
Le Secours populaire et l’Ordre des experts-comptables de Bretagne se sont unis le temps d’une distribution à destination des étudiants lorientais (Morbihan) ce vendredi 11 avril 2025.
Par Gaëlle LUCAS.
ls sont cinq bénévoles à s’activer derrière les étals disposés sur le parking de l’IUT de Lorient (Morbihan) et sur lesquels sont disposées des denrées alimentaires variées, quand une première étudiante fait son apparition, ce vendredi 11 avril vers 17 h. Marie (1) a amené plusieurs grands sacs de courses que les bénévoles du Secours populaire remplissent petit à petit : fruits, farine, pain… À côté des tables, le moteur d’une camionnette ronronne doucement pour alimenter un réfrigérateur qui contient les produits frais, comme le lait ou des pâtes à tarte.
C’est la troisième fois que cette étudiante en génie civil bénéficie de l’aide alimentaire du Secours populaire. Mais cette fois, elle repartira avec un petit plus non négligeable : un sac en toile rempli de produits d’hygiène. Lessive liquide, produit vaisselle, savon à main, gel douche, détergent…
39 € de produits d’hygiène
Ce panier, d’une valeur de 39 €, a été financé par l’Ordre des experts-comptables de Bretagne. C’est la troisième édition de cette initiative « Experts et solidaires » qui se tient un fois par an dans les campus universitaires les plus importants de Bretagne. Et le mouvement s’intensifie : « En 2022, on avait versé pour 30 000 € de dons. En 2025, on en est à 57 000 € », indique Gwenaël Jambou, vice-président de l’Ordre.
Ce soir, une vingtaine d’étudiants ont prévenu le Secours populaire qu’ils seront présents à la distribution. « Ils seront plus nombreux. Il y a environ 50 étudiants « accueillis » à Lorient. C’est comme ça qu’on nomme les bénéficiaires. Et d’une année sur l’autre, il y en a de plus en plus. L’an dernier ils étaient entre 30 et 40 », indique Gilles Le Roch, responsable de la distribution pour le Secours populaire du Morbihan. Le phénomène n’est pas propre aux Morbihan : Selon l’enquête 2023 sur les conditions de vie des étudiants menée par l’Observatoire de la vie étudiante, « 9 % des étudiantes et étudiants ont bénéficié d’une aide alimentaire (bons d’achat Crous, Restos du cœur, Banque alimentaire, épicerie solidaire, etc.) ».
« Important pour la santé »
« Je fais attention à ce que je mange, c’est important pour la santé », raconte Marie, l’étudiante arrivée la première à la distribution ce soir. L’étudiante, à qui il reste 350 € pour vivre chaque mois une fois son loyer payé, préfère faire l’impasse sur les sorties que de sacrifier la qualité de son alimentation.
Laura (1), étudiante à l’école d’ingénieurs ENSIBS a, elle, adopté une autre stratégie : « Je n’achète quasiment pas de nourriture. Je vais à la distribution alimentaire chaque mois, et sinon au restaurant universitaire. » Et pour cause, elle vit des 300 € envoyés mensuellement par ses parents et des revenus issus de baby-sittings récurrents. Avec un loyer de 400 €, il n’y a pas que les fins de mois qui soient difficiles.
Solidarité
Devant le van du Secours populaire, à 17 h 30, sept étudiants attendent calmement leur tour. Les sacs plein à craquer, Ouidjane, étudiante en génie civil, discute avec un bénévole. Il vient de la convaincre de participer comme volontaire à la grande fête des 80 ans du Secours populaire à Paris en août prochain. « Ça me fait plaisir de faire quelque chose pour le Secours populaire », sourit-elle. Dans le même esprit, Nadine Renard, secrétaire générale de l’association au niveau départemental, note qu’il arrive que « des étudiants bénéficiaires se proposent comme bénévoles pour les distributions alimentaires. C’est ça, la solidarité ».
(1) Prénom d’emprunt.
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