Dans une lettre ouverte adressée au Directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, le Secours Catholique de Brest-Centre alerte sur le sort réservé aux exilés, inutilement bringuebalés.
Le Secours Catholique de Brest-Centre monte au créneau et tire la sonnette d‘alarme sur le sort réservé aux exilés. Dans une lettre ouverte adressée au directeur de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration), qui a pour mission « d’intégrer les migrants durant les cinq premières années de leur séjour en France », l’équipe en charge de ces populations précaires alerte sur « l’instabilité du système de déplacement et de répartition des exilés ».
Nous assistons, impuissants et démoralisés, à un « ballet » difficilement compréhensible des élèves qui fréquentent notre structure
« Un ballet difficilement compréhensible »
« Depuis quelque temps déjà, et le mouvement semble s’accélérer, nous assistons, impuissants et démoralisés, à un « ballet » difficilement compréhensible des élèves qui fréquentent notre structure, écrivent les bénévoles du Secours Catholique. Du jour au lendemain, ces élèves sont déplacés d’une ville à l’autre, à l’intérieur de notre région et, fait nouveau, ces jeunes reçoivent un message des travailleurs sociaux, les informant qu’il leur a été réservé un billet de train pour le jour suivant, afin de rejoindre un autre centre en région parisienne ! ».
« Nous aimerions comprendre »
« Nous aimerions comprendre comment fonctionne le système de déplacement et de répartition de ces exilés, poursuivent les bénévoles. Qu’est ce qui justifie de quitter un centre Adoma, ou Coallia à Brest, ville dans laquelle ils ont commencé une vraie intégration, ville dans laquelle ils ont créé des liens d’amitié, ville dans laquelle ils ont mené des actions, comme bénévoles, dans diverses associations et surtout ville dans laquelle ils ont entamé et poursuivi un cycle d’apprentissage du français ? S’agit-il seulement de critères financiers ? Un jeu de « chaises musicales », sous prétexte de libérer un nombre de places ici et les remplir là ? ».
Ces élèves qui ont connu tant de drames et d’errances depuis qu’ils ont quitté leur pays d’origine sont à nouveau déplacés, tels des pions
« Tourbillon humain »
Face à ce « tourbillon humain qui va à l’encontre de l’intérêt de tous ces jeunes et moins jeunes que nous accueillons », les bénévoles brestois disent ne pas saisir « l’intérêt de ces décisions administratives qui nous apparaissent dénuées d’humanité. Ces élèves qui ont connu tant de drames et d’errances depuis qu’ils ont quitté leur pays d’origine sont à nouveau déplacés, tels des pions, alors qu’ils ne demandent qu’un peu de stabilité pour retrouver un peu d’espoir en l’avenir ».
Nous sommes désemparés et incapables d’expliquer à ces élèves les raisons de ce qu’ils vivent souvent comme une sanction
« Désemparés »
« À chaque décision brutale de transfert, conclut le Secours Catholique, nos élèves nous confient leur désarroi et leur incompréhension. Nous sommes désemparés et incapables d’expliquer à ces élèves les raisons de ce qu’ils vivent souvent comme une sanction. Quant aux travailleurs sociaux, ils nous répondent qu’ils obéissent aux ordres de l’OFII, organisme qui détient les cordons de la bourse ».
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