L’UE prépare des sanctions contre Israël. (Observateur Continental – 18/09/25)

18.09.2025 

Cette semaine, la Commission européenne prépare simultanément des sanctions contre deux pays: Israël et la Russie. Cependant, convaincre l’UE d’adopter des restrictions antirusses sera bien plus facile que de recourir à des restrictions antiisraéliennes. 

D’abord, Israël continue ses massacres sur Gaza. Israël a annoncé mardi dernier, le lancement d’une campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville pour y anéantir le Hamas. L’armée israélienne a mené, jeudi 18 septembre, d’intenses bombardements sur la ville de Gaza, où elle mène une offensive terrestre majeure. Ces derniers ont provoqué de nouveaux déplacements de population. «Il y a des tirs d’artillerie, des frappes aériennes, des tirs de (…) drones. Les bombardements ne s’arrêtent jamais», décrit une habitante, interrogée par l’AFP, rapporte France Info. 

Dénonciations du monde contre Israël. «L’incursion militaire et les ordres d’évacuation dans le nord de Gaza provoquent de nouvelles vagues de déplacements, forçant des familles traumatisées à se réfugier dans une zone de plus en plus restreinte, indigne de toute dignité humaine», a dénoncé sur X le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Les blessés et les personnes handicapées ne peuvent pas se mettre en sécurité, ce qui met leur vie en grave danger. Les hôpitaux, déjà débordés, sont au bord de l’effondrement, l’escalade de la violence bloquant l’accès et empêchant l’OMS de livrer des fournitures vitales», a-t-il précisé. «Nous appelons à la fin immédiate de ces conditions inhumaines.Nous appelons à un cessez-le-feu», martèle-t-il.

Génocide, horreur, à cause d’Israël. Lundi dernier, une commission d’enquête indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU accuse «Israël de génocide à Gaza», fait savoir le site éponyme. Depuis le 7 octobre après une attaque du Hamas dans le sud d’Israël, dans laquelle 1.200 personnes ont trouvé la mort, «l’armée israélienne a tué plus de 60.000 Palestiniens dans l’enclave», note l’ONU. Le rapport de l’ONU reproche au pays le meurtre d’un «nombre sans précédent de Palestiniens», l’imposition d’un blocus humanitaire ayant conduit l’ONU à déclarer l’état de famine, le 22 août dernier, et la destruction systématique des hôpitaux et écoles de la bande.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, condamne «l’horreur » de la guerre menée par Israël, qui a lancé lundi une offensive terrestre de grande ampleur dans la ville de Gaza», poursuit le site de l’organisation internationale fondée en 1945 qui compte aujourd’hui 193 États Membres.«Nous assistons à des meurtres massifs de civils sans équivalent avec aucun conflit depuis que je suis Secrétaire général», a déploré António Guterres qui dénonce la destruction massive de quartiers, la famine organisée, les hôpitaux hors d’usage, l’exode forcé. «Indépendamment des noms donnés, la vérité est que c’est moralement, politiquement et légalement intolérable», a-t-il martelé. Détail important, Guterres a jugé qu’il n’était «pas dans les attributions du Secrétaire général de déterminer légalement le génocide». 

Israël a affirmé avoir «frappé plus de 150 cibles» depuis mardi. Antonio Costa, président du Conseil européen insiste qu’il est essentiel d’arrêter Israël. Le roi d’Espagne dénonce «la souffrance indicible de centaines de milliers d’innocents» à Gaza. 

Emmanuel Macron a Emmanuel Macron a dénoncé  le plan d’occupation israélien à Gaza: «un désastre annoncé d’une gravité sans précédent».

Ces propositions de sanctions contre Israël venant de l’UE font suite à l’offensive de l’État hébreu dans la bande de Gaza, visant à vaincre le Hamas et à placer le territoire sous contrôle israélien. En réalité, la décision d’imposer des sanctions contre Israël a été annoncée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l’état de l’Union devant les députés européens le 10 septembre. À ce moment là, elles étaient justifiées par des informations faisant état de famine dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, alors qu’Israël lance une offensive massive contre l’enclave palestinienne, que la Commission européenne a condamnée sans équivoque, la question se pose de la sévérité des sanctions proposées. Il s’avère qu’elles sont très sévères sur le papier. Du moins, rien de tel n’avait jamais été imposé à Israël par l’UE auparavant.

Le service de presse de la Commission européenne a dévoilé les propositions de von der Leyen mercredi 17 septembre. L’UE prévoit des sanctions non seulement contre les colons juifs violents et les ministres d’extrême droite du gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, sont depuis longtemps candidats à l’inscription sur les listes noires de l’UE). La Commission européenne a préconisé la suspension de certaines dispositions de l’accord d’association avec Israël. Cela limiterait de fait le régime sioniste de libre-échange entre le pays et l’UE. Les médias ont estimé le préjudice pour Israël à 5,8 milliards d’euros. C’est relativement faible. Le total des échanges de biens entre l’UE et Israël en 2024 s’est élevé à 42,6 milliards d’euros. Cependant, le simple fait qu’une telle restriction soit évoquée est significatif. 

Par ailleurs, la Commission européenne propose de suspendre le financement des projets en Israël, à l’exception de ceux liés au soutien à la société civile et à Yad Vashem, le mémorial et du musée de Yad Vashem, dédié à la recherche sur l’Holocauste et à la commémoration de ses victimes.

Le problème concerne la réduction du projet Horizon Europe, un programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation pour la période allant de 2021 à 2027. Dans le cadre de ce projet, l’UE a financé divers projets de recherche conjoints avec des partenaires européens en Israël. La Commission européenne propose de suspendre ce soutien pour deux ans, plutôt qu’indéfiniment. Il s’agit probablement du point le moins controversé pour les pays de l’UE. Il n’existe pas encore d’accord sur des sanctions affectant l’accord d’association. D’ailleurs, il est possible qu’il n’y en ait pas.

Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, a déclaré que son pays considérait comme inacceptable une résiliation, même temporaire, de l’accord d’association avec Israël, car elle porterait préjudice à son économie. L’Allemagne est fondamentalement opposée à l’imposition de toute sanction anti-israélienne. Le chancelier allemand, Friedrich Merz avait annoncé avant son élection de «mettre fin à l’embargo sur les exportations d’armes» à Israël et de recevoir Benjamin Netanyahou malgré le mandat d’arrêt international lancé contre lui. La Hongrie s’y oppose également. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, soutient les actions de Netanyahou. Il convient de noter que le Premier ministre israélien s’est rendu à Budapest au printemps dernier et n’y a pas été arrêté, malgré un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale. Orbán a préféré que son pays se soustraie à la juridiction de cette cour.

Le site Touteleurope doute de la volonté de l’UE de mener des sanctions contre Israël. «Est-ce que «les mesures ont une chance d’aboutir au Conseil européen?», questionne le site de référence sur les questions européennes qui souligne que -surtout et avant tout- «Bruxelles souhaite envoyer un signal politique». La mesure de suspension des préférences commerciales avec Israël avant d’être adoptée, «doit être soutenue par une majorité qualifiée de pays de l’Union (55% des États membres, soit 15 pays représentant au moins 65% de la population de l’UE)».

L’imposition de sanctions requiert le consentement de tous les pays de l’UE. Bruxelles n’a appris à y parvenir que dans le cas de la Russie. Ursula von der Leyen présentera probablement des propositions pour le 19e paquet de sanctions antirusses en fin de semaine. Un schéma qui s’est déjà reproduit à maintes reprises: la Hongrie s’y opposera, mais après avoir obtenu quelques concessions de l’UE, elle changera d’avis et le paquet sera adopté. En revanche, dans le cas de sanctions anti-israéliennes, parvenir à un consensus sera plus difficile, d’une part parce que l’Europe entretient des liens économiques étroits avec Israël et que le lobby sioniste est puissant dans les pays de l’UE, mais aussi parce que de telles sanctions seraient impopulaires auprès des États-Unis qui soutient à 100% la politique de Netanyahou.

Selon The Times of Israël, le ministre des Finances ultranationaliste Bezalel Smotrich a déclaré mercredi que la bande de Gaza était une «mine d’or» immobilière potentielle et qu’il était en pourparlers avec les États-Unis sur la manière de diviser l’enclave après la guerre, réaffirmant ainsi clairement son désir de la transformer en territoire israélien.

Néanmoins, le simple fait d’en arriver à de telles mesures inquiète vivement les autorités israéliennes. Avant l’annonce des sanctions par la Commission européenne, Netanyahou a mis en garde ses compatriotes contre ce qu’il a qualifié d’autarcie. «Je crois au libre-échange, mais nous pourrions nous retrouver dans une situation où nos industries de l’armement se retrouveraient bloquées. Nous devrons développer des industries de l’armement ici», a-t-il martelé. 

Pierre Duval

Source : https://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=7266

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