Par Josué JEAN-BART
Fermée par l’Agence régionale de santé, l’unité de soin de longue durée de l’Ehpad Émile-Gibier à Orvault (Loire-Atlantique) a obligé dix-sept pensionnaires et leurs familles à trouver un nouveau point de chute. Opération réussie. Reste des problèmes récurrents de recrutement, notamment de médecins gériatres.
Le déchirement est passé. Entre les mois de juillet et de septembre, dans l’urgence, dix-sept résidants de l’établissement hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) d’Orvault, ont dû trouver un nouveau point de chute. Et pour cause. « L’Agence régionale de santé a décidé, le 13 juillet, de suspendre l’autorisation d’activité de soins de longue durée de la résidence Émile-Gibier. Cette suspension est de six mois en attendant les éléments complémentaires que pourra fournir VYV3 sur les manquements constatés. »
Au sein des maisons de retraite, les unités de soins de longue durée (USLD) constituent les secteurs demandant le plus de présence médicale. Un personnel rare en ce moment. « Il manquait un médecin depuis plusieurs mois et une infirmière de nuit, regrette Christine Jouvence, déléguée syndicale CFDT et élue au conseil social et économique de VYV3 Pays de la Loire « personnes âgées ». La direction le savait, elle avait elle-même alerté l’ARS. »
« Graves dysfonctionnements »
La situation est vite devenue intenable. « Une inspection, réalisée le vendredi 9 juin 2023, a révélé de graves dysfonctionnements de nature à compromettre la santé et la sécurité de la prise en charge des patients de l’USLD », retrace froidement la « préfecture sanitaire ».
Un déchirement passé, mais une plaie encore vive. Lors du conseil municipal du 9 octobre dernier, le maire d’Orvault, Jean-Sébastien Guitton (gauche) est revenu sur cet épisode délicat. Rappelant que les résidants concernés se sont retrouvés « éloignés de leurs familles ».
Avec les familles
« C’est toujours forcément douloureux pour les personnes, convient Valérie Démarle, directrice générale de VYV3 Pays de la Loire « personnes âgées », l’ancienne Mutualité Retraites qui gère l’établissement et ses soixante-trois pensionnaires encore présents ans les autres unités. Mais pour leur sécurité, il était urgent de le faire. » Tout a été fait pour trouver les meilleures solutions. « La directrice médicale a aidé les familles à trouver un nouveau lieu », reconnaît la déléguée CFDT.
Concrètement, « notre direction médicale et le médecin de l’ARS ont été en contact permanent, reprend Valérie Demarle. La directrice médicale est restée sur site. Elle a repris les dossiers, elle a appelé les médecins pour voir quel établissement était le mieux adapté en fonction de l’état de santé des personnes, des soins dont elles devaient bénéficier ».
« Difficultés de recrutement »
L’unité de soins, qui n’accueillait plus que dix-sept résidants sur les trente-sept places initiales, rouvrira-t-elle ? Oui, à condition de retrouver un encadrement sanitaire suffisant. « L’infirmière de nuit, c’est peut-être une question de quelques semaines, rassure la directrice générale de VYV3 Pays de la Loire « personnes âgées ». Nous rencontrons plus de difficultés de recrutement de médecins gériatres : un coordonnateur et un prescripteur. » Deux annonces ont été diffusées. « On voit que ça frémit. »
Parce que le problème concerne « l’ensemble du secteur », le maire d’Orvault a souhaité « écrire à la ministre des Solidarités et des familles, Aurore Bergé, il y a quelques semaines, pour l’alerter sur les difficultés auxquelles l’établissement doit faire face ». Jean-Sébastien Guitton va plus loin : « La réforme du financement de ces établissements doit être engagée sans tarder pour qu’à Orvault ou ailleurs, ils puissent trouver les moyens de recruter et de fonctionner normalement. »
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