
Un jeune agriculteur va faire construire un bâtiment 1 500 m², une poussinière pour 6 000 dindes, dans le secteur de Kerancornec, à Mellac (Finistère). Riverains et associations environnementales ont exprimé leur opposition, samedi 9 décembre 2023.
Par Vincent THAËRON.
Ce n’est pas possible d’avoir un tel bâtiment de 1 500 m² devant chez nous.
Samedi 9 décembre 2023, à Mellac (Finistère), les échanges ont parfois été vifs, tout en restant courtois, entre les habitants des secteurs de Kerancornec, Feunteuniou et Kerpunz, et Pierre Corroyez, jeune agriculteur de 36 ans. Pourquoi tu ne le fais pas devant chez toi ? Tu aurais dû faire le tour des riverains avant. C’est brutal. Nous ne sommes pas contre ton projet mais il fallait le faire chez toi,
a-t-on, par exemple, pu entendre. Tu es jeune, il faut que tu te développes. On comprend cela, mais pourquoi tu ne déplaces pas ton bâtiment plus près de chez toi ?
À l’initiative de deux associations de défense environnementale, Bretagne Vivante et Eau et rivières de Bretagne, les habitants du quartier se sont retrouvés, dans une petite grange, à l’abri de la pluie. Et Pierre Corroyez, qui n’était pas invité, y est venu. Pour s’expliquer et tenter de convaincre.
Pour 6 000 volailles
Le sujet de la forte crispation : la construction d’une poussinière de dindes, pour 6 000 volailles, dont les travaux pourraient débuter avant la fin de l’année. Les services compétents de Quimperlé communauté ont donné, à trois jours d’intervalle, deux avis consultatifs négatifs à la suite de l’instruction du dossier. Mais le maire de la commune de Mellac, Franck Chapoulie, a signé le permis de construire.
Pour Gilles Darracq, référent de Bretagne Vivante pour le pays de Quimperlé, mais aussi conseiller municipal d’opposition à Mellac et l’un des principaux opposant à la majorité, les règles ne sont pas respectées. C’est une faute du maire. Au titre de la souveraineté alimentaire, on ne peut pas faire n’importe quoi.
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En bordure immédiate d’une zone humide
Les représentants du monde agricole disent qu’il faut faire attention et arrêter l’artificialisation des terres et vous faites le contraire
,
a lâché une participante à ce petit rassemblement, à l’encontre de Pierre Corroyez.
Le permis de construire a été délivré le 9 octobre. En plus du bâtiment, il comprend une route d’accès, des terrassements, des cuves de stockage des eaux de lavage, etc. Cela nous interroge
,
disent les opposants. Nous sommes là en bordure immédiate d’une zone humide, où coule un affluent du Dourdu, qui se jette dans la Laïta, à Quimperlé. Cette infrastructure présente un risque potentiel d’aggravation de l’état sanitaire du Dourdu, déjà dégradé, particulièrement en période de pluie.
Pour l’annulation du permis de construire
De plus, avec la zone d’épandage des fumiers, sur des terres déjà saturées, il y a des risques pour la rivière du Bélon, où l’on trouve de nombreuses entreprises ostréicoles ».
Pierre Corroyez reste stoïque. Y compris quand il est question de l’épandage. Vous nous dites qu’il n’y aura pas d’odeurs mais c’est faux. En plus, vous allez contribuer à l’augmentation des concentrations de gaz à l’effet de serre.
Pour les associations, il aurait été plus pertinent de construire ce bâtiment en zone ou en proximité de surfaces déjà artificialisées et déjà accessibles. Des surfaces qui appartiennent déjà au porteur de projet et qui possède déjà un autre élevage de dindes à un kilomètre. Oui, nous nous opposons à ce projet et nous demandons au maire de Mellac d’y surseoir, en émettant un arrêté d’annulation du permis de construire.
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