Par Pierre WADOUX.
Raffut devant la mairie de la petite commune du Centre-Bretagne, samedi 7 octobre 2023. Où le Rafu (Résistance contre les fermes-usines) mobilisait contre les méthodes du système agro-industriel breton, à Priziac, dans le Morbihan.
La grogne monte contre les fermes-usines en Bretagne et un peu partout en France. À l’initiative du Rafu (résistance contre les fermes-usines), elle est montée d’un cran, ce week-end du côté de Priziac, petite commune morbihannaise de moins de 1 000 âmes, samedi 7 octobre 2023. Où la contestation a pris samedi la forme inédite, mais très parlante, d’une « marche des cochons »… en colère.
La mobilisation priziacoise se jouait dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation . « C’est d’abord un rassemblement d’habitants, de citoyens (150 environ) qui expriment leur inquiétude et posent des questions quant aux conséquences de l’agro-industrie sur l’environnement et la santé », décrit François Gendre, membre de Rafu.
Le choix de Priziac ? « Parce que Priziac, hélas, est dans le top10 des communes émettrices d’ammoniac en Bretagne. Plusieurs études prouvent que trois élevages intensifs situés dans le territoire de la commune, c’est 58,7 tonnes d’ammoniac à l’année. Il faut donc alerter la population sur les risques respiratoires encourus. En France, ajoute Solenne Boiziau, l’ammoniac est responsable de 48 000 décès.
Fossé entre écolos et éleveurs
Fanfare, sourires, prises de paroles… Avant de marcher ensemble en traversant de part en part la petite commune. Cette « marche des cochons » s’est déroulée sans heurts ce samedi, encadrée par la gendarmerie. À deux pas, des agriculteurs du secteur et leurs familles sont là et observent la mobilisation.
Mais le fossé, entre défenseurs de l’environnement, et professionnels est encore profond. « Cette manifestation ne rime à rien, estime Stéphane, éleveur dans la commune. Il est impossible d’avoir une discussion avec eux. Ils ne comprennent pas que, sans nous, il n’y aura plus d’alimentation possible. L’agriculture a beaucoup changé, nous participons à entretenir la nature, nous respectons les plans d’épandage, tout est extrêmement réglementé. »
André, ancien éleveur de porcs est sur la même longueur d’onde : « Ils se trompent de combat, nous ne sommes pas là pour saboter la planète. Aujourd’hui, les agriculteurs et les éleveurs sont matraqués. Nous sommes une espèce en voie de disparition. »
D’abord un moratoire
Lancée voilà six mois en Bretagne, cette résistance contre les fermes-usines a bien l’intention de se faire entendre. « Pas seulement par des manifestations, mais par le débat, la discussion avec les éleveurs et, si possible, avec les élus. Il faut d’abord un moratoire pour stopper la fuite en avant », martèle François Gendre.
« La France est championne d’Europe des émissions de particules fines, dont l’ammoniac. Et la Bretagne, la première région dans cette catégorie. Il faut bien nourrir les populations mais en respectant les équilibres écologiques, complète Solenne Boiziau. Or, les extensions programmées des fermes-usines (deux cas à Priziac) vont aggraver les problèmes de santé publique. »
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Au lendemain des mobilisations qui ont éclos samedi en Bretagne, la coordination de Rafu espère « lancer un cycle de débats, dans un processus démocratique ouvert à tous ». Une quinzaine de personnes étaient également présentes devant la préfecture du Morbihan à Vannes (Morbihan).
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