
Après le succès de la mobilisation du 18 septembre, avec un million de manifestants selon les syndicats, le premier ministre Sébastien Lecornu s’est engagé… à de nouvelles « consultations ». Face à l’absence de réponse sur l’exigence de justice fiscale, sociale et écologique qui s’est exprimée avec force jeudi, l’intersyndicale, laisse cinq jours, soit le 24 septembre, au locataire de Matignon pour revenir vers elles avec des propositions qui y répondent. À défaut, une « nouvelle journée de grève et de manifestations » sera décidée.
Par Julia HAMLAOUI.
Un million de manifestants dans plus de 250 rassemblements, selon les syndicats, et le premier ministre s’engage à… de nouvelles « consultations ». « Je recevrai à nouveau les forces syndicales dans les jours qui viennent », a écrit sur X Sébastien Lecornu à l’issue de la journée de mobilisation du jeudi 18 septembre. S’il assure – sans plus de détails – que « les revendications portées par les représentants des organisations syndicales et relayées par les manifestants dans les cortèges sont au cœur de (ses) consultations », le locataire de Matignon s’emploie dans la suite de son message, à l’instar du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, à braquer les projecteurs sur la « violence » qui n’a pourtant pas caractérisé les manifestations.
Pour l’heure sans réponse de l’exécutif face à l’exigence de justice fiscale, sociale et écologique qui s’est exprimée avec force jeudi, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), réunie ce vendredi matin, laisse cinq jours, soit le 24 septembre, au locataire de Matignon pour revenir vers elles avec des propositions qui y répondent. À défaut, une « nouvelle journée de grève et de manifestations » sera décidée.
« La balle est maintenant dans le camp du premier ministre »
Se félicitant du « succès de la journée de mobilisation interprofessionnelle et unitaire du 18 septembre avec un million de manifestant.es et de grévistes dans toute la France », les syndicats estiment, dans un communiqué commun, que celle-ci « démontre que le compte n’y est toujours pas » même si l’exécutif, face à la pression, est déjà revenu sur son intention de supprimer deux jours fériés.
Et de rappeler leurs revendications : « l’abandon de l’ensemble du projet de budget », « la justice fiscale avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines, les très hauts revenus et contraignent le versement des dividendes », « la conditionnalité sociale et environnementale des 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises privées », « des moyens budgétaires à la hauteur pour les services publics », « l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans », « des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation ». « La balle est maintenant dans le camp du premier ministre », soulignent les centrales syndicales.

Elles pointent également, dans leur texte, « la responsabilité du patronat et exigent l’ouverture de négociations salariales dans toutes les branches et les entreprises », promettant que « d’ici là, les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats maintiendront la pression par différentes initiatives ». Elles annoncent, en outre, avoir convenu « d’ores et déjà de se revoir très régulièrement pour prendre toutes les initiatives nécessaires afin de mettre le débat budgétaire sous la pression du monde du travail et gagner enfin la justice sociale ».
« Nous exigeons que Sébastien Lecornu réponde à cette démonstration de force. Il faut que ce budget soit enterré. Il n’y aura pas de stabilité politique s’il n’y a pas de justice sociale », avait prévenu la veille depuis le cortège parisien, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à propos du plan d’austérité présenté en juillet par François Bayrou consistant en 44 milliards d’économie assortis de son lot de casse social, sur lequel le nouveau premier ministre n’a pour l’heure annoncé que de minimes concessions.
« Il s’agit d’une question d’acceptabilité des efforts. Il y a quelque chose d’indécent dans le débat public à s’émouvoir d’une pseudo-stigmatisation des plus riches. Ceux-là ne sont que 2 000, alors qu’on parle de 10 millions de personnes en situation de pauvreté », avait également affirmé Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, en référence à la taxe Zucman.
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