Des opérations sont régulièrement menées par des syndicats et personnels pour demander le retour de la gratuité des parkings du CHU à Brest. ©Côté Brest

Depuis le 1er janvier 2024, certains membres du personnel de l’hôpital Morvan doivent trouver une solution de stationnement par leurs propres moyens pour aller travailler.

Par Yann Guénégou

« Nous payons 50 euros par mois, donc 600 euros à l’année, pour venir travailler », renseignent Nathalie et Isabelle*, deux salariées du centre hospitalier universitaire (CHU) Brest-Carhaix. Rencontrées un midi, devant les barrières levées de l’hôpital Morvan, dans le centre-ville de Brest, lors d’une opération « Non aux parkings payants » initiée par les syndicats CGT et Sud (la plus récente s’est déroulée jeudi 9 octobre, de 12 h à 14 h).

« Cela fait près de deux ans que nous nous mobilisons pour un retour à la gratuité des parkings. Depuis que la gestion du stationnement au CHU a totalement été déléguée, début 2024, à une multinationale. Qui décide de tout, fixe ses prix… », rappellent Thomas Bourhis et Sylvain Madec, secrétaires généraux de la CGT et de Sud du CHU.

Les deux responsables syndicalistes ajoutent : « Les parkings payants à l’hôpital sont devenus un des symboles du démantèlement des services publics. C’est scandaleux de faire payer l’accès aux usagers, aux patients et même à certains agents. »

Une pétition

Une pétition pour rétablir la gratuité des parkings dans les hôpitaux a recueilli 25 000 signatures. « Nous l’avons transmise à la direction du CHU et à des députés qui sont venus nous rencontrer. Le travail mené avec eux a permis de déboucher sur deux projets de loi pour rétablir la gratuité des parkings dans les hôpitaux, déposés par des députés PS (Parti socialiste) et LFI (La France insoumise). »

Ils l’avouent :

C’est notre dernier espoir parce que, localement, nous ne sommes pas entendus. C’est uniquement au niveau national que l’on pourra faire bouger les lignes. »

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Les syndicalistes sont prêts à « organiser d’autres actions de ce type pour maintenir la pression jusqu’au débat parlementaire sur ces projets de loi ».

« En colère »

Nathalie et Isabelle sont « en colère ». Elles disent ne pas comprendre. « Avant, toutes les deux, nous avions une carte pour garer nos véhicules sur le site. Puis ensuite une autre pour stationner au parking de Coat-ar-Gueven. » Plus aujourd’hui ? « Depuis que Q-Park a pris la gestion, notre accès au parking a été retiré. Donc nous devons payer. »

Elles parlent de « discrimination par rapport à d’autres sites » où les salariés ont tous un accès « et par rapport à d’autres professionnels » qui, à Morvan, bénéficient d’un accès.

Contactée, la Direction du CHU rappelle qu’il y a plus de 3 000 places de stationnement à La Cavale-Blanche, contre 730 à Morvan. « Tous les agents affectés à la Cavale-Blanche ont un accès parking gratuit. En revanche, étant donné le nombre de places limité à Morvan, en plein centre-ville, et son niveau de saturation compliquant l’accès des patients, le site a été rendu payant en 2013. »

La Direction précise que le stationnement reste gratuit pour 49,9 % des agents de Morvan (88 % sur le site, 12 % dans le parking voisin de Coat-ar-Gueven).

Des critères

Elle fait savoir que des critères ont été instaurés pour bénéficier d’un accès. À savoir : « être affecté principalement à l’hôpital Morvan (hors écoles), ne pas avoir bénéficié de remboursement de frais de transport domicile-travail au cours des trois derniers mois, être fonctionnaire ou en CDI, ne pas être en promotion professionnelle, avoir des jours travaillés au cours des trois derniers mois (les jours de congé annuel, RTT, CET, maladie ou autres absences ne comptent pas…).»

Et répondre à au moins une des conditions suivantes : « être un personnel roulant, être un agent de nuit, être en horaire variable au moins 50 % du temps au cours des trois derniers mois, avoir au moins deux enfants de moins de 12 ans, bénéficier de l’allocation parents enfants en situation de handicap, bénéficier d’un droit d’entrée pour raisons médicales validé par le service Santé au travail. »

« Ceux qui n’ont pas d’accès peuvent être dans cette situation car ils ne remplissent pas les critères pour en avoir ou alors ont vu leur accès suspendu car ils ne l’ont jamais utilisé, poursuit la Direction. Leur droit pourra être réouvert immédiatement à leur demande si besoin. »

Compensation ?

Les salariés qui ne bénéficient pas de carte pour stationner reçoivent-ils une compensation ? « La réglementation n’en prévoit pas », assure la Direction.

Qui rappelle :

Le CHU participe aux charges via le forfait mobilité et favorise les mobilités douces, vélo et accès via le tram.

Nathalie et Isabelle, les deux salariées, ne peuvent opter pour cette solution. « Les transports en commun ? C’est compliqué avec nos horaires atypiques. D’autant plus que là où nous habitons, la desserte n’est pas la même qu’à Brest. Nous avons beau parler de nos difficultés, nous n’avons jamais de réponse. Et en définitive, le coût du stationnement est de notre poche. »

* Prénoms d’emprunt, les deux salariées souhaitant garder l’anonymat.

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Source: https://actu.fr/bretagne/brest_29019/600-euros-de-parking-par-an-pour-venir-travailler-des-salaries-de-cet-hopital-de-bretagne-en-colere_63294659.html

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