L’insoumise Yolande Bouin, figure de la gauche de Douarnenez (Finistère) et conseillère d’opposition municipale est partie à la veille du 1er mai, à l’âge de 63 ans. Ses camarades et amis lui rendent hommage en cette journée si symbolique.
Par Marion GONIDEC.
Yolande Bouin, à Douarnenez (Finistère), c’était « Yoyo ». La conseillère d’opposition, figure de la gauche douarneniste est partie dans son sommeil, à 63 ans, une veille de 1er mai.
« Continuer sa lutte, notre lutte »
Sur la place de l’Enfer, à Douarnenez (Finistère), pour le rassemblement de la journée internationale des travailleuses et des travailleurs, l’émotion est tangible. C’est Ollivier Delbot, également conseiller d’opposition, qui prend la parole au nom du groupe Douarnenez Terre Citoyenne. « Comme beaucoup, nous sommes sous le choc et très tristes suite à l’annonce du décès de Yolande. La plupart d’entre vous la connaissent de longue date et ont pu constater à quel point elle ne lâchait rien. Rien face à la barbarie de ce système capitaliste qui écrase les individus pour faire toujours plus de profit. Rien face à l’indifférence de ceux et celles qui le regardent sans bouger. Yoyo se voulait grain de sable, elle était caillou pour beaucoup de ceux qui répondent aveuglément à la logique comptable pour diriger nos vies, tant au niveau local où elle prenait le temps d’aller à la rencontre des employés de la ville pour connaître leurs réelles conditions de travail et leurs revendications qu’au niveau global, où elle n’hésitait pas à interpeller le président de la République lors de la convention citoyenne pour le climat. Yoyo aurait du être parmi nous aujourd’hui », a-t-il dit avant d’ajouter qu’il faut continuer « sa lutte, notre lutte pour un monde en paix, tolérant et écologique ». Le « Qu’est-ce que vous entendez par justice sociale ? » qu’elle avait adressé à Emmanuel Macron alors qu’elle était membre de la convention citoyenne pour le climat restera dans les annales.
Militante associative
Yolande Bouin militait dans la ville et très activement au sein de Fraternité Douarnenez pour le soutien et les droits des personnes en exil. C’est là que de jeunes militants se souviennent l’avoir rencontrée à leur arrivée. Difficile de ne pas graver d’image mentale de Yolande Bouin, tant elle était présente par sa belle voix grave et forte, claire et directe, ses arguments parfois uppercuts, son goût de l’écologie politique et la défense des classes populaires, dont elle était elle-même issue. « Entière, je dirais », livre Maxime Touzé, camarade de l’opposition.
Candidate aux Législatives en 2022
Conseillère d’opposition depuis 2019, elle était, en 2022, la tête de liste Nupes (LFI) pour les Législatives dans la septième circonscription (Douarnenez Pont-l’Abbé). Si elle a perdu l’élection face à Liliana Tanguy, elle était arrivée en tête au premier tour à Douarnenez. « Je suis allée m’inscrire sur les listes pour voter pour elle », glisse quelqu’un dans l’assemblée. Si ses prises de position et son côté rentre-dedans ne faisaient pas l’unanimité, elle était très respectée pour la droiture de son engagement. « C’était un personnage, soit tu l’aimais, soit tu ne l’aimais pas. Mais elle était entière. Il n’y avait aucune hypocrisie chez elle. Elle n’en avait rien à faire de ce qu’on pouvait penser d’elle, ce qu’elle voyait, c’était l’objectif », résument ses camarades de lutte.
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Un hommage prochain
Sa proche camarade de lutte, Padina est sans voix. C’est par Yolande que la sympathisante de la France Insoumise est devenue militante. « C’était une insoumise avant l’invention de la France Insoumise. Je l’ai rencontrée en arrivant, pendant les manifs contre la loi travail puis à Fraternité, au début de l’année 2016. On s’est retrouvées sur ces deux luttes, on passait du temps ensemble. Elle était de Rouen, je suis du Havre, ça nous a un peu rassemblées. Et elle m’a embarquée dans le militantisme. Et pendant les Législatives on a passé presque un mois et demi en colocation, chez elle ou chez moi », glisse son amie.
Pendant ce rassemblement du premier mai, c’est une minute d’applaudissements nourris qui salue le départ de « Yoyo ». « Le silence, c’était pas trop son truc », résume Ollivier Delbot, ému. Ses compagnons de la gauche d’opposition sont en contact avec sa famille. Un hommage va être organisé prochainement pour celles et ceux qui voudront lui dire un dernier au revoir.
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