
Une Lorientaise de 94 ans est entrée aux urgences de Lorient (Morbihan), dimanche 16 février 2025, à 13 h, après une chute lui occasionnant plusieurs fractures. Elle a attendu sur un brancard dans les couloirs jusqu’à lundi soir, avant d’être prise en charge en médecine gériatrique. Sa famille le dénonce. « Les urgences connaissent une activité importante », explique la direction du GHBS.
Par Nadine BOURSIER.
Elle est enfin rentrée en gériatrie. » Plus de trente heures après son entrée aux urgences du Scorff à Lorient (Morbihan), dimanche 16 février 2025, à 13 h, une Lorientaise de 94 ans a pu avoir un lit d’hospitalisation dans une chambre double, comme nous l’annonce l’un de ses fils. Avant cela, elle est restée sur un brancard baladé dans différents couloirs des urgences.
Blessée après une chute dans ses escaliers en portant son linge, la nonagénaire avait été transportée à l’hôpital par les pompiers. « Elle a attendu plusieurs heures avant qu’un bilan soit posé : une plaie importante à la tête et de multiples fractures », écrit son neveu Rémy dans une publication sur les réseaux sociaux. « Les heures s’égrènent et ses enfants impuissants se relaient en attendant qu’un médecin les informe sur l’état de santé de leur maman. Le personnel du service, certes compétent, est visiblement sous-dimensionné pour le nombre de patients à traiter. »
« Le personnel fait de son mieux »
Aux urgences, elle a reçu les premiers soins. L’un de ses pieds a été plâtré. « Elle ne se plaint jamais, c’est une gentille mamie », confie Frédéric, l’un de ses fils. Avec son frère, ils se sont relayés auprès d’elle, debout à côté du chariot dans le couloir. « Ses appareils auditifs étant déchargés, elle n’entendait rien. En plus, tout le monde avait des masques. Mais pas elle, alors qu’il y avait beaucoup de grippés. Quand je l’ai vu les yeux dans le vide lundi, ça m’a fait de la peine. Chez elle, elle ne reste pas toute la journée dans un fauteuil. Active, elle fait son ménage, sa lessive… »
Sa famille entend bien écrire à l’hôpital pour se plaindre. « Des soignants m’ont dit que des gens restent plus de 48 heures sur un brancard ; ça paraît presque une fatalité. Le personnel fait de son mieux avec les (trop faibles) moyens qu’on lui donne, précise-t-il, ne voulant surtout pas leur jeter la pierre. Je les ai sentis submergés. »
Contactée, la direction du Groupe Hospitalier Bretagne Sud a répondu à nos questions par mail, sans donner de chiffres sur le nombre de passages aux urgences actuellement. « Les urgences connaissent une activité importante, comme rappelé la semaine passée sur nos réseaux sociaux ». Le 13 février, en effet, une publication, invitant la population à ne se rendre aux urgences qu’en cas de situation qui le nécessite et à contacter SOS médecins ou le 15, précisait que la forte affluence impactait « fortement les délais d’attente ».
« Équipes renforcées »
« Cette situation que connaissent de très nombreux établissements de santé est notamment liée aux épidémies hivernales (grippe, infections respiratoires…) et un besoin conséquent de lits d’hospitalisation en particulier pour des patients âgés », précise la direction.
« Nos équipes ont été renforcées afin d’apporter la meilleure prise en charge possible des patients et tous les lits supplémentaires du dispositif hivernal sont ouverts ». Durant la période de novembre à avril, le GHBS ouvre 16 lits supplémentaires répartis dans les sites.
Et de conclure : « Toutes les équipes du GHBS sont mobilisées, en lien avec nos partenaires de ville, pour fluidifier le parcours patient et organiser les sorties d’hospitalisation dans les meilleures conditions. »
Du côté de l’intersyndicale (Sud-FA-CFDT), on pointe « le manque de lits d’hospitalisation, en aval. Depuis plusieurs années, on diminue les lits dans les hôpitaux. Le système français se dégrade. C’est pour cela que ça stagne dans les couloirs. Et c’est très compliqué pour les soignants. L’équipe des urgences reste très motivée et solidaire ».
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