À Brest, la colère des étudiants infirmiers qui manifestent ce vendredi (LT.fr 11/05/2023)

Les étudiants des Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) de la Croix-Rouge et du centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest organisent une manifestation commune ce vendredi 12 mai. (Photo Le Télégramme/Manon Fontaine)

Ce vendredi, à 14 h, les étudiants en soins infirmiers de Brest manifesteront, devant l’hôpital Morvan, contre l’ouverture de 2 000 places dans leurs formations, qu’ils estiment déjà défaillantes.

Dans le petit local de l’Association des étudiants brestois en soins infirmiers, situé dans le centre de formation des professionnels de santé, l’amertume se fait ressentir chez les élèves du centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest et de la Croix-Rouge. Tous ont en mémoire l’annonce de la Première ministre, Élisabeth Borne, qui les laisse ébahis depuis deux semaines. Le 26 avril 2023, la Première ministre annonçait la création de 2 000 places dans les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi). Pas de quoi satisfaire ces étudiants qui souhaitent d’abord améliorer leurs conditions d’apprentissage.

« Un écran de fumée »

« Cette mesure, c’est un écran de fumée », peste Romain Séchet, élève infirmier en deuxième année à la Croix-Rouge. « On n’est pas nécessairement contre le fait de rajouter des étudiants et des écoles, mais on a déjà créé 5 300 nouvelles places depuis 2020, sans aucun moyen conséquent ». Sa camarade de promotion, Coline Jacob, ajoute : « Certains élèves doivent même s’asseoir par terre ! On ne peut pas continuer à pousser les murs ». Faute de place et de formateurs, environ un quart de leurs enseignements sont dispensés en distanciel.

On a déjà créé 5 300 nouvelles places depuis 2020 sans aucun moyen.

Pour les six jeunes rassemblés autour de tracts et de pancartes, cette augmentation vise à remplir les places laissées vacantes par le tiers d’étudiants qui abandonne avant d’être diplômé selon une enquête du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) de 2022.

« Mais les élèves ne vont pas rester dans les Ifsi pour autant », soupire Théo Lancien Charlès, administrateur et formateur à la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), qui organise l’appel national à manifester ce vendredi 12 mai 2023. Celui qui est aussi étudiant en deuxième année au CHU reprend : « Le problème, ce sont nos conditions de travail. Après chaque stage, on perd trois ou quatre personnes qui ont été mal encadrées ou qui ont constaté la détérioration de l’hôpital public ».

L’impression d’une formation au rabais

Les futurs infirmiers doivent cumuler 60 semaines de stage durant les trois années de leur formation. « Mais il n’y a déjà pas assez de places pour nous accueillir. À Lyon, tant qu’ils sont encadrés, les élèves sont même incités à trouver des stages dans des cabinets dentaires ou des cliniques vétérinaires ! » s’indigne Coline Jacob.

Avec le risque, à terme, de sortir diplômés de l’école sans connaître les gestes techniques. « Moi, je n’ai toujours pas posé un cathéter, alors que c’est basique. Au bout de trois ans, certains ne savent même pas poser de sonde urinaire », s’attriste Anne-Laure Le Breton, en deuxième année à la Croix-Rouge.

En deuxième année, je n’ai toujours pas posé un cathéter, alors que c’est basique. Au bout de trois ans, certains ne savent même pas poser de sonde urinaire.

Pour lutter contre la détérioration de leurs conditions d’apprentissage et pour stopper l’hémorragie de soignants, les étudiants mobilisés proposent notamment d’augmenter leurs indemnités de stage, qui vont de 36 € par semaine en première année à 60 € en fin de cursus. « Moins que ce qui va être accordé aux lycéens de bac pro, et bien moins que ce que touchent les stagiaires classiques », note Lysandre Le Gall, administratrice et formatrice de la Fnesi. « Nous demandons simplement l’égalité ». Les étudiants brestois, qui peuvent être envoyés jusqu’à Quimper faute de places plus proches, comptent aussi sur une meilleure indemnisation kilométrique. L’élève infirmière en deuxième année conclut : « Au final, le perdant, dans tout ça, c’est le patient ».

Auteur : Manon Fontaine

Source : À Brest, la colère des étudiants infirmiers qui manifestent ce vendredi – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : À Brest, la colère des étudiants infirmiers qui manifestent ce vendredi (LT.fr 11/05/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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