Émus par les conditions de prise en charge de leur père de 92 ans, qui a passé 24 heures sur brancard, aux urgences du CHU de Brest, les quatre enfants de ce patient ont décidé de témoigner.

Résidant d’un Ehpad, un patient de 92 ans a passé 24 heures sur un brancard aux urgences de l’hôpital de la Cavale Blanche, à Brest, avant d’être installé dans une chambre. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)
« Notre père de 92 ans, Yves Saliou, résidant en Ehpad, a été transporté aux urgences de l’hôpital de la Cavale Blanche du CHU de Brest, le lundi 17 juillet 2023, où il est arrivé peu avant 17 h. Il avait des difficultés à respirer et souffrait de vomissements », écrivent les quatre enfants du patient, qui ont décidé de témoigner, révoltés par le fait que leur père n’a été admis dans une chambre du service post-urgences de l’hôpital Morvan que le lendemain à 17 h.
« Deux soignants dans une galère innommable »
L’un des enfants, puis un second, sont au chevet de leur père qui est installé sur un brancard, sous oxygène, dans la grande salle d’attente des urgences de la Cavale Blanche qui peut accueillir jusqu’à 26 brancards. Dix-huit places sont alors déjà occupées.
« À 20 h, un soignant vient enfin faire une prise de sang. Il ne peut nous dire quand notre père verra un médecin. Deux soignants œuvrent avec dévouement et, surtout, beaucoup de détermination et de calme dans une galère innommable pour soulager les patients. Admiration ! », soulignent les enfants.
« De minuit à deux heures du matin, nous prenons notre mal en patience. Nous voyons des patients partir, d’autres arriver. Empathie et solidarité se manifestent dans cette grande salle. Le personnel est toujours admirable et dévoué. À 2 h du matin, enfin, papa est installé dans le box numéro 18, toujours sur son brancard. Ce n’est qu’à 5 h du matin que le médecin informe du diagnostic comprenant plusieurs pathologies ».
« Un système de santé maltraitant pour les patients et les soignants »
« Notre père a donc passé 24 heures sur un brancard à 92 ans. Un brancard n’est pas un lit ! Vingt-quatre heures sans soins d‘hygiène, sans mobilisation quand on connaît le risque d’escarres chez les personnes âgées, sans boire pour des raisons médicales évidentes, sous une lumière aveuglante jusqu’à minuit. Il n’est pas en « urgence vitale », nous répète-t-on… Peut-on accepter cela en 2023 ? », interrogent les enfants.
« Les soignants sont contraints de faire un tri, comme en état de guerre. Nuit ordinaire… Dans un service d’urgences ordinaire. Notre père vit sans doute les derniers mois de sa vie et il est traité de façon indigne ».
« La France, une des dix plus grandes puissances au monde, qui avait autrefois un système de santé exemplaire, non seulement maltraite ses personnes âgées ou en état de fragilité, mais aussi ses soignants, qui exercent leur métier dans des conditions souvent déplorables », concluent les enfants du patient.
« Le CHU déplore ce délai d’attente »
Contactée, la direction du CHU de Brest confirme avoir reçu un courrier de plainte de la famille, qui a été instruit par la direction des usagers et ajoute : « Nous comprenons les griefs exposés par la famille et nous tenons à lui présenter toutes nos excuses. Ce jour-là les urgences ont enregistré 166 passages. À 17 h, 58 patients étaient présents, dont 49 en filière longue, et 25 patients étaient alors non vus médicalement. La durée de prise en charge fut longue et le CHU de Brest déplore ce délai d’attente : il s’explique en partie par une activité soutenue ce jour-là. Des axes d’amélioration sont repérés, notamment sur la prévention des escarres. La famille sera prochainement reçue dans le cadre d’une médiation », conclut la direction du CHU de Brest. La famille a aussi écrit à la direction de l’Agence régionale de santé de Bretagne.
Auteur : Catherine Le Guen
Source : À 92 ans, 24 heures sur un brancard aux urgences du CHU de Brest | Le Télégramme (letelegramme.fr)
URL de cet article : À 92 ans, 24 heures sur un brancard aux urgences du CHU de Brest (LT.fr 11/08/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)