Pour étayer leur refus de la réforme des groupes de niveau, les enseignants d’Édouard-Quéau, à Portsall, pratiquent la notation à coefficient zéro. Sans (trop) pénaliser leurs élèves.
Par Yann LE GALL.
Les profs d’Édouard-Quéau n’ont pas inventé le principe de la notation systématique à coefficient zéro, qui ne retient pas la note dans la moyenne de l’élève. Ce sont leurs collègues de la Fontaine-Margot, à Brest, précurseurs en la matière, qui les ont instruits de la méthode au cours d’une manif contre la réforme des classes de niveau, en maths et français, en sixième et cinquième, dès la rentrée prochaine. Depuis, les enseignants du collège de Portsall se distinguent par leur assiduité massive à la pratique.
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« C’est un mouvement collégial. Nous étions 100 % de grévistes lors des précédentes manifs. Tous les enseignants d’Édouard-Quéau (une trentaine) respectent le principe du coefficient zéro depuis le début du troisième trimestre », certifie Jeannie L’Hostis. « Cette notation, c’est un petit moyen d’action pour montrer notre désaccord sur cette réforme. Classifier les élèves dès la sixième, c’est impensable », estime la prof de maths.
« Projet opposé à nos valeurs »
« Relever le niveau s’avère déjà difficile dans une classe hétérogène de 28 élèves », la rejoint Laurence Lézé, sa collègue de lettres classiques, plus favorable à l’octroi de moyens supplémentaires pour diminuer les effectifs par classe que « ce projet de groupes de niveau qui s’oppose à nos valeurs éducatives ». Jeannie L’Hostis déplore que « l’on nous oblige à détruire tout ce qui marche bien. Je crois bien plus au système du binôme ou du tutorat, dans lequel les uns et les autres se portent mutuellement ».
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La distribution des élèves de sixième et de cinquième par groupes de niveaux de compétences passe d’autant moins qu’elle ne disposera pas de dotations horaires supplémentaires. « Il faudra composer à volume constant. Cela signifie la fin des dédoublements en langue, des menaces sur les lettres classiques ou sur la filière euro ».
Parents compréhensifs
« Je comprends les inquiétudes des profs », adhère Jean-Luc Bernicot, dont le fils, en sixième, « se demande ce que deviendra la vie de classe si les élèves sont constamment dispersés ». D’après les enseignants, les familles des 400 collégiens se montreraient, au minimum, compréhensives. « On a fourni des explications à une délégation de parents d’élèves, qui les a ensuite diffusées », précise Laurence Lézé.
Un trimestre en moins pour l’orientation
Cependant, ne plus indiquer les notes et les commentaires sur le bulletin (mais toujours consultables sur la plate-forme électronique Pronote) n’est pas sans conséquence absolue. Pour les élèves de troisième, notamment. Aucune incidence sur la notation au Diplôme national du brevet (elle n’intègre pas la moyenne générale à l’année mais des points de compétences sur le travail en classe) mais il manquera un trimestre d’appréciation des moyennes pour l’orientation.
Grève de la correction et de la surveillance du brevet ?
Les responsables des recrutements, en lycée, devront probablement se contenter des bilans des trimestres précédents. Les profs d’Édouard-Quéau ont l’intention « d’aller jusqu’au bout » pour se faire entendre du ministère de l’Éducation. La grève de la correction ou de la surveillance des épreuves du DNB, au collège de Portsall, s’inscrit en sérieuse option.
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