
Par Pauline BAUMER
Ce jeudi 8 juin, des membres de l’agence régionale de santé venaient rencontrer le personnel de santé de l’établissement public de santé mentale Epyslan, à Blain (Loire-Atlantique), ainsi que des membres de l’intersyndicale. Une rencontre sollicitée à la suite de la fermeture de 17 lits et de la pénurie de médecins.
Ce jeudi matin 8 juin, devant l’entrée de l’établissement public de santé mentale, à Blain (Loire-Atlantique), ils étaient une centaine à attendre l’arrivée de Patricia Salomon, directrice territoriale de l’agence régionale de santé (ARS) en Loire-Atlantique, du docteur Bruno Meslet, référent en psychiatrie à l’ARS, et du directeur de Epsylan, Yves Praud.
Un manque d’attractivité
Pendant une heure, ils ont débrayé et accueilli dans un silence plombant les représentants de l’ARS. « L’hôpital se meurt, lâche Fabien Thomas, l’un des représentants du personnel du syndicat Sud. L’accès aux soins et leur continuité sont menacés. Il y a un état d’urgence et une colère au sein du personnel d’Epsylan face aux décisions qui sont prises. »
Le 27 avril, ils étaient 350 à manifester dans les rues de Blain pour alerter sur le manque de moyens et de médecins psychiatres. Une rencontre avait alors été prévue ce 8 juin. « Nous sommes en complet désaccord avec la fermeture des lits et nous aimerions avoir des réponses claires sur le manque d’attractivité de notre hôpital, ajoute Fabien Thomas. Les jeunes diplômés ne viennent pas ici et nous avons seulement six internes sur les dix prévus par notre agrément. Or, la formation c’est une source importante de recrutement possible. »
Des soignants des services psychiatriques de Redon et Saint-Nazaire, qui vivent la même chose, avaient également fait le déplacement pour les soutenir.
« Une crise de vocation »
Praticien hospitalier depuis vingt-trois ans, le Dr Nabil Banaoues a vu les conditions de travail se dégrader au fil des ans. « Cela s’explique pour une part par le défaut de recrutement des médecins psychiatres, indique-t-il. Nous couvrons un large secteur (55 % du territoire de Loire-Atlantique), la demande de soin ne fait que croître et nous ne pouvons pas y faire face. C’est un manque de chance pour nos citoyens, car les patients ne sont pas vus régulièrement par un médecin. » Il insiste également sur l’extra-hospitalier qui « tient avec des bouts de ficelles ».
Tous demandent que l’ARS propose des idées afin de résoudre rapidement cette crise. « Le travail à l’hôpital public c’est prenant, on voit aussi une crise des vocations. Nous voulons surtout que l’ARS protège Epsylan. Le problème est complexe, nous pouvons agir sur plusieurs leviers, mais quand on ferme un service c’est un constat d’échec. »
« Nous sommes dans l’urgence »
Alors que le projet d’établissement devait être conçu pendant l’année 2024, le personnel a appris qu’il serait mis sur pied en trois mois, « en mode accéléré », annonce Fabien Thomas.
« Dans un contexte de fragilité de l’hôpital, il fallait prendre des décisions plus rapidement, évoque Sandrine Friot, représentante de la CGT. Plusieurs hypothèses devraient être étudiées mais ça ne nous rassure pas. Nous sommes dans le flou total. » Un flou qui ne semble pas être devenu plus net à la suite de la rencontre avec l’ARS, même si les syndicats notent une écoute de Patricia Salomon.
« L’ARS propose des solutions à moyen et long termes, relate Fabien Thomas. Or, nous sommes dans l’urgence et former des infirmiers en pratique avancée c’est bien, mais la formation dure deux ans. Qui va remplacer ces personnes-là pendant ce temps-là ? »
Un groupe de travail avec les directeurs de soins des quatre hôpitaux psychiatriques du département, les directeurs des établissements, l’ARS et du personnel paramédical doit se mettre en place la semaine prochaine. Et une nouvelle rencontre avec l’ARS est prévue en novembre.
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