La partie s’annonce délicate pour la députée sortante Renaissance, Liliana Tanguy, sur la circonscription Douarnenez-Pont-l’Abbé, où la gauche fonde de solides espoirs.
Par Rodolphe POCHET.
La circonscription des Penn sardin et des Bigoudènes va-t-elle de nouveau être représentée par une femme au Palais Bourbon ? C’est le cas depuis plus d’un quart de siècle, quand la socialiste Jacqueline Lazard créa la surprise en 1997. Les suites d’une dissolution hâtive, déjà, qui avait vu la majorité basculer… L’UMP Hélène Tanguy puis la PS Annick Le Loch lui ont succédé, et depuis 2017, portée à deux reprises par la vague macroniste, la Combritoise Liliana Tanguy. Elle avait été réélue avec un peu plus de 52 % en 2022, face à l’Insoumise Yolande Bouin.
Cette marque féminine a des chances de se poursuivre. La candidate Ensemble-Renaissance sortante retrouve face à elle, parmi les deux forces majeures, une jeune Insoumise, Jugdeep Harvinder, pour le Nouveau Front populaire, et une agricultrice militante du Rassemblement national, Annick Alanou. Celle-ci peut s’appuyer sur une progression constante du parti sur la pointe cornouaillaise : 6 % aux législatives de 2017, 12 % à celles de 2022 et 24 % aux dernières européennes, avec des scores à plus de 30 %, même si la comparaison entre scrutins doit inciter à la prudence. De quoi postuler à une possible triangulaire.Notre rubrique sur les élections législatives
Logement et pêche
La gauche unie, bloc pesant 38 % aux européennes du 9 juin, rêve d’un retour à l’Assemblée nationale, symbolique en cette année du centenaire de la grève des sardinières de Douarnenez. La plus grande cité de la circonscription concentre des enjeux, comme les résidences secondaires et l’impact sur le logement des jeunes, partagés par des communes du Cap-Sizun ou du Pays bigouden.
Mais c’est bien celui-ci qui pèse le plus lourd en termes de démographie (62,6 % de la population). La pêche, fragilisée, revient haut dans les conversations, même si les députés ont peu de leviers directs pour agir. Le Pays bigouden sud, ce sont près de 40 000 habitants l’hiver, avec 3 000 emplois liés à la pêche… Et si plus haut le port d’Audierne se porte bien, les mesures brutales l’inquiètent. Autant dire qu’un pêcheur confronté à des mesures écologistes jugées contraignantes regarde d’un drôle d’œil ces Douarnenistes manifestant contre la venue des paquebots ! Tout le charme d’un territoire de caractère.
Les Républicains peuvent peser
Avec le petit 16,5 % local de la liste Hayer aux européennes, Liliana Tanguy sait qu’elle joue une partie délicate pour retrouver son siège. D’autant que les fermetures de classes, d’horaires de La Poste ou de certaines offres de santé, qui marquent les habitants, se trouvent attribuées à la majorité sortante. Ce vote de centre-droit, autour de ce même thème du « rejet des extrêmes », le candidat des Républicains Marc Raher espère bien en capter une partie. Ancré au Juch, dans le pays de Douarnenez, dont il est vice-président à l’économie, il entend être bien plus qu’une candidature de témoignage. Ce que semblent destinés à être les trois autres partants, le Lassalliste Jacques Tanguy, Aela Malet du Parti breton et Régis Debliqui pour Lutte ouvrière.
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