
À Concarneau, les collectifs Stop croisières BZH et Extinction Rebellion ont empêché, ce samedi 6 juillet 2024, un paquebot de débarquer ses passagers, qui a préféré renoncer à son escale. Cette action visait à dénoncer l’industrie des navires de croisière, jugée trop polluante.
Par Guirec FLECHER.
Ce samedi matin, un grand sourire s’affiche sur les visages des militants. Après trois heures de blocage de l’entrée du port de Concarneau, le bateau de croisière « Seven Seas Voyager » renonce à débarquer ses voyageurs. « On ne pensait pas qu’il irait jusqu’à partir. Pour nous, c’est une réussite », se satisfait Sophie, activiste au sein des collectifs Stop croisières BZH et Extinction Rebellion.
Dès 7 h du matin, elle et seize autres personnes ont embarqué sur des kayaks au départ du quai Nul pour une action « symbolique » : établir un barrage filtrant pour bloquer les navettes venues déposer les croisiéristes en Ville bleue. Une manifestation sur l’eau inédite mais non sans danger. Vers 8 h, une navette à passagers vide a tenté de passer en force le barrage, manquant de percuter un kayak. Un peu avant 10 h, le Seven Seas Voyager a décidé de renoncer à son escale pour se diriger vers Brest, où il était initialement attendu dimanche. Vendredi 5 juillet, celui-ci se trouvait à Lorient.
Une pollution dénoncée
À travers cette opération, le collectif Stop croisières BZH visait à dénoncer l’industrie de ces luxueux navires, jugée en inadéquation avec les accords de Paris sur le climat. « Sur un bateau comme celui-ci, un voyageur émettra 4 t de CO2 en 14 jours, alors que nous devons chacun atteindre 2 t de CO2 par an pour respecter nos objectifs climatiques », affirme David, membre du collectif, qui rappelle que Stop croisières BZH s’inscrit dans un mouvement européen.
Le Seven Seas Voyager, de la compagnie Norwegian Cruise Lines, est un paquebot long de 206 m. Il peut accueillir 700 passagers en plus de ses 447 membres d’équipage. Celui-ci a quitté Porto le 28 juin et doit rejoindre Antwerp, en Belgique le 12 juillet 2024. En France, il a notamment fait escale à Saint-Jean-de-Luz, Lorient, Concarneau puis Brest.
Interpeller la population
Selon David, ce sont ces mêmes villes bretonnes qui doivent aujourd’hui s’interroger sur l’accueil de ces navires. « On parle souvent des retombées économiques de ces bateaux. Mais sont-elles si importantes que ça ? A-t-on besoin de quelques paquebots qui viennent de l’autre bout du monde pour que les commerçants locaux puissent vivre ? ». Pour l’activiste, cette action vise aussi à interpeller la municipalité. « On aimerait bien que la population soit plus concernée par ces enjeux. On demande qu’un vrai débat citoyen soit organisé à Concarneau », appelle David, prenant notamment l’exemple d’Amsterdam, qui a décidé d’interdire les bateaux de croisière dans son centre historique.
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