En plus de dix ans, la société publique Eau du Ponant a étendu son activité dans la métropole de Brest (Finistère) et bien au-delà. De nombreuses collectivités locales font appel à ses services, soit un tiers de la population du Finistère. Quelles sont ses missions ? Comment ça marche ?
Par Lucile VANWEYDEVELDT.
La société publique locale Eau du Ponant dessert un tiers de la population du Finistère en eau, dont Brest métropole. De gros investissements sont programmés pour entretenir les réseaux, soit 240 millions d’euros sur dix ans. Quelles sont les priorités et comment ça fonctionne ?
Qui gère l’eau autour de Brest ?
La société publique locale (SPL) Eau du Ponant. « C’est une quasi-régie, affirme sa directrice, Noémie Saint-Hilary. Elle permet aux collectivités locales qui la composent de garder la main sur les orientations, les investissements et le bilan financier. C’est la première SPL qui a été créée en France, en 2010. Cette gestion publique de l’eau recrée de la solidarité sur le territoire puisque les grandes villes aident les petites communes en termes d’ingénierie. On mutualise les compétences. »
La société gère l’eau potable de plus de 300 000 usagers et l’assainissement de 94 000 foyers. Au total, 55 communes sont desservies. On dénombre 21 usines de production d’eau et 33 stations d’épuration. L’entreprise compte au total 240 salariés. Bref, c’est l’une des plus grosses structures en Bretagne.
Combien coûte l’eau ?
En 2022, le prix du m³ d’eau est de 4,70 €. « Mais il faut se méfier des comparaisons hâtives, complète la directrice. Dans le prix de l’eau, il y a la part de l’abonnement qui est très faible à Brest, comparé à d’autres villes de même taille. Mais il y a aussi les mesures sociales, le montant des investissements. Il faut prendre tout cela en compte. » D’ailleurs, sur l’ensemble du territoire que couvre Eau du Ponant, il y a des disparités tarifaires. Avec toutes ces précautions, Noémie Saint-Hilary avance le chiffre de 430 € par an sur une base de 80 m3. Elle précise également que la régie publique ne fait pas de profit, contrairement à d’autres sociétés privées. Tous les bénéfices sont réinvestis dans l’outil.
Quel est le montant des investissements dans le territoire ?
Un plan pluriannuel d’investissements a été validé par les élus : il est d’environ 240 millions d’euros sur les dix prochaines années. Le plus gros chantier est celui de l’usine de Pont-ar-Bled, à Plouédern : 42 millions d’euros. Les travaux vont démarrer avent la fin de l’année. L’enquête publique est lancée. Cette usine pompe l’eau de l’Elorn.
Un autre gros chantier est la mise en conformité du système d’assainissement. Le réseau d’assainissement de la métropole de Brest est unitaire, c’est-à-dire qu’il recueille à la fois l’écoulement des eaux usées et celui des eaux pluviales. Or, en cas de fortes pluies, le système est surchargé, entraînant des débordements. Des eaux usées se retrouvent alors dans la Penfeld et la rade de Brest, polluant le milieu marin.
À Brest, la métropole est en train d’aménager huit bassins de stockage qui permettent d’absorber les excédents d’eau en cas de fortes pluies. Coût : 28 millions d’euros. « Un autre effort est effectué sur la nature des revêtements de sol, indique Nathalie Chaline, vice-présidente de Brest Métropole chargée de l’eau et l’assainissement. On végétalise les cours d’école et on aménage certaines rues avec du bitume qui absorbe la pluie (rue de Kermaria, par exemple). Ce sont des petits gestes qui, bout à bout, peuvent changer les choses sur le long terme. »
Par ailleurs, les usines de Kerléguer et du Moulin-Blanc seront également rénovées (budget de 15 millions d’euros tous les dix ans).
Quel est l’état du réseau sur le territoire de la métropole ?
« Le taux de performance est supérieur à 85 %, se réjouit Noémie Saint-Hilary. Cela veut dire qu’il y a peu de fuites et que les investissements nécessaires ont été réalisés. Des kits en cas de fuites d’eau ont été mis au point pour les particuliers. Nous sommes vigilants sur l’entretien des canalisations. » La métropole est plutôt bonne élève. C’est même un modèle pour d’autres collectivités qui créent une SPL comme, par exemple, Quimper Bretagne occidentale.
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