
À peine nommé Premier ministre, Sébastien Lecornu a déclaré que le « déficit » des finances publiques viendrait selon lui d’une augmentation des crédits versés aux hôpitaux, pourtant partout « à l’os » !
Par Bruno RICQUE.
Monsieur Lecornu, nouvellement nommé Premier ministre par Macron, a fait samedi 13 septembre un déplacement à Mâcon (Saône-et-Loire). Ce déplacement, sur le thème de l’accès aux soins, se voulait symbolique et démonstratif d’une volonté de « rupture », selon les mots de Monsieur Lecornu.
L’immense majorité de la population refuse que la Sécu et l’accès aux soins soient détruits en France et cela a été un des moteurs du 10 septembre. Qu’a raconté M. Lecornu à Mâcon ?
A-t-il annulé le doublement des franchises proposé par Bayrou, a-t-il annulé la circulaire Bayrou du 23 avril qui exige que les hôpitaux se serrent la ceinture et fassent en 2025 plus d’un milliard d’économies ? A-t-il décidé de stopper les fermetures d’urgences et de lits dans l’hôpital public ?
A-t-il annoncé que tous les plans d’austérité dictés aux hôpitaux étaient stoppés ?
Rien de tout ça, mais une annonce : « On doit avoir une offre de soins de proximité par bassin de vie, et donc probablement quelque chose autour de 30 minutes de chez vous. »
C’est le même baratin, déjà tenu par Hollande il y a 10 ans pour mieux continuer à fermer les services d’urgences. Il n’est pas question de maintenir et réouvrir tous les hôpitaux et services d’urgences. Il est question « d’offre de soins » : cela peut être, au mieux, un médecin, ou un cabinet d’infirmières.
Mais que se passe-t-il si votre souffrance, votre maladie, nécessite une radio, un scanner, une analyse de sang en laboratoire ou l’avis rapide d’un spécialiste ?
Le docteur Jérôme Marty, responsable du syndicat UFML, a répliqué aux propositions de Lecornu : « (Cela) ne résoudra pas la problématique. Aujourd’hui, bon nombre de maisons médicales n’ont pas de médecin. Ce sont des coquilles vides. »
Le Premier ministre, pas si nouveau, s’est permis ensuite de déclarer sur BFM : « Il y a aussi des problèmes de finances publiques parce qu’on a décidé de remettre beaucoup d’argent dans l’hôpital ». Mensonge !
Les gouvernements Macron, après les autres, ont creusé un trou profond dans le budget de la Sécu qui finance les hôpitaux, en autorisant toujours plus les patrons à ne pas verser la cotisation Sécu. Ce cadeau fait aux patrons, atteignait déjà en 2023, 80 milliards d’euros. Le gouvernement rebouche partiellement, avec l’argent public, ce trou qu’il a lui-même creusé.
M. Lecornu ne pourra pas longtemps faire illusion avec ses fausses déclarations de rupture. L’instruction donnée aux hôpitaux le 18 juillet par le ministère de la Santé a été rédigée en lien avec le ministère de la Défense de M. Lecornu. Cette instruction demande aux soignants de se préparer à « un temps de guerre marqué par la raréfaction des ressources ». Cette instruction fait partie de l’arsenal anti-hôpital, anti-Sécu, que Macron-Lecornu maintiennent et dont la population ne veut plus.
2 000 hospitaliers mobilisés à Nantes le 16 septembre « Des bras, des lits, pour l’hôpital public ! » Venus des cinq départements des Pays de la Loire, 2 000 hospitaliers, syndicalistes, citoyens, médecins hospitaliers, ont manifesté ce mardi 16 septembre à Nantes vers l’agence régionale de santé (ARS) pour exiger des mesures mettant un coup d’arrêt à la casse de l’hôpital public. L’appel avait été lancé il y a plusieurs mois par les cinq unions départementales FO, et par tout le secteur régional FO de la santé. L’union départementale CGT de Loire-Atlantique et des syndicats CGT d’hospitaliers appelaient, ainsi que des syndicats CFDT. Ils étaient 250 du Maine-et-Loire, 150 de la Sarthe, 150 de la Mayenne, venus le plus souvent en car. Cette mobilisation avait pris appui sur le blocage de l’hôpital de Laval fin juin par les hospitaliers aidés de la population qui avait arraché les revendications locales (arrêt des suppressions de postes, mise en stage des contractuels). Elle s’inscrit bien évidemment aussi dans le prolongement des mobilisations du 10 septembre. À Angers, ce jour-là, des centaines de manifestants s’étaient rassemblées devant le CHU. Ce 16 septembre, à Nantes, plusieurs délégués du personnel ont pris la parole ainsi que le SNMH, syndicat des médecins FO. Patricia Drevon a pris la parole au nom de la confédération FO. Le député LFI Kerbrat a apporté tout son soutien. Barbara Filhol, secrétaire générale de la fédération santé CGT, a dénoncé les milliards dont les hôpitaux sont privés pour préparer la guerre et a appelé à multiplier les réunions du personnel pour gagner la grève. Une délégation a été reçue à l’ARS pour les revendications les plus urgentes : – l’annulation de tous les plans d’économies (ou plans de performance sur les hôpitaux) ; – le doublement des formations d’infirmières et d’aides-soignantes sur les écoles de la région ; – le doublement des formations médicales pour débloquer l’avenir. L’ARS a refusé, ou botté en touche sur chacun des points, provocant indignation et colère. Ben Delrue, secrétaire général de la région FO Santé, a conclu le rassemblement en dénonçant le garrot du budget contraint et de l’Ondam (l’objectif national de dépenses d’assurance maladie) qui détruit l’hôpital. Il a lancé : « La question qui nous est posée aujourd’hui ce ne sont pas les journées d’action par-ci par-là, c’est la question du blocage, de la grève et de sa reconduction. » Il a appelé aux assemblées du personnel pour le 18 et pour après. |

Le 16 septembre, à Nantes. (Correspondant)
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