Le service des urgences du centre hospitalier de Cornouaille à Quimper (Finistère) se retrouve la plupart des jours et des nuits sous tension. La raison principale, selon les professionnels, réside dans le manque de lits dans les autres services d’hospitalisation.
Par Guillaume CHASSAING.
Quatre médecins, trois internes, sept infirmiers et trois aides-soignants : c’est le personnel présent chaque nuit au centre hospitalier de Cornouaille, à Quimper (Finistère). « C’est un effectif paramétré pour 35 places : treize boxes alités, dont trois sous scope (moniteur de surveillance) ; deux places au déchocage, cinq boxes en ambulatoire, deux places en pédiatrique, un boxe d’apaisement pour le cas psychiatrique et une douzaine de places dans les zones d’attente, énumère Dr Émilie Gelin, cheffe du service des urgences. Mais la quasi-totalité du temps que ce soit la nuit et le jour, nous avons toujours plus de patients présents. »
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Sur l’échelle de l’hôpital en tension (HET qui va de 1 à 4), « nous nous trouvons presque tous les jours à trois ou quatre depuis le début de l’année », souligne Dr Émilie Gelin. Courant janvier 2025, le centre hospitalier de Cornouaille était proche de déclencher le Plan blanc en raison de la grippe et les autres maladies respiratoires.
Une interne confie : « Je ne vais pas au boulot, la boule au ventre, mais le nombre de patients engendre du stress. » « On sent bien que tout le monde est sur un fil, estime une infirmière. On se sent seuls pour les patients, pour nous. On est en sous-effectif tout le temps. »
« Le manque de lits dans les services engorge les urgences »
Selon Marie Leildé, cadre de santé aux urgences, « le manque d’effectifs aux urgences n’est pas le problème. Aujourd’hui, il faut rouvrir des lits d’hospitalisation. C’est ce manque de lits dans les services qui engorge les urgences ».
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La population des patients a également changé. « On reçoit beaucoup de personnes du 3e ou 4e âge aux urgences, indique Vanessa Fery, cadre de santé aux urgences. Leur présence aux urgences pendant plusieurs heures peut même accentuer leur désorientation ou démence. Ce n’est pas la mission des urgences de trouver des solutions d’accueil pour elles. Il faut ouvrir des places en Ehpad et structures d’accueil ainsi qu’augmenter les effectifs de ces lieux. »
Maire Leildé enchaîne : « Si au niveau national, cela ne change pas, on ne va pas pouvoir suivre. » Dr Émilie Gelin dit : « Il faut tenir. » « Jusqu’à quand ?, interroge la cadre de santé. Je ne sais pas. »
Des urgences en voie d’agrandissement
En septembre 2024, le centre hospitalier de Cornouaille a adopté un projet immobilier pour une enveloppe de 62 millions d’euros pour moderniser et agrandir l’hôpital d’ici cinq ans : 14 millions d’euros sont destinés au site Concarneau et 42 millions d’euros à celui de Quimper. Une partie de cette enveloppe va servir à agrandir et restructurer le service des urgences.
La surface va être doublée. L’extension sera réalisée au niveau de la rampe d’accès actuelle. Une unité d’hospitalisation de courte durée (une quinzaine de lits) va y être créée. « Notre objectif est de mieux respecter l’intimité des patients, de réduire l’attente et, surtout, d’éviter les situations où on se retrouve avec des brancards dans les couloirs », assure Yann Dubois, le directeur du centre hospitalier de Cornouaille.
Violence
Le coup pied d’un patient dans le visage d’une infirmière dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 février aux urgences du centre hospitalier de Cornouaille n’est pas un événement isolé. « Il y a de plus en plus de violences de la part des patients, disent les soignants et cadres. Les violences physiques et verbales sont quasi quotidiennes. »
123
En 2024, le service des urgences du centre hospitalier de Cornouaille a enregistré 123 passages en moyenne par jour contre 115 en 2023. « Si on prend en compte l’échelle de l’hôpital en tension (HET, qui va de 1 à 4), en 2024, nous avons connu 55 % des journées à niveau 3 ou 4 contre 75 % en 2023 », indique Yann Dubois, le directeur du centre hospitalier de Cornouaille.
Une unité créée pour soulager les urgences
Créée en janvier 2024, l’Unité parcours socio-médical (UPSM) se consacre aux patients dont la problématique médicale aiguë a été résolue, mais qui nécessitent une hospitalisation prolongée en raison de difficultés liées à leur retour à domicile. L’objectif est de proposer une solution adaptée aux différentes situations.
« Cette unité permet de soulager le service des urgences », indiquait début janvier 2025 lors de la cérémonie des vœux du centre hospitalier de Cornouaille, Dr Pascal Hutin, président de la commission médicale de l’établissement.
L’unité comptait quinze lits au moment de son ouverture il y a un an. Au fur et à mesure, ce nombre a augmenté pour atteindre 24 lits en mars 2025. Par ailleurs, l’unité de surveillance continue (réanimation) a accueilli en 2024 six lits supplémentaires, toujours dans l’optique de désengorger les urgences.
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