
Des postes stratégiques au Palais Bourbon ont fait l’objet de tractations opportunes entre les troupes présidentielles et le groupe lepéniste, consolidant une « alliance » que dénonce la gauche.
Par Léa PETIT SCALOGNA.
Le Rassemblement national (RN) serait-il entré dans la coalition gouvernementale, aux côtés de la Macronie ? C’est ce qu’affirme Hadrien Clouet, député France insoumise (FI) et vice-président de lacommission des Affaires sociales. « Ils gouvernent ensemble, se soutiennent mutuellement et travaillent main dans la main », s’agace-t-il.
Le RN a d’ailleurs refusé de voter cette semaine la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, dont les membres ont été adoubés par le parti d’extrême droite. En échange, la Macronie lui a envoyé plusieurs gages. À tel point que le cordon sanitaire s’effrite, jusqu’à tomber en lambeaux lorsque s’acoquinent macronistes et lepénistes pour les élections des présidents de commission à l’Assemblée nationale.
Le groupe des 125 députés lepénistes a ainsi obtenu six vice-présidences de commission grâce aux votes du camp présidentiel. Une première : lors de la précédente législature, ils n’en occupaient aucune.
Deux élus du camp présidentiel en soutien
L’un des heureux récepteurs de la générosité macroniste n’est autre que Sébastien Chenu, porte-parole du RN qui, dès le 2 octobre, a été élu président de la commission chargée d’apurer les comptes de l’Assemblée, face au socialiste Philippe Brun. Un cadeau offert par deux membres du camp présidentiel : l’élue Horizons Félicie Gérard et son collègue du Modem Philippe Vigier, préférant glisser un vote en sa faveur.
« Quelle honte ! Préférer le RN à un socialiste après le front républicain de juillet ? Vous êtes nés avant la honte, collègues », s’est scandalisé le député Arthur Delaporte, porte-parole du groupe PS. L’instance en questiondispose d’un droit de regard sur les finances internes de l’Assemblée nationale – et ce, alors même que le RN est soupçonné d’avoir détourné 6,8 millions d’euros entre 2004 et 2016 au Parlement européen.
À l’opposé du Front républicain
Retour d’ascenseur, les macronistes ont battu cette semaine des candidats progressistes grâce aux votes de l’extrême droite. « Ils bâtissent ensemble un barrage à la gauche », à l’inverse du front républicain observé lors des législatives, se désole Hadrien Clouet. Deux commissions, celle des Affaires étrangères présidée par Bruno Fuchs (Modem), et celle des Affaires sociales par Frédéric Valletoux (Horizons), ont été acquises par les troupes présidentielles avec le soutien lepéniste.
« Ils sont liés par leurs intérêts et l’appât des postes. Pour les sécuriser, ils sont capables de faire des deals à l’opposé de ce qu’ils prônent depuis trois mois », dénonce Arthur Delaporte. Et si des couacs sont apparus, c’est surtout entre les députés macronistes et les élus LR membres du groupe de la Droite républicaine, puisque leurs dissensions ont permis à la députée FI Aurélie Trouvé d’être élue présidente de la commission des Affaires économiques.
En attendant, l’idylle entre l’extrême droite et l’extrême centre se poursuit dangereusement. Reste à savoir si le RN assumera de soutenir un gouvernement qui prévoit de sabrer les services publics via la cure d’austérité de 40 milliards d’euros qu’il prépare.
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