
Ce jeudi 27 mars 2025, en plein conseil municipal de Douarnenez (Finistère), Ollivier Delbot, élu d’opposition, a souhaité lire un texte de soutien aux victimes de violences sexuelles. Craignant qu’il dénigre l’enseignement privé et estimant que le propos n’avait pas de lien avec l’ordre du jour, la maire Jocelyne Poitevin lui a refusé la parole.
Par Sounkoura-Jeanne DEMBÉLÉ.
Gros moment de tension lors du conseil municipal de Douarnenez (Finistère), jeudi 27 mars 2025. À l’issue d’une délibération sur le versement des subventions aux écoles privées, Ollivier Delbot, élu d’opposition de gauche, a souhaité faire une déclaration sur les affaires de violences sexuelles qui secouent actuellement la France, en prenant, comme point de départ, le témoignage relayé le 21 mars par nos confrères du Télégramme d’un ancien élève de l’école Saint-Jean qui aurait été victime d’abus par un enseignant – aujourd’hui décédé – de l’établissement en 1977 et 1978.
« N’y voyez pas un coin parce que nous parlions d’éducation privée », a-t-il souligné avant d’entamer la lecture de son texte, sans demander l’autorisation au préalable.
« Non, c’est hors sujet »
Mais dès les premiers mots, le conseiller a été coupé net par Christine Tanguy, élue de la majorité. « Non ! C’est hors sujet, ce n’est pas à l’ordre du jour du conseil municipal », lui a-t-elle lancé visiblement ulcérée, rejointe par la maire Jocelyne Poitevin. « Je suis d’accord avec Christine », a indiqué l’édile, ajoutant : « C’est une question délicate, douloureuse, et nous n’avons pas à l’étaler ici. Ce n’est pas notre rôle de faire le procès de qui que ce soit. C’est l’affaire de la justice. »
Malgré tout, Ollivier Delbot a tenté de reprendre sa déclaration, provoquant un intense brouhaha dans les rangs de la majorité. « On coupe le micro, a alors sommé Jocelyne Poitevin. Ce n’est pas le lieu. » « Vous ne voulez même pas savoir ce que je vais dire ? », lui a demandé le conseiller, offusqué. « Non, lui a rétorqué la maire. Car tu vas jeter l’opprobre sur des gens et des institutions. »
Procès d’intention ?
Ollivier Delbot y a vu un procès d’intention : « Vous ne connaissez même pas l’objet de mon propos et vous me condamnez d’avance. C’est hallucinant », a-t-il lâché avant d’assurer que la majorité se méprenait sur ses intentions. « Ce n’est pas le sujet », a balayé Jocelyne Poitevin, rappelant que le règlement intérieur du conseil municipal n’autorise pas les interventions sans lien avec les affaires de la commune, à l’exception des questions diverses en fin de séance.
À l’issue du conseil municipal, Ollivier Delbot a transmis sa déclaration à la presse. L’école Saint-Jean n’est effectivement pas citée nommément. Il n’y est pas non plus fait mention des accusations visant le professeur, ni même de l’enseignement privé. Le conseiller y aborde le sujet des abus sexuels d’un point de vue général et invite les élus locaux à « encourager la libération de la parole et soutenir les associations qui accompagnent les victimes dans ce long chemin vers la justice, la vérité et la réparation ».
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