Casse du service public : les salariés de Météo-France en grève ce 18 septembre (Reporterre-19/09/25)

Des salariés de Météo-France tractant devant le site du groupe météo à Toulouse, le 18 septembre 2025. – © Antoine Berlioz / Reporterre

Pour la journée de grève nationale du 18 septembre, des salariés de Météo-France ont bloqué un rond-point, à Toulouse, pour alerter sur leurs conditions de travail.

Par Justin CARRETTE et Antoine BERLIOZ (photographies)

Toulouse (Haute-Garonne), reportage

Il est 7 heures du matin à Toulouse, le 18 septembre, et de longues files de voitures patientent au rond-point Albert-Vandel, juste en face de l’entrée de la Météopole, le cœur opérationnel de Météo-France. Voté en assemblée générale quelques jours plus tôt par l’ensemble des syndicats du groupe météo, un blocage filtrant est organisé par une vingtaine de salariés pour ralentir la circulation et alerter les automobilistes sur les choix budgétaires du gouvernement.

« Ce qu’on vit à Météo-France, c’est le reflet des politiques nationales, explique Murielle, une vingtaine d’années, qui réalise une thèse au Centre national de recherches météorologiques (CNRM). On ressent de plein fouet le non-remplacement des fonctionnaires qui partent à la retraite, la multiplication des contrats précaires ou la dégradation des services publics. »

Emma et Jane, chercheuses à Météo-France depuis 6 et 2 ans, se mobilisent pour les questions climatiques et les conditions de travail dégradées. © Antoine Berlioz / Reporterre

Une tente de la CGT-Météo, abritant café et viennoiseries, trône devant l’entrée du site, et plusieurs banderoles sont accrochées autour du rond-point. « Climat austère, météo en colère », peut-on lire sur l’un des tracts que Murielle donne à un automobiliste.

« C’est de plus en plus compliqué de faire notre travail à Météo-France », dit Clément, prévisionniste dans le groupe. Le syndicaliste équipé d’un gilet de la CGT poursuit : « On a de plus en plus de missions avec le dérèglement climatique, comme les vigilances sur les feux de forêt, pourtant on a perdu un tiers de nos effectifs depuis quinze ans. On est passés de 3 900 à 2 500 salariés. »

La Météopole toulousaine concentre à elle seule 1 500 salariés, ce qui en fait l’un des principaux sites européens de météorologie.

Clément, prévisionniste chez Météo-France : «  Cela devient de plus en plus compliqué de remplir cette mission.  » © Antoine Berlioz / Reporterre

« L’une des premières missions de Météo-France, c’est la sécurité des biens et des personnes. Mais avec les baisses d’effectifs et la fermeture de presque tous les centres départementaux de Météo-France, cela devient de plus en plus compliqué de remplir cette mission. On nous dit qu’on peut compenser avec l’automatisation de certaines tâches et l’informatique, mais cela ne fait pas tout », affirme le prévisionniste.

Les syndicats dénoncent en effet depuis des mois l’automatisation des prévisions de Météo-France, amenant à des erreurs de météo et une perte de sens au travail. « Cela se ressent : il y a une augmentation des risques psychosociaux [notamment le mal-être au travail, le stress et le burn-out de certains salariés] », précise-t-il.

Et de préciser : « En 2022, Météo-France n’a pas été en mesure de prévoir à temps la violence des orages en Corse qui ont fait cinq morts. Quelle a été la réponse de l’État ? Acheter cinq bouées météorologiques pour les déployer au large : 5 bouées, pour 5 morts. C’est tellement cynique. »

« Une hypocrisie totale »

Sur une autre entrée du rond-point, une jeune équipe de syndicalistes arrête également les voitures pour distribuer des tracts.

« On parle du réchauffement climatique et de l’importance de s’y préparer depuis plus de vingt ans, dit Robin, chercheur au CNRM et lui aussi syndiqué à la CGT. Pourtant, le gouvernement fait des économies sur des services publics essentiels, comme Météo-France, qui est capable d’accompagner cette transition et l’adaptation du pays face à ce réchauffement climatique. C’est une hypocrisie totale. »

Après plusieurs heures de blocage, les salariés de Météo-France mobilisés sur cette action ont rejoint le grand cortège toulousain, parti à 14 heures du quartier de Saint-Cyprien, avant de rejoindre le cœur de la ville. Là encore, les organisations syndicales étaient unies pour réclamer plus de justice fiscale et sociale, et mettre la pression sur le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu.

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Source: https://reporterre.net/Casse-du-service-public-les-salaries-de-Meteo-France-en-greve

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