patrons, ça soit uniquement des droits et jamais des devoirs », a-t-elle ajouté en référence au rapport du sénateur communiste et directeur de l’Humanité, Fabien Gay.
« Tant qu’on aura un pouvoir qui continuera de piétiner les droits des travailleurs, de ne pas répondre aux exigences sociales, quel que soit le contexte institutionnel, il faudra se mobiliser pour le mettre sous pression de la rue », avait déjà prévenu Sophie Binet, durant le week-end, à la Fête de l’Humanité, invitant à faire déferler une vague de revendications sur le pays jeudi 18 septembre.
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