Samedi 29 mars, à Paris, une dizaine de manifestants se sont rassemblés devant un concessionnaire Tesla. Ils y ont appelé au boycott de la marque d’Elon Musk à l’occasion de la journée d’action mondiale « Tesla Takedown ».
Par Amélie QUENTEL avec NnoMan CADORET ( photographies).
Paris, reportage
Téléphone en main, un employé du concessionnaire Tesla du boulevard Malesherbes, à Paris, filme la rue depuis l’intérieur du magasin. Julien, 52 ans, s’approche des baies vitrées et lui montre à travers celles-ci la feuille A4 qu’il tient à bout de bras. On peut y lire « Boycott Tesla et Starlink ».
La pancarte est agrémentée d’une photo d’Elon Musk faisant un salut nazi — le milliardaire avait choqué avec ce geste lors de l’investiture du président étasunien Donald Trump, en janvier dernier. Il est environ 11 heures et une dizaine de personnes se sont rassemblées devant la boutique ce samedi 29 mars. Le but : dénoncer les idées « fascistes » de Musk, propriétaire de cette entreprise de véhicules électriques.
« Trump et Musk, qui est devenu son bras droit, veulent imposer partout dans le monde leurs lois racistes et inquiétantes pour les libertés publiques. Il est donc urgent de se mobiliser et de boycotter Tesla », explique Julien. C’est lui qui, dans le cadre du « Tesla Takedown » (« démantèlement de Tesla »), a proposé ce lieu de rendez-vous sur le site Internet dédié à l’action. Ce mouvement de protestation né en février aux États-Unis organisait ce samedi une journée mondiale de mobilisation. Environ 500 actions citoyennes étaient prévues dans plusieurs pays.
Ventes en chute
En France, où des actions anti-Tesla ont déjà eu lieu, les ventes de la marque ne cessent de diminuer (-26 % par rapport à février 2024 selon l’AFP), tandis qu’en Europe, elles ont été divisées par presque deux en janvier. Aux États-Unis, les actions de l’entreprise ont chuté de 41 % depuis début 2025.
« Si on cible Tesla, on l’affaiblit et on affaiblit l’empire de Musk, qui détient un pouvoir inouï alors même qu’il n’a pas été élu », explique Jim, retraité de l’Éducation nationale. Soutien à l’extrême droite européenne, mesures climatosceptiques… Pour ce Franco-Étasunien de 71 ans, « nous sommes dans une situation de grave danger ».
« No nazi cars »
Jim n’est pas le seul manifestant à être né outre-Atlantique : la moitié de ceux présents aujourd’hui sont de nationalité étasunienne. C’est le cas de Susan, 75 ans, venue manifester avec son mari Charles. Le couple californien, de passage à Paris, tenait absolument à participer à cette mobilisation. « Nous avons besoin de l’aide des citoyens européens, qui vont également pâtir de la politique de Trump et Musk », affirme Susan, en tenant une pancarte « No nazi cars » entre ses mains.
« La montée du fascisme dans mon pays est terrifiante. Boycotter Tesla est une façon concrète d’agir », abonde Lauren, 40 ans, venue avec son conjoint français. Pour cette enseignante, qui vit dans l’Hexagone depuis trois ans, le pire serait de rester apathique face à la situation.
« Nous sommes peu nombreux aujourd’hui, mais c’est un début, dit-elle. Musk et compagnie n’attendent qu’une chose : que l’on tombe dans le cynisme et la passivité. Il faut garder espoir et se battre. » Les manifestants prévoient de se rassembler à nouveau le 5 avril, cette fois aux côtés de l’organisation Democrats abroad, qui regroupe des Étasuniens pro-démocrates vivant à l’étranger.
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