La « mission État efficace » : le « Doge à la française » qui remplace le Service national universel par un service militaire volontaire (H.fr-19/09/29)

Le SNU subi son coup de grâce en septembre 2024, avec un rapport de la Cour des comptes matraquant littéralement le service civil. © Paoloni Jeremy/ABACA

Annoncée dans le cadre de la création d’une « mission État efficace », la disparition du SNU cher à Emmanuel Macron, n’a jamais convaincu et ne devrait faire pleurer personne. Pour le remplacer ? Un service militaire volontaire.

Par Olivier CHARTRAIN.

Quand une idée ne fonctionne pas ailleurs, il ne faut pas hésiter à la copier. L’annonce par Matignon, vendredi 19 septembre, de la création d’une « mission État efficace », ne manque pas de faire penser au Doge (« Department Of Government Efficiency »), la Commission pour l’efficacité du gouvernement américain, chargée de pratiquer des coupes saignantes dans les effectifs publics et confiée initialement à Elon Musk.

Sauf que là, cela commence – presque – par une bonne nouvelle : la confirmation officielle de la « mise en extinction du SNU », le Service national universel.

SNU : six ans de militarisme, d’incompétences voire de violences

Pour mémoire, le SNU a été créé en 2019. Port de l’uniforme, levée des couleurs, « séjours de cohésion » : la connotation paramilitaire de ce service, censé constituer un « parcours d’engagement » pour les jeunes volontaires âgés de 15 à 17 ans, n’a jamais convaincu. Et l’objectif de le rendre, à terme, obligatoire pour toute une classe d’âge – soit quelque 800000 jeunes – n’a jamais semblé atteignable.

D’autant que les débordements ont été nombreux : autoritarisme, punitions, humiliations, violences sexistes et sexuelles, incompétence et absence de formation des encadrants (eux-mêmes souvent issus de professions à uniforme)… ont jalonné ses six ans d’existence qui, malgré l’obstination d’Emmanuel Macron dont c’était l’une des promesses de campagne, n’ont semblé qu’un long chemin de croix.

Le coup de grâce est venu de la Cour des comptes qui, en septembre 2024, a rendu un rapport étrillant littéralement le SNU. En frappant d’abord au porte-monnaie : le SNU est un « dispositif sans pilotage budgétaire », dont la généralisation coûterait « entre 3,5 et 5 milliards d’euros » par an, écrivaient les grands comptables de la rue Cambon, en ajoutant que « les ambitions du dispositif ne sont pas atteintes », notamment en matière d’engagement et de mixité sociale, avec « une surreprésentation de jeunes dont les parents servent ou ont servi dans les corps en uniforme et de catégories socio-professionnelles plus favorisées ».

Quand le Service militaire volontaire passe avant la transition écologique

Autant dire que l’annonce de ce vendredi n’a pas surpris grand monde, et qu’elle ne devrait guère susciter de plaintes – à la différence d’autres missions ou opérateurs de l’État sabrés par ce « Doge à la française », comme les délégations interministérielles consacrées aux restructurations industrielles, à la forêt et au bois (rattachée au ministère de la Transition écologique), au suivi du Varenne agricole de l’eau, ou encore du délégué interministériel à l’accompagnement des territoires en transition énergétique.

Sans compter qu’elle s’accompagne d’une confirmation : celle de la « création prochaine du Service militaire volontaire (SMV) », à la connotation militariste encore plus prononcée et au coût sans doute pas moindre, annoncée cet été par Emmanuel Macron. Qui, décidément, ne renonce pas à sa volonté de mettre les jeunes Français en uniforme.

°°°

Source: https://www.humanite.fr/politique/budget/la-mission-etat-efficace-le-doge-a-la-francaise-qui-remplace-le-service-national-universel-par-un-service-militaire-volontaire

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-mission-etat-efficace-le-doge-a-la-francaise-qui-remplace-le-service-national-universel-par-un-service-militaire-volontaire-h-fr-19-09-29/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *