
En pleine période de fêtes, l’association StudHelp, qui lutte contre la précarité étudiante, recense près de 300 demandes d’étudiants brestois en attente d’aide alimentaire.
Par Sarah MIANSONI
Depuis la rentrée, Aude, une étudiante en école de commerce de 23 ans, peine à joindre les deux bouts. « Actuellement, je n’ai pas de travail et je règle mes frais de scolarité moi-même. Quand je cumule tout, il m’arrive d’avoir des difficultés à manger correctement », raconte la jeune femme. Alors, quand un ami lui parle de StudHelp, une association qui met en relation des étudiants en difficulté et des particuliers qui leur fournissent une aide alimentaire, elle n’hésite pas.
Un manque criant de volontaires
Le cas d’Aude est loin d’être isolé. Depuis septembre, StudHelp a enregistré près de 300 demandes d’aide d’étudiants brestois restées sans réponse. La faute à un manque de volontaires, selon ses fondateurs qui n’expliquent pas ce déficit. L’association dispose d’une vingtaine de donateurs actifs pour toute la ville, un effectif bien moindre par rapport aux besoins relevés localement. En France, la cité du Ponant compte le plus faible nombre de donateurs StudHelp par rapport au nombre de requêtes.
Parrainage annuel
Mais lorsqu’ils se mobilisent, les donateurs brestois le font pleinement. Françoise Kerleau et son mari ont découvert StudHelp par un « hasard total » l’année dernière, en regardant le journal télévisé. « Je vais voir sur internet et aussitôt, je m’inscris », se souvient la sexagénaire. Elle est rapidement mise en contact avec Paul, un étudiant béninois qui vit dans le quartier de Bellevue, comme elle, et à qui elle fournit régulièrement des courses alimentaires pendant plusieurs mois.
Depuis la rentrée 2023, Françoise Kerleau parraine un nouvel étudiant. « On aime bien que ce soit ciblé et concret », explique-t-elle. « Maintenant que c’est lancé, je ne vois pas pourquoi on arrêterait ».
« Au-delà du don alimentaire, créer du lien social »
Le coût de la rentrée universitaire en Bretagne a connu une augmentation de 4,57 % par rapport à 2022, selon une étude de la Fédération des associations étudiantes de Bretagne occidentale (Fédé B), une tendance que l’on retrouve au niveau national.
Pour Mathilde Jaouen, présidente de la Fédé B, le niveau de précarité des étudiants n’est « pas du tout étonnant. On a une épicerie solidaire, l’Agoraé. Depuis qu’on a rouvert en octobre, on reçoit des dizaines de demandes par jour ».
La situation est particulièrement difficile pour les étudiants étrangers, qui sont un peu plus de 3 300 à Brest. Depuis 2019, ils paient des frais de scolarité bien plus élevés que leurs camarades français ou de l’Union européenne.
Pour beaucoup, la solitude pèse aussi. StudHelp appelle d’ailleurs les potentiels donateurs à accueillir des étudiants pendant les fêtes de fin d’année. « Il y a forcément des gens qui ont envie d’aider », plaide Florian Rippert, cofondateur de l’association. « L’objectif, c’est d’aller au-delà du don alimentaire et de créer du lien social ».
Pratique
Site internet, https://www.studhelp.fr/
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