Une dizaine d’ouvriers de la subdivision des Phares et Balises basée au quai du commandant Malbert à Brest (Finistère) était en grève le mercredi 14 août 2024. Leur raison ? Plusieurs contrats à durée déterminés ne seront pas renouvelés, selon les membres du mouvement. Un manque de recrutements qui pèse sur les salariés, dont les effectifs ont diminué de près de moitié entre 2011 et 2024.
Pendant que des riverains profitent des rayons du soleil matinal, les drapeaux de la CGT flottent au-dessus du quai du commandant Malbert à Brest (Finistère). À l’entrée du site, le ton est donné : « Contrats bidons, sécurité en carton », peut-on lire sur une banderole.
Ce mercredi 14 août 2024, une partie de l’équipe des Phares et Balises a installé un piquet de grève en début de matinée. La source de cette colère ? « Nous avons reçu une note de la direction la semaine dernière pour nous annoncer qu’il n’y aura pas de nouveaux postes créés à la rentrée », déplore David Sévère, membre de la CGT.
Division par deux de l’équipe en dix ans
Installés sur des bancs avec des cafés à la main, plusieurs salariés notent une dégradation des conditions de travail depuis deux ans. « Ils ont commencé à geler les effectifs. À partir de ce moment-là, nos conditions de travail n’ont fait qu’empirer », glisse l’un d’entre eux. Alors qu’ils ont à leur charge de nombreuses missions, comme l’entretien des phares et le balisage des routes maritimes, les bras viennent à manquer. « En 2011, nous étions quarante à temps plein, maintenant nous ne sommes plus que 21 », témoigne David Sévère.
Moins de main-d’œuvre signifie moins de temps consacrées à toutes leurs tâches. La destruction de la balaise La Veille en bai de Morlaix par des coups de vent et la force des vagues serait liée à cette situation, selon les équipes. « On n’a plus de temps de faire les entretiens ! C’est censé être notre patrimoine et permettre la sécurité en mer. On ne peut même plus garantir cela », lâche l’homme.
Les CDD, victimes du gel des embauches
Les premières victimes de cette baisse de recrutement restent les contrats précaires. À Brest, ils sont quelques-uns dont les promesses de CDI se sont envolées à l’annonce de la direction, comme Théo Desnos. Après un contrat de vacataire et un CDD d’un an, le jeune homme aurait dû être titularisé au sein de l’équipe. « Ça fait mal forcément. Je pensais pouvoir me projeter à Brest mais maintenant mes plans sont chamboulés. »
Et il n’est pas le seul à être dans cette situation. Un ouvrier, qui souhaite rester anonyme, avait quitté son ancien CDI pour vivre de sa passion au sein de Phares et balises. Si son contrat ne se termine que l’année prochaine, il s’inquiète de ne pas voir son poste pérennisé « J’ai toujours rêvé de faire ce métier, raconte-t-il, mais j’ai encore trois enfants à charge. Cette situation me met dans un état de stress. »
« On se sent utile »
Au sein des titulaires, le constat n’est pas mieux. « La charge de travail pèse sur les épaules de tout le monde. Une grande partie de l’équipe travaille maintenant à 80 % », témoigne David Sévère.
Pourtant, tous affirment être passionnés par leurs métiers. « On se sent utile. Mes enfants sont fiers de moi lorsque je leur raconte mes journées de travail », affirme le mécanicien anonyme.
Les grévistes espèrent que leur direction maintiendra les postes des contrats à durée déterminés et en ouvrira de nouveaux. Pour eux, le combat se poursuivra en septembre avec un mouvement plus général.
Auteur : Marie RABIN.
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