
Après la fermeture de 90 % des officines le 18 septembre, les pharmaciens ont obtenu la suspension temporaire du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques contre laquelle ils se mobilisaient. S’ils saluent une « victoire d’étape », ils se sont aussi engagés à assurer des missions pour contribuer à « l’offre de soins de proximité » dans des territoires dénués de médecins. Un expédient contre les déserts médicaux.
Par la rédaction de l’Humanité.
Sur le pont depuis des mois contre la baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques de 40 à 30 %, les pharmaciens se sont particulièrement mobilisés le 18 septembre avec 90 % de fermeture d’officines revendiqués. Hasard du calendrier, leur journée d’action est tombée en même temps que la grève à l’appel de l’intersyndical pour la justice fiscale, sociale et environnementale. Mais à la différence de cette dernière, eux ont obtenu un début de réponse du Premier ministre ce mercredi 24 septembre.
« Le gouvernement suspend partiellement, pour une durée minimale de trois mois, l’application de l’arrêté » concerné, ont indiqué dans un communiqué les services de Matignon à l’issue d’une rencontre avec la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession (FSPF et USPO).
« La forte mobilisation a porté ses fruits »
« C’est une victoire d’étape pour les pharmaciens dont la forte mobilisation a, dans l’immédiat, porté ses fruits », s’est félicité la FSPF dont le président expliquait dans nos colonnes la semaine dernière que la « perte de marge (avec la chute des remises) va profiter avant tout aux laboratoires produisant ces médicaments », mettre en danger la santé financière des officines et menacer l’emploi.
« Est-ce que ces remises commerciales sur les génériques sont la meilleure manière de rémunérer les pharmaciens ? Pas forcément. Mais faute d’autre modèle, ce n’est pas une raison pour nous imposer ça », ajoutait-il alors que le plafond en question ramené à 30 % devait encore diminuer progressivement pour atteindre 20 % début juillet 2027.
Mais Matignon n’ayant pas abandonné ses objectifs d’économies sur la santé (5,5 milliards d’euros dans le projet de budget Bayrou), ses services indiquent également que « l’offre de soins de proximité sera renforcée grâce à l’accompagnement de missions de santé publique dans 900 pharmacies rurales et plus globalement dans les territoires fragiles ». Autrement dit, les pharmaciens concernés pourront proposer de « réaliser des tests d’orientation diagnostique » pour les angines ou les cystites, avec prescription d’un traitement si nécessaire.
Un expédient face à l’ampleur des déserts médicaux
Ils pourront également « renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après leur expiration » et « prolonger, jusqu’à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l’hypertension ou le diabète), afin d’éviter toute rupture de soins ». Un expédient face à l’ampleur des déserts médicaux.
Les pharmaciens se sont engagés à prendre en charge des patients se présentant en officine pour « les maux du quotidien », comme des petites plaies ou brûlures, dans des communes dénuées de médecins, confirme aussi à l’AFP le président de la FSPF, Philippe Besset. Celui-ci disait également, la semaine dernière, attendre « une discussion plus large sur ce que devrait être le rôle des pharmacies dans la société et le mode de rémunération qui va avec ».
En réponse, Sébastien Lecornu s’est engagé à lancer « une mission sur les flux financiers de la distribution du médicament ». Les conclusions de cette mission, confiée à l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF), « donneront lieu à de nouvelles propositions du gouvernement » concernant le modèle économique officinal, selon la FSPF.
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