
Comme prévu, La Petite boulangerie, sur l’île de Groix, a bien baissé le rideau au 31 décembre. Michaël Trognon et son épouse Mélanie ne pouvaient plus assumer les coûts de l’énergie.
Il n’y a plus qu’une seule boulangerie sur l’île de Groix. Comme nous vous l’annoncions le 8 décembre, Michaël et Mélanie Trognon, gérants de La Petite boulangerie, ont définitivement baissé le rideau le 31 décembre 2022, accablés par la flambée des prix de l’énergie. Leur facture d’électricité de 1 200 € devait être multipliée par quatre ou cinq. Insoutenable. « La solution pour ne pas fermer c’était de travailler deux fois plus, de se payer deux fois moins et de licencier, tout ça pour payer l’électricité », s’indigne le boulanger. Michaël Trognon ne cache pas son amertume d’avoir dû éteindre fours et pétrins. « C’est dur de fermer une entreprise qui fonctionne ». Michaël et Mélanie embauchaient la mère de cette dernière ainsi qu’un jeune groisillon engagé il y a un an.

La maison mise en vente
Le bâtiment de 245 m² pour six pièces, accueillant la boulangerie de 147 m², a été mis en vente par des agences immobilières, à 777 000 €. « On vend la totalité du bâtiment parce qu’il y a les crédits qui courent, on n’a pas le choix si on ne veut pas se retrouver en caravane ». La famille Trognon, qui avait repris la boulangerie en 2017, tout droit arrivée de la Meuse, veut rester sur le caillou, « si on arrive à vendre », pose comme condition le boulanger. À 49 ans, le boulanger n’a pas passé beaucoup de 2 janvier à la maison, la grasse matinée il ne connaît pas alors il ne compte pas rester sans travail très longtemps. « Du boulot, il y en a sur l’île, on prendra ce qui vient, serveur, plongeur dans un restaurant », assure l’artisan. Les boulangers ont aussi dû faire face à la hausse du coût des matières premières, « le prix des œufs a doublé et on a fait avec, sans augmenter le prix du pain », nous présentait le mois dernier Thierry Froment, le beau-père de Michaël Trognon.
Pas la seule boulangerie concernée
Michaël Trognon pense aussi à tous ses homologues dans la même situation : « à Lorient aussi des boulangeries ferment, on doit être cinq ou six à 40 km à la ronde. Et les boulangers ne sont pas les seuls concernés ! ». Depuis l’annonce de la fermeture, Michaël et Mélanie Trognon ont reçu de nombreux témoignages de soutien de la part des Groisillons qui vont devoir changer leurs habitudes. Restera une boulangerie et les supermarchés groisillons pour s’approvisionner en pain.
Céline LE STRAT